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Parc et jardins de l’abbaye de Vaucelles : Librement inspirés du Moyen-Âge

Parc et jardins de l’abbaye de Vaucelles : Librement inspirés  du Moyen-Âge

Dans les Hauts-de-France, une ancienne fondation cistercienne bâtie en 1132 est entourée d’un somptueux parc de 7 hectares, accueillant une biodiversité féconde. Ce site religieux a inspiré la création de jardins dans un style médiéval, tout en valorisant les végétaux du nord de la France, notamment des fruitiers et des rosiers anciens.

Ce lieu riche en histoire l’est tout autant par sa biodiversité, nourrie notamment par les zones humides de la petite vallée du Haut-Escaut, au sud de Cambrai. Quand le Département du Nord en fait l’acquisition en 2017, le monument historique composé du bâtiment claustral du XIIe siècle, avec la salle des moines et la salle capitulaire, a déjà été restauré par des propriétaires privés, qui ont aussi pris soin de la nature foisonnante des lieux. Grâce au plan d’aménagement de la Direction régionale des affaires culturelles, le lycée horticole et agricole de Lomme a redonné ses lettres de noblesse au jardin médiéval qui répondait à l’époque à plusieurs préoccupations : avant tout utile, il se devait aussi d’être esthétique et d’inviter, grâce à sa symbolique, à une élévation spirituelle. Aujourd’hui, les jardiniers Jérôme et Fabienne ont à cœur de respecter les végétaux régionaux qui poussent naturellement entre les différentes parcelles en forme de patchwork délicat de fleurs, de fruits, de légumes et d’aromatiques : « Nous laissons repousser la pelouse par intermittence, ainsi que les pissenlits et les pâquerettes qui se ressèment tout seuls. En arrière-plan des lilas, des géraniums et des noisetiers, ces derniers sont très appréciés des nombreux écureuils, de moins en moins craintifs. » Ce havre de paix fait aussi le bonheur des faisans, des biches et des faons qui viennent s’y réfugier pendant la saison de la chasse.

Un écosystème enchanteur

La biodiversité qui unit l’abbaye et son parc est préservée jusque dans les vieux murs, où loge notamment la fougère capillaire des murailles (Asplenium trichomanes), qui fait bon ménage avec le grand papillon brun orangé dit « mégère » (Lasiommata megera) pouvant atteindre 25 centimètres. On peut l’observer dès le mois de mars. Dans les murailles anciennes, on trouve aussi la cymbalaire des murs (Cymbalaria muralis), une charmante petite plante qui donne des fleurs jaunes et mauves très appréciées des insectes pollinisateurs comme l’abeille.

Pour arriver au jardin médiéval, vous traversez la sublime allée des tilleuls centenaires qui embaument et fleurissent dès le mois de juin. Autrefois, le tilleul était sacré et symbolisait la liberté et la justice au point d’incarner les valeurs de la Révolution dès 1792. Il était planté dans toutes les communes de France et son utilisation thérapeutique ne se limitait pas à ses pouvoirs calmants et sédatifs, il soignait aussi les états grippaux, les rhumes et les maux de ventre. La balade botanique se poursuit au potager où les jardiniers procèdent à la sélection des graines pour que les végétaux s’adaptent encore mieux au site. Il est organisé en carrés de 3 mètres sur 4. L’un d’eux est réservé aux cucurbitacées et à des variétés originales comme le patidou. Un autre est dédié aux arbustes rustiques à petits fruits comme les cassissiers touffus qui, rappelons-le, donnent des baies et des feuilles anti-inflammatoires ainsi que des bourgeons adaptogènes bien connus de la gemmothérapie. On trouve aussi des groseilliers et des framboisiers jaunes et rouges.

Le jardin de la Bible

On passe ensuite au verger, qui honore les variétés rustiques comme la poire de livre, qui tient son nom de son poids proche de celui de l’ancienne livre romaine (500 grammes), la pomme reinette clochard, qui aime l’humidité, ou encore la pomme Cox Orange, d’origine anglaise mais très appréciée dans les Hauts-de-France. Un beau travail a été réalisé dans le jardin de la Bible, qui retrace l’histoire des moines et de leurs végétaux utilitaires : la courge pèlerine servait de gourde avec sa forme allongée et sa base ronde, les fibres du lin étaient transformées en tissu et l’isatis tinctoria – le pastel des teinturiers, à l’origine du bleu pastel – teignait les vêtements et servait en médecine pour cicatriser les plaies. On retrouve aussi les plantes de la Bible comme l’olivier et le lys. Très prisées des moines, les aromatiques sont mises en valeur dans une cascade de couleurs mauves : sauge, lavande, romarin, verveine et aussi l’hysope officinale, une belle plante stimulante pour le corps et l’esprit, antiseptique et expectorante, bien utile en cas de toux, bronchite et grippe.

Autre ambiance pleine de romantisme : la roseraie et ses arches entremêlées de guirlandes de rosiers grimpants « dentelle de Bruxelles », de rosiers Bourbon et Albertine, une variété de rosiers lianes qui possède des tiges souples capables de recouvrir une pergola ou un tronc d’arbre. Le tout est enveloppé par l’élégance de grands arbres remarquables : le marronnier en forme de chandelier qui a dépassé les cent ans, le charme qui veille sur l’abbaye et les hêtres auxquels on prête des vertus de douceur et de patience. Un beau présage pour la préservation de ce lieu bientôt millénaire.

Les orchidées à l’honneur

Du 10 au 14 mars, les orchidophiles collectionneurs, fleuristes et producteurs visitent l’Exposition internationale d’orchidées et bons plants. Ces plantes qui inondent désormais les supermarchés font partie de la classe des monocotylédones, caractérisées par leur tige unique. On pourra s’initier ici à leur culture et pratiquer l’art floral. En plus des 25 000 variétés existantes, on découvre chaque année de nouveaux hybrides aux couleurs surprenantes, comme le bleu turquoise de l’orchidée « papillon » Phalaenopsis. Profitez-en pour débusquer autour de l’abbaye les orchidées sauvages comme la Cephalanthera et l’Anacamptis. À admirer uniquement, car elles sont protégées.

Orchis pyramidal, Anacamptis pyramidalis

Infos pratiques

  • En voiture : A1 direction Lille, A2 direction Cambrai, A26 direction Saint-Quentin, sortie n° 9 puis rejoindre le hameau de Vaucelles par la D917 et la D96.
  • En train : Gare TER de Cambrai (à 9 km), puis bus 307 jusqu’à l’archéosite (musée archéologique à 10 minutes à pied de l’abbaye), ou taxi/voiture de location.
  • Adresse et horaires : Les Jardins de Vaucelles, Hameau de Vaucelles, 59258 Les Rues-des-Vignes, tél. 03 59 73 14 98, Abbayedevaucelles.fr Ouvert tous les jours sauf le lundi, 10 h 30-17 h 30, week-end et jours fériés 11 h-18 h. Visite guidée de 2 heures tous les dimanches à 15 h 30. Entrée 6 €, réduit 4 €, gratuit - 26 ans.
  • Où dormir ? à Masnières, à 7 km, manoir Le Louis XXI, maison d’hôtes, gîtes, repas, dès 85 € la nuit, tél : 03 27 78 01 42, Manoirlelouisxxi.com
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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