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Les connaissances du monde végétal chez les druides

Gui

Véritables sages antiques, les druides possédaient de grandes connaissances du monde végétal qu’ils manipulaient avec le plus grand respect. Si leur savoir ancestral demeure empreint de mystère, il est toutefois possible d’entrevoir quelques-unes de ces pratiques.

Aucune trace écrite de la main d’un druide racontant leurs croyances et leurs pratiques n’est parvenue jusqu’à nous. Le savoir des druides était en effet transmis oralement de maître à élève. Et les quelques connaissances qui nous sont parvenues sur leurs rapports avec les plantes et l’utilisation qu’ils en faisaient proviennent d’auteurs grecs et romains. Mais ces textes sont souvent empreints des préjugés de l’époque sur les Gaulois, considérés comme des barbares. Des préjugés qui émaillent d’ailleurs, pour en faire un ressort comique, les aventures d’Astérix et Obélix ainsi que du druide Panoramix, imaginées par Goscinny et Uderzo.

Pourtant, d’après les historiens, certains textes restent d’une grande fiabilité ethnographique. C’est le cas du récit de Pline l’Ancien dans son « Histoire naturelle » (« Naturalis Historia »), qui raconte la cérémonie de la cueillette du gui. Et ce, même si ses informations n’étaient pas de première main, il les a probablement extraites des écrits de Poseidonios d’Apamée, un savant Grec ayant vécu au Ier siècle avant J.-C.

Gui suprême

Le chêne rouvre était l’arbre le plus sacré pour les Gaulois. Lorsque le gui poussait sur ses branches, il était lui aussi considéré comme sacré. Il est cependant très rare de trouver du gui sur les chênes. Ces derniers disposent d’une barrière chimique qui empêche la plante parasite de percer leur écorce et de s’arrimer à leurs branches. Seuls les chênes victimes d’une déficience génétique subissent leurs assauts.

Les druides vénéraient aussi cette plante, car elle ne touche jamais terre : le gui se passe d’arbre en arbre à la faveur des oiseaux, les grives en particulier. Friandes de leurs boules, elles en propagent les graines par leurs fientes. La cérémonie de la cueillette avait lieu en forêt. Vêtus de blanc, les druides grimpaient à l’arbre avec une serpe d’or à la main, seul outil assez noble pour couper le végétal sacré qu’ils recueillaient dans un drap...

blanc. Jamais il ne devait toucher la terre, faute de perdre ses nombreux pouvoirs. Pline indique que le nom du gui signifie en langue gauloise celui qui guérit tout. Considéré comme une panacée, il pouvait traiter toute affection, rendre féconds les animaux stériles et contrer les poisons.,Une fois le gui cueilli, deux taureaux blancs étaient sacrifiés à un dieu non identifié. Seuls des animaux domestiques étaient offerts en sacrifice aux dieux, car les Gaulois considéraient que les créatures sauvages leur appartenaient déjà. Contrairement à l’image de chasseur de sanglier entretenu pas les aventures d’Astérix, les Gaulois étaient avant tout des éleveurs.

Le récit de Pline est très instructif, mais a aussi concouru à propager une image erronée du druide, sorte d’ermite à longue barbe vivant au fin fond des forêts. Il conserve aujourd’hui encore cette aura mystique dans l’imaginaire populaire. D’après l’historien Jean-Louis Brunaux, loin d’être retirés de la société, les druides étaient au contraire « des savants, des philosophes même, au centre de l’action politique et sociale. Ils avaient notamment une vocation d’éducation des classes aristocrates ». Versés dans l’étude de l’astronomie et de la géométrie, ils connaissaient aussi les plantes médicinales. Il semble que nombre de druides étaient des enseignants qui transmettaient leur savoir à des étudiants qui pratiquaient eux-mêmes la médecine. Deux autres plantes citées par Pline nous renseignent sur les connaissances médicinales des druides. De même que le gui, aucune d’entre elles ne devait toucher le sol après avoir été cueillie.

Pharmacopée gauloise

La première se nommait selago, que le savant identifie comme une sorte de sabine (Juniperus sabina). Il est difficile de deviner de quelle plante il s’agit. Pline écrit : « On la cueille sans se servir du fer avec la main droite [...]; il faut être vêtu de blanc, avoir les pieds nus et bien lavés, et avoir, avant la cueillette, sacrifié avec du pain et du vin; on l’emporte dans une serviette neuve.» Cette plante était dotée de vertus magiques et médicinales. Les druides conseillaient de la porter sur soi pour éviter les malheurs et vantaient les mérites de sa fumée contre les maladies des yeux. Les Gaulois portaient, semble-t-il, un intérêt particulier à l’ophtalmologie. On a ainsi retrouvé des trousses oculistiques datant des IIe et IIIe siècles avant J.-C. qui témoignent de leur expérience en la matière. Les instruments qu’elles contenaient servaient notamment à confectionner des collyres secs : des bâtonnets de pâte solidifiée sur lesquels étaient gravés le nom du médicament, son mode d’emploi et le nom du prescripteur. Une fois dissout dans de l’eau ou de l’huile, on obtenait un collyre liquide appliqué sur l’œil à l’aide d’un pinceau ou d’une éponge.

La seconde plante utilisée par les druides était appelée samolus. Comme pour le selago, il serait hasardeux de tenter de l’identifier. Pline indique qu’elle pousse dans les lieux humides et son usage concerne le soin des animaux domestiques : porcs et bœufs. Celle-ci est cueillie de la main gauche, à jeun et ne doit pas être regardée par le cueilleur. Elle ne doit être déposée que dans l’auge avant d’être broyée et consommée par les bêtes. Les druides se souciaient donc non seulement de santé humaine, mais aussi de santé animale.

Tactique de gui

Le gui (Viscum album) est la seule plante européenne à porter des baies blanches. Son mode de propagation aussi est unique. Le secret ? Une chair visqueuse et collante, appelée viscine, et l’aide de certains oiseaux. La grive draine (Turdus viscivorus) gobe les baies sans digérer les graines. Elle les rejette en chapelets de fientes qui s’entortillent entre les branches. La pulpe gluante qui entoure la graine se fixe au rameau. Bientôt, l’écorce sera percée à l’aide d’un suçoir en forme de clou et le gui poussera jusqu’à devenir la boule que l’on connaît.

Étymologies gauloises

De nombreux noms de plantes et de mots utilisés pour parler de la vie à la campagne proviennent de la langue gauloise. Le chêne vient de « Cassanos », l’if de « Iuos » et le bouleau de « Betula ». Certaines plantes ont conservé leur dénomination gauloise, car elles étaient peu ou pas connues à Rome. C’est le cas du bouleau et du sapin (Sappos). Les mots « cervoise » et « brasserie » proviennent également du gaulois, car les Romains ne connaissaient pas cette boisson avant de la découvrir en Gaule.

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