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Sur le plateau de Font d’Urle, une lande refuge d’une flore rare

Plateau de Font d’Urle Une lande préalpine, refuge d’une flore rare

Citadelle aux falaises vertigineuses, partagée entre un monde minéral et forestier, le Parc naturel régional du Vercors offre des paysages sublimes, passant des hauts plateaux karstiques aux forêts denses de feuillus et de résineux. Partons à la découverte de l’un d’entre eux : le plateau de Font d’Urle et ses sentiers d’alpage tapis de fleurs, sans oublier une faune omniprésente.

Après avoir emprunté une route vertigineuse, taillée à flanc de montagne, nous arrivons à Font d’Urle, plateau d’alpage du Vercors méridional. Nous commençons notre balade sur le sentier du Karst. Dès le départ, le ton est donné : à près de 1 500 m d’altitude, les arbres ont disparu pour faire place à un paysage de landes alpines parsemé de fleurs qui forment des bouquets éclatants. Emblématique des fleurs de montagne, le bleu lumineux des gentianes et leurs cornes d’abondance captivent notre attention. « Ce sont des gentianes de Koch », précise Véronique Thiery, de l’association Mille Traces. Une espèce dépourvue de tiges : ses feuilles sont plaquées au sol pour se protéger du froid et du vent. Ses fleurs ont la capacité de transformer les ultraviolets du soleil en pigment bleu foncé. Près d’elles s’épanouissent les trolles d’Europe, de la famille des Ranunculaceae, qui ressemblent à des boutons d’or géants. Ces médicinales sont connues pour leurs vertus antirhumatismales et révulsives.


S’adapter aux aléas climatiques

Après avoir franchi quelques barrières, nous marchons sur l’alpage où, depuis des siècles, transhument en période estivale chevaux, vaches et moutons. Nous apercevons bientôt les rebords du plateau et ses spectaculaires falaises blanches et ocre. Un choc visuel ! À 1 600 mètres d’altitude, la vue est grandiose sur la vallée, ses villages et le massif forestier du plateau d’Ambel qui nous fait face. Au-delà se profilent les montagnes du Diois avec au centre les Trois Becs et le synclinal du Saou. Sur les pentes abruptes des falaises, le climat est rude et sec. Les rares plantes qui vivent ici ont glissé leurs solides racines entre les pierres pour capter un peu d’eau, comme la kernéra des...

rochers, avec sa longue tige et ses petites fleurs blanches, et la plupart des espèces poussent en boule les unes contre les autres pour mieux résister aux assauts du vent. Faisant preuve d’ingéniosité, la délicate Androsace s’entoure de petites feuilles épaisses et velues qui lui permettent de garder l’humidité. « Les falaises servent de gîte et de couvert à une faune variée qui, selon les espèces, va utiliser différentes strates pour y nicher et se nourrir », explique Jean-Marie Ouary, spécialiste de la faune à l’association Mille Traces. Parmi les rapaces coexistent ainsi l’aigle royal, le faucon pèlerin, le grand corbeau, les chocards et les craves. On peut également apercevoir le lent vol plané des vautours fauves qui ont été réintroduits avec succès dans le Vercors.


Une faune abondante

Le sentier chemine ensuite à travers un paysage de plus en plus minéral et sauvage, partagé entre la pelouse rase des alpages et des chaos rocheux aux formes étranges, modelées par l’érosion du vent et de l’eau. Ici, l’eau ne reste pas à la surface, mais s’infiltre dans le sous-sol, transformant Font d’Urle en gruyère géologique avec son lot de crevasses, de dolines et de gouffres parfois profonds. Nous passons devant la glacière naturelle de Font d’Urle. C’est ainsi qu’on appelle ces grottes étroites qui servaient à stocker la glace pendant la saison chaude. Étendue sur un rocher, une marmotte profite paisiblement des rayons du soleil, tandis que chamois, mouflons et bouquetins occupent les pierriers plus en hauteur. Quant au plateau, ce vaste espace au faux air de Mongolie, il est le territoire des lièvres variables, des lagopèdes alpins, des renards et même de quelques loups. 
La pente se fait désormais plus douce. Nous marchons prudemment sur des prairies en fleurs : orchis sureau jaune, centaurées des montagnes, gentianes, potentilles dorées, renoncules, tulipes sylvestres et partout à perte de vue des narcisses des poètes, utilisés par l’industrie de la parfumerie. Nous nous arrêtons pour profiter de cet instant magique, allongés dans l’herbe tendre au milieu des narcisses, dans un éblouissement de blancheur et de parfum à la fois suave et entêtant. Des cris discordants se font soudain entendre : des craves à bec rouge, une espèce de corvidés, tourbillonnent au-dessus de nos têtes.
Nous redescendons tranquillement vers une petite doline où des névés de neige subsiste. Véronique observe une curieuse fleur pourpre qui ressemble fort à un petit cyclamen. C’est l’Erythronium dens canis, ou dentde- chien. À ses côtés s’épanouissent de petites renoncules blanches, Ranunculus pyrenaeus. Le sentier sinueux permet de profiter de la générosité de la nature, tandis que le ciel se pare de couleurs moirées. Nous quittons Font d’Urle à regret avec le parfum des fleurs dans les narines et les yeux remplis d’images bucoliques.

Itinéraire

En arrivant à Vassieux-en-Vercors (Drôme), prendre la D76 direction La Chapelle-en-Vercors puis tourner à gauche au bout d’1 km pour rester sur la D76. Après 6 km, tourner à gauche, direction Font d’Urle. Une fois arrivé sur le parking, prendre sur la gauche le sentier qui monte à 300 mètres de là. Le circuit commence, bien balisé et sans difficulté. En période estivale, attention aux troupeaux et aux « patous », les chiens de berger ! Comptez deux heures et demi de marche. Tenez compte de la météo, le brouillard peut être fréquent.

Une réserve intégrale

Créée en 2009, la réserve naturelle biologique intégrale (RBI) s’étend sur 2 160 hectares gérés par l’Office national des forêts (ONF) en partenariat avec le PNRV (Parc naturel régional du Vercors). Dans cet espace, la chasse est interdite, tout comme les véhicules à moteur et le pastoralisme. Avec huit habitats forestiers différents et douze habitats de landes, le site est un véritable laboratoire scientifique à ciel ouvert. « Les agents ONF ont procédé à un état des lieux de quelque 400 placettes », précise Jacques L’huillier, technicien à l’ONF et ornithologue. Le suivi tous les dix ans de ces zones témoins va permettre d’étudier les impacts du changement climatique. À faire La réserve est située sur les communes de Saint-Andéol (Isère) et de Saint-Agnan-en-Vercors (Drôme). Vous pouvez prendre la route et la piste forestière de Pré-Rateau au départ de Saint-Agnan.

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