Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Des plantes pour agir sur les kystes ovariens

Luzerne (ou alfalfa)

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est difficile à traiter. Cependant, des plantes peuvent être utilisées dans le cadre d'un suivi médical, en complément d'une bonne hygiène de vie privilégiant une alimentation saine, une activité sportive et la gestion du stress. Plusieurs études récentes le démontrent. On fait le point.

Le syndrome des ovaires polykystiques touche environ 10 % des femmes, avec des symptômes complexes et très variables d'une personne à l'autre. Son origine n'est pas encore clairement identifiée, mais elle serait probablement multifactorielle, due à un dérèglement hormonal d'origine ovarienne et/ou centrale, lié au stress et/ou à une inflammation. Dans un cycle classique, la LH (hormone lutéinisante, qui permet la maturation de l'ovocyte, puis l'ovulation et la synthèse de la progestérone) est relativement basse, hormis au milieu du cycle où on observe un pic qui déclenche justement l'ovulation. Dans la plupart des cas de syndrome des ovaires polykystiques, la LH reste élevée, sans former de pic, et on observe une hyperandrogénie biologique (taux de testostérone dans le sang anormalement élevé) et/ou clinique (hyperpilosité, acné). Cet excès de LH et de testostérone entraîne des troubles de l'ovulation et du cycle menstruel. C'est pourquoi l'un des critères de diagnostic du SOPK est la rareté des cycles menstruels (moins de huit par an). ­L'hypofertilité, une conséquence de l'absence ou de la rareté de l'ovulation, est encore aggravée dans 30 % des cas par une augmentation concomitante des taux de prolactine.

Quelles que soient les formes prises par le syndrome – il se présente parfois sans hyperandrogénie, et sans taux excessif de LH –, ses complications à long terme sont souvent méconnues des patientes qui en souffrent. Cette maladie à contexte inflammatoire chronique augmente en effet les risques de syndrome métabolique, de diabète, de maladies cardiovasculaires et de cancer de l'endomètre.

Des symptômes complexes

Si les symptômes du syndrome des ovaires polykystiques sont variables d'une personne à l'autre, plusieurs signes peuvent nous alerter :

  • des cycles très longs et plus rares ;
  • une hyperpilosité ;
  • de l'acné ;
  • la chute des cheveux.

Les modifications hormonales prédisposent aussi à l'insulinorésistance et au diabète. Il existe souvent une corrélation entre ce syndrome, une prise de poids et l'infertilité.

Réguler les hormones, la clé de voûte

Ce syndrome peut être atténué en choisissant des plantes aux propriétés hormonales qui ont fait l'objet ces dernières années d'études plus ou moins approfondies. La luzerne (ou alfalfa) est préconisée pour sa capacité à diminuer les taux sanguins de LH, de progestérone, d'androgènes et de prolactine.

Le grémil a une action antigonadotrope (elle diminue les sécrétions de LH, de FSH, d'androgènes et d'œstrogènes), antiprolactine et anti-TSH, l'hormone stimulant la thyroïde. Ces plantes sont donc indiquées pour les femmes présentant des taux anormalement élevés de LH et d'androgènes. À noter que si le grémil peut avoir des propriétés contraceptives chez la femme non atteinte de SOPK, il sera plutôt régulateur de l'ovulation chez celle atteinte du syndrome avec taux élevé de LH.

Le gattilier, quant à lui, permet de diminuer la prolactine chez les femmes qui présentent un taux anormalement élevé de cette hormone, avec un taux de LH normal. Cette plante augmente en effet le taux de LH et de progestérone, cette dernière étant déficitaire en cas de SOPK. Mais certaines femmes ne supportent pas le gattilier ; il faudra alors envisager une autre prise en charge. Au vu de ces constats, il est clair que l'utilisation de la phytothérapie ne peut se faire que suite à un bilan hormonal complet et sur conseil médical personnalisé, avec un suivi.

Une nouvelle facette du curcuma

Du fait de la prévalence croissante du SOPK, la recherche scientifique est actuellement très active sur le sujet, ainsi que les études cliniques dans le monde entier. Le curcuma, par exemple, révèle une nouvelle facette parmi la multitude de ses actions biologiques déjà connues. Dans une étude animale de 2004, des rates adultes ayant des anomalies similaires à celles dues au SOPK ont reçu de la curcumine. Cette molécule phare de la racine a permis le retour de tous les paramètres à la normale (profil sérique des hormones sexuelles stéroïdiques, des lipides, du glucose et de l'hémoglobine glyquée, mais aussi de la capacité antioxydante sanguine), et entraîné la disparition de tous les kystes ovariens. Les auteurs de l'étude en ont conclu que la curcumine pouvait, avec ses multiples effets bénéfiques dans le cadre du traitement du SOPK, être comparée au citrate de clomifène (Clomid), un médicament allopathique.

L'intérêt des phytœstrogènes

Les œstrogènes présents dans les végétaux se comportent comme les hormones de notre corps en se liant aux différents récepteurs d'œstrogènes présents dans l'organisme. Or, d'après les résultats d'études internationales, les phytœstrogènes ont une action pertinente dans le SOPK : ils sont capables de diminuer l'hyperandrogénie, la résistance à l'insuline et le poids des ovaires, et d'augmenter la fréquence d'ovulation. Par exemple, la réglisse, la framboise et le soja contiennent de grandes quantités de certains phytœstrogènes comme la biochanine A, la daidzéine, la génistéine et la formononétine. Ces molécules leur confèrent des propriétés antiandrogéniques provoquant la diminution des taux circulants de testostérone chez les patientes souffrant de SOPK. Le gattilier contient également un certain nombre de phytœstrogènes, comme l'apigénine, la vitexine et la pendulétine, qui peuvent se lier aux récepteurs d'œstrogènes et agir sur le cycle féminin.

L'intérêt des phytœstrogènes du fenugrec a été confirmé par plusieurs études cliniques : en 2015 notamment, une équipe de chercheurs a suivi 50 femmes entre 18 et 45 ans atteintes de SOPK qui ont pris par voie orale un extrait de graines de fenugrec, enrichi avec 40 % de composés antidiabétiques, sur une période de 90 jours consécutifs. Le but était de déterminer son efficacité pour réduire le volume ovarien et le nombre de kystes. L'extrait de fenugrec s'est révélé efficace pour améliorer les symptômes du SOPK, ainsi que le taux de LH, effet qui s'amplifiait à mesure que l'on avançait dans le traitement.

Citons aussi le tribulus ou le lin, qui semblent avoir de multiples activités bénéfiques sur le SOPK. Ainsi, à travers des mécanismes d'action pharmacologiques multiples, de nombreuses plantes peuvent fournir une aide afin de traiter ce syndrome complexe… Gageons qu'il sera bientôt possible de proposer des protocoles affinés et plus facilement accessibles pour les femmes.

Une insulinorésistance sous-jacente

Le prédiabète, ou insulinorésistance, ne fait pas partie du tableau diagnostique du SOPK, mais il est présent dans 70 % des cas et constitue un facteur aggravant. Dans les 30 % restants, il y aurait tout de même une insulino­résistance ovarienne locale, c'est-à-dire que les récepteurs à l'insuline des cellules ovariennes sont moins réceptifs. Le myo-inositol est alors souvent prescrit. Ce sucre, naturellement présent dans les céréales et les légumineuses, permet (sous forme de complément alimentaire) une sensibilisation à l'insuline et une amélioration de la fonction ovarienne en cas de SOPK.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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