Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Les Jardins de Puygirault, à la recherche du potager idéal

Jardin de Pygirault

En bord de Loire, non loin de Saumur, ces jardins extraordinaires sont le fruit de la rencontre d'un paysagiste naturaliste Patrick Genty, passionné de l'histoire des plantes, et d'un jardinier orfèvre, Jonathan Drouault. Le parcours, très bien expliqué, se dévoile dans une succession de tableaux retraçant l'histoire des potagers depuis que l'homme cultive la terre.

Voilà des jardins qui, lorsque l'on s'y promène, nous racontent des histoires… Déjà le site a gardé les traces du passé : ce terrain de deux hectares entourés de murs en pierre de tuffeau, a depuis toujours été cultivé comme potager, pour approvisionner sans doute en légumes et fruits frais l'abbaye locale aujourd'hui disparue. Un réseau impressionnant de goulottes de grès et de bassins, datant du XIVe siècle, amène l'eau de plusieurs sources. Les jardiniers de cette époque venaient alors y remplir leurs arrosoirs. C'est en 2015 que la famille propriétaire, dont l'intérêt pour le développement du tourisme se conjugue avec ancrage local et développement durable, décide après avoir restauré la bâtisse d'aménager le jardin. Pour faire le lien entre ce passé maraîcher et l'envie d'évoquer une histoire des plantes, elle fait appel au jardinier paysagiste Patrick Genty.

Le millet côtoie le sarrasin

L'itinéraire nous invite ainsi à découvrir ­comment depuis les premières cultures de subsistance, les jardins nourriciers ont évolué au fil du temps, au fil des territoires, de l'Afrique à l'Asie. Pour commencer, à l'époque des premiers labours il y a 10 000 ans, une plantation serrée d'osier débouche sur un cercle où poussent les premières céréales cultivées… Intrigant de voir ainsi côte à côte le millet et le sarrasin… Ensuite, un couloir de branchages nous conduit vers la découverte de légumes issus de la colonisation romaine, elle aussi bien résumée sur un panneau. Ces derniers étaient friands de légumineuses, mais aussi de laitue… romaine, dont plusieurs variétés ont été ­plantées cette année. Notre ­consommation de cette salade, le plus souvent cultivée en ­agriculture intensive, en est peut-être un ­héritage ! Une rangée vert tendre et bien pommelée de romaines Tartan alterne avec les jeunes pousses de pois nains douce Provence. « Dans ce jardin nous essayons de respecter un calendrier naturel des légumes plutôt que celui qui est dicté par la course en avant imposé aux maraîchers depuis ces dernières décennies et réclamant toujours plus de précocité, explique Jonathan Drouault, le jardinier responsable du domaine. Par exemple, nous ne plantons rien avant la fameuse date des Saints de glace. Les soins apportés aux plantes sont aussi en fonction de la météo, du moment de la journée. »

La civilisation du taro

Les premiers lieux où l'on a commencé à cultiver pour se nourrir sont apparus presque simultanément à quatre endroits sur terre. Les trois premiers – le Croissant fertile du Proche-Orient, le sud du Mexique et la Chine sont souvent cités. On parle moins de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. C'est pourtant là que se développe à partir de 8 000 ans avant J.-C. au milieu d'îlots forestiers, la culture d'un tubercule, le taro. Demeurant un produit de base de l'alimentation asiatique, cette plante est considérée par les habitants comme une plante totem. À Puygirault, plusieurs espèces sont présentées, dont le taro à touffe noire dans le Jardin de l'insularité.

En continuant le parcours, ce sont les idées d'Olivier de Serres, agronome avant-gardiste du XVIIe siècle, qui sont illustrées. Tandis qu'après un autre corridor végétal, une espèce de pomme de terre aux fleurs bleues – la Blue Belle – ou l'oca du Pérou, autre tubercule des Andes, aux petites feuilles repliées comme des ailes, rappellent la curiosité des botanistes explorateurs du XVIIIe siècle. Plus loin, derrière un magnolia trônant au centre d'un rond enherbé, on peut se rafraîchir dans la cave creusée dans la roche et où nait une des sources.

Les plantes sont étiquetées et c'est un ­plaisir de découvrir la Perilla frutescens, le ­persil japonais ou l'origan de Syrie, très embaumant. « Notre volonté est d'acclimater toutes sortes de plantes ensemble, de montrer leur cycle de vie et leur évolution aux différents stades : ­germination, fleurs, fruits, montée en graines », dévoile ­Jonathan Drouault qui s'est formé à l'école du maraîchage.

Une gageure en fait. Cette recherche permanente raconte aussi celle du potager idéal… que chaque visiteur imagine au gré des découvertes. Jonathan Drouault les appelle les ­ « bizarreries » : « Chaque année, je fais des essais avec de nouvelles variétés. En particulier, le stade de la germination est fascinant ». Souvent, il s'agit de variétés anciennes. Cette année, on trouve des fèves d'Aguadulce, des navets Marteau, le melon Sucrin de Tours. Avant la recherche de rendement qui a déplacé sa culture dans le sud de la France, le melon était cultivé le long de la Loire. Pour réussir cette alchimie, les deux jardiniers du domaine travaillent beaucoup la terre. Argileuse ici, sablonneuse plus loin, celle-ci avait besoin d'être revitalisée, restructurée. « Ce travail est fondamental. Ainsi, lorsque nous avons testé la culture du chou noir de Toscane, il ne dépassait pas 30 centimètres, tandis que, juste à côté, on avait des plants de plus d'un mètre de haut », raconte Jonathan Drouault. Un travail de fond qui a lieu surtout l'hiver. Les parcelles de phacélie, de vesce, de serradelle sont plantées comme engrais verts. « Non seulement la fleur est jolie, mais elles évitent que le sol ne se salisse », explique Jonathan Drouault. D'autres techniques non chimiques sont aussi utilisées comme le paillage des fruitiers. Ainsi le lieu savamment organisé fait découvrir mille aspects de l'histoire de l'homme et de la domestication des plantes qui depuis des millénaires se renouvelle.

En pratique

Comment y aller. En voiture depuis l'A11 direction Saumur par l'A85. Sortir à Saumur, continuer sur l'A87 et prendre la sortie n° 26 Saumur. Puis, suivre la direction de Gennes sur les bords de Loire. Les jardins de Puygirault se trouvent à un kilomètre à la sortie de Saint-Hilaire-Saint-Florent (49). En train, les jardins sont à quarante-cinq minutes de la gare d'Angers.

Infos et tarifs. Ouvert tous les jours d'avril à octobre, de 10 heures à 19 heures (18 heures en basse saison). Adulte : 9 €, enfants (6-17 ans) 7 €, tarif familles de 4 personnes (30 €). Possibilité de billets groupés avec le musée du Champignon. Tél. : 02 41 53 95 62 et www.jardins-du-puygirault.com

Se loger. Chambres d'hôte avec vue sur la Loire dans une maison bioclimatique. à partir de 85 € la nuit pour deux personnes, www.belvederedeloire.com

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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