Quand santé rime avec sobriété (2/4)

Dans ce contexte d’inflation, les dépenses de santé pèsent de plus en plus lourd au quotidien. Déjà, l’assurance maladie ne prend en charge aucun complément alimentaire à base de plantes. Et depuis le 1er janvier 2021, même les médicaments homéopathiques ne sont plus remboursés. Françoise Couic-Marinier, docteure en pharmacie et spécialiste des huiles essentielles, travaille en officine depuis trente ans et déplore le désintérêt des autorités de santé pour les produits naturels préventifs : « Il y a quelques années, l’assurance maladie remboursait l’Anxemil à base de valériane, le Tanakan contenant du ginkgo, et le Difrarel formulé avec de la myrtille. Aujourd’hui, on ne rembourse que les médicaments curatifs. »

Au vu des coûts de certains produits naturels, et selon les problématiques de santé auxquelles on fait face, il peut être opportun d’opter pour une complémentaire santé qui rembourse, dans la limite de 25 à 500 euros par an, des compléments alimentaires, mais aussi des consultations en médecine douce. Lors de journées mondiales dédiées à la santé ou dans le cadre de campagnes de prévention organisées par des marques, il est possible par ailleurs de réaliser des bilans ou dépistages gratuitement.

Toujours dans une optique d’allègement du budget, on peut se tourner vers des ingrédients naturels basiques. Ainsi, un pot d’argile en poudre (à partir de 2 euros le kilo) vous coûtera trois fois moins cher qu’un tube liquide. Il se conserve dans le temps et permet aussi bien de combattre une diarrhée que de fabriquer un masque anti-acné ou de nettoyer des sinus enflammés. À la place des comprimés d’acérola au prix élevé, faites vos réserves de vitamine C grâce aux agrumes, citrons bio et fruits cueillis dans la nature comme le cynorrhodon ou les baies d’argousier. Au passage, un simple citron bio peut vous fournir des zestes pour une tisane réchauffante et antifatigue, du jus désinfectant pour faire des gargarismes contre le mal de gorge (additionné de gingembre) ou encore une boisson détox en diluant le jus dans un verre d’eau tiède, à boire à jeun.

Autre ingrédient préventif mais aussi curatif, le miel toutes fleurs (de facture artisanale et biologique d’origine française), du moment qu’il est pur, peut être utilisé pour des problèmes digestifs et de dysbiose intestinale, pour agrémenter une tisane de feuilles de menthe fraîche en cas de nausées ou encore pour une constipation ou des flatulences lorsqu’il est mélangé avec du vinaigre de cidre. Mélangez dans ce cas 2 cuillerées à café de miel avec 2 cuillerées à café de vinaigre de cidre dans un grand verre d’eau tiède, à boire une demi-heure avant le premier repas de la journée, pendant une semaine.

Quant à la spiruline, elle est souvent moins chère en paillettes à saupoudrer sur vos salades qu’en comprimés (sans compter que plus elle est transformée, plus elle perd ses qualités). En cure (1 à 5 g par jour pendant 3 semaines), son action antivirale et immunostimulante protège des infections, d’éventuelles carences et de la fatigue. Sinon, faites-en un smoothie antioxydant : mixez au blender ½ banane, 150 ml de jus de pomme et ½ cuillerée à café de paillettes de spiruline.

Côté phyto, plusieurs panacées sont faciles à cueillir dans la nature ou à cultiver, d’où leur prix généralement bon marché. Il s’agit de la menthe poivrée, l’ortie, la citronnelle, la ronce, le romarin, la reine-des-prés, la feuille d’oranger et le thym. Quelques tiges de menthe poivrée suffisent pour concocter une tisane digestive. Le thym antiseptique, qui s’acclimate un peu partout, est utile en cas d’affections respiratoires. Si vous avez un rhume ou une sinusite, laissez infuser pendant 10 minutes une branche séchée dans 1 litre d’eau chaude et buvez 3 tasses par jour. L’ortie reminéralisante sera quant à elle l’invitée parfaite de vos soupes ou tisanes pour lutter contre la fatigue. Au jardin, l’idéal est de choisir des plantes selon les vertus médicinales que l’on recherche afin d’allier l’utile à l’agréable, conseille la docteure en pharmacie et herboriste Christine Cieur.

À l’inverse, certaines plantes sont vendues plus cher. « C’est le cas des fleurs », explique Stéphane Rossi, propriétaire de l’herboristerie Au temps des fées à Grenoble. « Celles de coquelicot, de violette, de jasmin se récoltent sur une courte période, puis il faut les trier, les sécher soigneusement, ce qui justifie un tarif plus élevé. Des fluctuations de prix s’expliquent aussi par une mauvaise récolte. C’est le cas pour les fleurs de mauves cette année, dont le prix a été multiplié par trois ». Des plantes vendues cher à juste titre, donc, alors que d’autres comme l’ashwagandha, le bacopa monnieri, le collagène et certaines huiles végétales profitent parfois d’effets de mode et de positionnement marketing pour être commercialisées à des prix injustifiés. « Un macérat de pâquerette, c’est de l’huile de tournesol avec des pâquerettes qui macèrent dedans, or c’est vendu une fortune par certaines marques, ce n’est pas normal », dénonce Françoise Couic-Marinier.

De façon générale, sachez que les végétaux à l’état brut coûtent moins cher que lorsqu’ils sont transformés. « Dès lors qu’une plante est conditionnée en gélules, en ampoules ou enrichie avec des huiles essentielles, on la paye plus cher », précise la pharmacienne. Si toutefois vous avez besoin de produits spécifiques onéreux, de plus en plus d’herboristeries, telles que celle du Palais Royal à Paris ou l’Herboristerie moderne de Perpignan, proposent leurs produits ayant une date de péremption proche, à prix bradés.