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Le remède à la mélancolie (2/4)

Elle peut se manifester sous différentes formes, avoir de multiples sources et autant de conséquences différentes. La dépression, que l’on appela un temps mélancolie, est un fléau dévastateur pour la santé physique et psychique. Avec, comme corollaire, un fléau tout aussi inquiétant : les antidépresseurs. Pourtant, la phytothérapie peut se révéler un succédané idéal aux traitements conventionnels lourds.

Millepertuis

La sérotonine et le millepertuis

La médecine moderne a investigué la « mélancolie » en recherchant dans le fonctionnement du cerveau ce qui différencie un patient dépressif d’un autre. La neurochimie a permis la découverte de la sérotonine et de son activité.

Ce neuromédiateur est un messager chimique entre deux cellules nerveuses, sécrété par l’une pour induire une réponse de la suivante. Cette sérotonine agit au niveau du cerveau en stimulant l’humeur, en amenant la satiété et en soulageant la douleur. On s’est rendu compte que ce neuromédiateur est déficient chez le sujet dépressif, soit parce qu’il n’en produit pas suffisamment, soit parce qu’il n’est pas assez actif. En effet, chez certains sujets, il y a plus de récepteurs que de neuromédiateurs produits. Cette approche a aussi permis d’élucider le mécanisme d’action de certaines plantes pour le traitement des troubles de l’humeur.

La plus célèbre d’entre elles est le millepertuis (Hypericum perforatum), tant par son efficacité que par les polémiques qu’il a suscitées. Son mécanisme consiste à empêcher la sérotonine d’être réabsorbée. Celle-ci reste plus longtemps en contact avec la cellule à stimuler et sa concentration est augmentée. On parle en pharmacologie d’un inhibiteur de recapture de la sérotonine, ou IRS. Le même mécanisme d’action des antidépresseurs modernes! Mais l’activité du millepertuis se renforce d’une action anxiolytique, en synergie avec ses capacités à stimuler l’humeur. Ce qui le rend tout indiqué pour les dépressions légères ou modérées, concurrençant ainsi les médicaments, avec les effets secondaires en moins.

Est-ce cette concurrence directe qui a déclenché dans les années 2000 une salve de critiques présentant le millepertuis comme dangereux ? La progression de ce remède naturel qui en venait à concurrencer des médicaments stars comme le Deroxat et le Prozac (10 milliards de chiffre d’affaires à cette époque pour ce dernier) a été freinée. En fait, les études à l’origine du mouvement anti-millepertuis n’avaient fait que cerner les précautions d’emploi. D’ailleurs, l’industrie pharmaceutique propose depuis des médicaments à base de millepertuis (le Mildac, par exemple) !

Voici ce qu’il faut savoir avant d’avoir recours au millepertuis plante: il ne doit pas être associé aux antidépresseurs car il agit sur le même mécanisme. En les prenant simultanément, on va majorer les effets secondaires des médicaments, au risque de les rendre toxiques. Par ailleurs, le millepertuis stimule la dégradation de certains médicaments par le foie, diminuant leur efficacité. A contrario, si on l’arrête, le dosage des médicaments peut devenir excessif. Quand on suit un traitement allopathique quel qu’il soit, il ne faut donc pas entamer ou arrêter un traitement avec du millepertuis sans avis médical. Ceci est particulièrement vrai pour les traitements difficiles à doser, comme les fluidifiants du sang ou les antiépileptiques. Le millepertuis est aussi photosensibilisant, même si l’effet est plus rare par voie interne. Bon à savoir, il pourrait diminuer l’activité de la pilule contraceptive. Cette liste de mise en garde vous paraît longue ? Faites la comparaison avec celle d’un antidépresseur classique.

Trois plantes en affinité avec la sérotonine

Action sur le système nerveux du safran
Crocus sativus, connu surtout comme épice,est employé depuis quelques années comme antidépresseur pour son efficacité reconnue dans les dépressions légères à modérées. Les stigmates de ce petit crocus d’automne sont employés depuis longtemps en médecine (vertus apéritives, réchauffantes et sédatives). Son action est assez proche de celle du millepertuis. Il agit lui aussi sur la recapture de la sérotonine au niveau central mais aussi au niveau du système nerveux périphérique.De plus, il augmente le tonus global de l’organisme en agissant sur la noradrénaline. La dose efficace est faible (30 mg) mais peut être augmentée. À trop forte dose cependant, le safran provoque nausée, vomissement et une forme d’ivresse.

La passiflore fait baisser l’anxiété
Passiflora incarnata est connue pour ses propriétés calmante et sédative. Elle diminue l’anxiété, calme les palpitations et permet un sommeil réparateur et sans réveil. Son action est proche des benzodiazépines (anxiolytiques type Lexomil) mais elle stimule aussi la sérotonine et évite sa dégradation.

Le griffonia un précurseur
Griffonia simplicifolia est une plante africaine dont les graines contiennent un acide aminé rare,le 5 HTP. Celui-ci se transforme lors du passage de la barrière hemato-encéphalique en sérotonine. Ce mécanisme est intéressant car la sérotonine est détruite dans l’estomac, contrairement à ce précurseur qui est absorbé par le corps. Le griffonia agit aussi sur la satiété et évite la boulimie associée à certains états dépressifs.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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