Dossier
Carencé, moi ? Jamais ! (1/5)
© Martin Wahlborg
Carencé, moi ? Jamais !
Un manque de fer, magnésium, vitamine C… et nous voici soudain fatigués, stressés ou en panne d'énergie. Quel rôle jouent les vitamines, oligoéléments et sels minéraux indispensables à notre équilibre ? Comment éviter les carences ? Ce dossier vous donne des pistes pour optimiser vos réserves nutritionnelles grâce à l'alimentation, aux végétaux et à une supplémentation bien dosée.
Au XVIIIe siècle, le médecin de marine James Lind s’aperçut que donner de la choucroute et du citron aux marins leur évitait le scorbut. On apprendra plus tard que ces deux aliments contiennent beaucoup de vitamine C. Celle-ci contribue à la stabilité du collagène et prévient donc le scorbut, une maladie qui abîme le tissu conjonctif.
Depuis, les scientifiques ont découvert que le corps ne peut pas générer lui-même ses nutriments (en dehors des vitamines D et K). Il est obligé de puiser dans l’alimentation ses apports vitaux non seulement en macronutriments (protéines, lipides, glucides…) mais aussi en micronutriments : vitamines, sels minéraux et oligoéléments. Les fruits et légumes, céréales, produits animaux, mais aussi végétaux pourvoient à nos besoins essentiels… à condition d’être produits et cultivés dans de bonnes conditions. Et c’est là que le bât blesse : « Nos aliments se sont clairement appauvris en termes nutritionnels », déplore Alina Moyon, docteure en pharmacie. Pour preuve, un nombre croissant d’études scientifiques constate au niveau international que les céréales, fruits et légumes cultivés ont perdu en protéines, calcium, fer, phosphore, vitamine C… par rapport aux cultures des années 1950. En cause : la fertilisation des sols, l’usage des pesticides et l’hybridation des variétés de fruits et légumes à des fins de productivité. Un problème de fond à l’origine d’insuffisances nutritionnelles, voire de carences et soucis de santé. « La plupart des maladies actuelles sont dues à des carences en microphytonutriments », estime le Dr Jean-Michel Morel. On sait par exemple que 20 % des femmes en âge de procréer en France souffrent d’un sérieux déficit en fer, et 13 % sont en carence de vitamine B9 (folates). Ce n’est que la face émergée de l’iceberg, car nos manques en vitamines et minéraux nous minent longtemps de manière souterraine avant d’atteindre le stade de la carence (apports inférieurs à 70 % des besoins).
Les experts en santé naturelle soulignent l’importance de soutenir l’organisme en ciblant les bons nutriments, à titre préventif comme aux premiers signaux de fatigue, maladie ou changement physiologique. Dans ce dossier, ils vous guident pour optimiser les apports lors de vos repas – plus on est proche des molécules naturelles, mieux c’est – et grâce à une supplémentation bien choisie et sans excès.
Le plus des sauvages
Les plantes sauvages contiennent souvent autant voire davantage de vitamines et minéraux que les végétaux cultivés, selon les données de la Food and Agriculture Organisation (FAO), des experts en nutrition et des ethnobotanistes. Ainsi, le pissenlit en salade apporte trois fois plus de calcium (475 mg/100 g) que le chou frisé (150 mg/100 g) et autant de provitamine A que les carottes ! De même, la « mauvaise herbe » galinsoga, crue ou cuite, contient un taux record de magnésium (681 mg/100 g), bien plus que le cacao pur (499 mg/100 g), considéré comme le champion dans cette catégorie. Une bonne raison de pratiquer la cueillette sauvage sur des sentiers non pollués… En ce moment, on peut récolter la chicorée, le plantain ou le cynorrhodon dès les premières gelées.