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Le lotus plante sacrée du bouddhisme

Lotus

Des rives du Nil dans l’Égypte ancienne aux plateaux tibétains, de l’Inde au Japon en passant par la Corée, le lotus a fasciné bien des peuples dans l’histoire. Objet de rites et support de pratiques spirituelles depuis plus de 5 000 ans il est encore aujourd’hui un symbole central du bouddhisme.

Dans les récits fondateurs et textes sacrés du bouddhisme, les parallèles entre Nelumbo nucifera et la nature du Bouddha sont légion. Avec la conque, le parasol, les poissons, l’urne, la roue, la bannière et le nœud sans fin, le lotus fait partie des huit symboles auspicieux du bouddhisme, à savoir les offrandes faites par les dieux au Bouddha lors de sa naissance en reconnaissance de ses vertus et de sa royauté. Le Bouddha est souvent représenté assis sur un bouton de lotus géant – la fameuse «position du lotus» reprise par les méditants ou les adeptes du yoga – et la plante donne son nom à l’un des textes les plus importants du bouddhisme mahayana, le « Sutra du Lotus blanc de la Loi merveilleuse ». Elle est également l’objet du principal mantra du bouddhisme tibétain Om Mani Padme Hum qui signifie littéralement «le joyau dans le lotus ». Paradoxalement, le lotus ne pousse pas au Tibet – ce qui explique que l’art bouddhiste tibétain présente des versions très stylisées de la plante – mais le maître qui introduisit le bouddhisme au Tibet au VIIIe siècle se nomme Padmasambhava (Celui qui naquit du lotus). Le mantra Om Mani Padme Hum est répété en boucle par les fidèles, gravé sur des pierres le long des chemins du Népal et du Tibet, inscrit sur des moulins à prière, imprimé sur des drapeaux censés répandre la bonne parole dans les airs comme si elle était prononcée de vive voix. Le lotus pourrait bien être ainsi la plante la plus invoquée au monde.

Les images et représentations du lotus sont de fait présentes partout dans les contrées bouddhistes, des temples d’Angkor au Cambodge, aux grottes de Mogao en Chine, où le visiteur se retrouve entouré de tous côtés par...

les pétales d’un lotus géant, sur lesquelles reposent des représentations de bouddha. Si le mont Fuji au Japon est tant vénéré par les fidèles, c’est parce que sa forme rappelle le lotus, une cime blanche entourée de huit pics, à l’instar du bouton de la fleur et de ses huit pétales. Les différentes couleurs du lotus renvoient également à une symbolique spécifique. Si le rose est le lotus suprême, associé à Bouddha lui-même, le blanc incarne quant à lui l’état de perfection spirituelle et de totale pureté mentale. Le lotus bleu symbolise la victoire de l’esprit sur les sens, et est donc associé à la sagesse, tandis que le rouge incarne le cœur et la compassion, et le violet renvoie à une dimension plus mystique.

Pourquoi le lotus revêt-il une telle importance dans le bouddhisme? De la boue des marais et des eaux stagnantes dans laquelle s’enracinent ses rhizomes, émerge une magnifique fleur. Grâce à la vigueur de sa tige, le lotus parvient à s’élever au-dessus de l’eau. Or le bouddhisme propose la possibilité de transcender les troubles quotidiens, de laisser derrière soi les douleurs de l’existence humaine, comme le bouddha parvient à s’extraire des problèmes du monde pour parvenir à l’illumination. Le lotus incarne pour cette raison le progrès de l’esprit qui s’extrait de la boue du matérialisme et des souffrances, à travers les eaux de l’expérience parfois tortueuse et pousse vers la lumière de l’illumination et du détachement.

Lorsqu’il est dit dans un sutra que « l’esprit des meilleurs hommes n’est pas entaché, comme le lotus dans l’eau boueuse qui n’adhère pas à lui», le texte bouddhiste fait référence à la propriété « auto-nettoyante » de la plante. Ses feuilles couvertes de minuscules cristaux de cire font qu’elle n’est jamais mouillée. Cette propriété super-hydrophobe, scientifiquement analysée quinze siècles plus tard par le botaniste allemand Wilhelm Barthlott et baptisée « effet lotus », donne lieu à des applications très variées depuis les années 2000 (verres et tissus auto-nettoyants, peintures pour coques de bateaux, etc.).

Trait d’union entre les pratiques spirituelles les plus anciennes et les avancées technologiques les plus récentes, le lotus n’a décidément pas fini de nous étonner.

Vers l’illumination

Nam myoho renge kyo, ce mantra, qui signifie pour simplifier « se consacrer à la loi merveilleuse du lotus », est la traduction littérale en japonais du nom d’un enseignement prodigué par Bouddha vers la fin de sa vie terrestre au mont des Vautours et présenté par certains comme le degré ultime ou la forme condensée de tout l’enseignement bouddhiste. C’est en effet sur la base de ce « Sutra du lotus blanc de la loi merveilleuse » et sa réinterprétation que furent notamment fondées à partir du XIIIe siècle des nouvelles écoles en Chine et au Japon. Elles insistaient, dans un contexte de déclin du bouddhisme, sur le fait que l’illumination de l’individu peut être atteinte en une seule vie et que la dévotion et la pratique de ce rituel avaient, en elles-mêmes, un potentiel transformateur pour l’individu. C’est le principe de la « simultanéité de la cause et de l’effet », symbolisée par le fait que le lotus contient ses fleurs et ses graines simultanément. Chaque jour aujourd’hui encore, des millions d’adeptes récitent ce mantra dans le monde entier.

Dans d’autres religions

On trouve des références au lotus dès l’Égypte ancienne comme une matrice de laquelle, chaque matin, renaîtrait le soleil. Lors des fêtes du dieu solaire Rê, des cérémonies d’offrande mettent en scène des dieux enfants apparaissant du « grand lotus primordial » et flottant sur l’eau. Dans l’hindouisme également, le lotus occupe une grande place, associé qu’il est au déploiement de la création et au panthéon hindou. Brahma, dieu créateur de la matière et de l’univers, est décrit comme naissant d’un lotus émergeant du nombril de Vishnou, dieu conservateur de l’univers. L’ambivalent Krishna, à la fois destructeur et créateur « aux yeux en pétales de lotus » trouve une épouse aimante et dévouée en Lakshmi, la déesse de la prospérité généralement représentée assise sur une fleur de lotus ouverte. La Bhagavad-Gita, un des textes de référence de l’hindouisme mais aussi du yoga, fait également référence au lotus : la position du lotus est une des premières positions que l’on apprend.

Lexique

Sutra : dans le bouddhisme le terme désigne la mise par écrit des enseignements du Bouddha ; on peut traduire ce terme par « traité » ou « livre ».
Mantra : formule sonore bénéfique composée de syllabes dont la répétition permet de canaliser le mental et d’acquérir des mérites ou des bienfaits.

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