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L’ambaville, une plante en or contre le cancer

Ambaville

Issue de la pharmacopée réunionnaise, l’ambaville est au cœur d’une innovante recherche contre le cancer, mêlant nanoparticules d’or et chimie verte. Un travail mené depuis l’île Bourbon par la chimiste Anne-Laure Morel et sa start-up Torskal.

Utiliser les plantes endémiques de l’île de la Réunion et les allier à la recherche innovante contre le cancer, voilà le programme d’Anne-Laure Morel et de sa start-up de nanomédecine Torskal, fondée en 2015. Chimiste des matériaux, spécialisée dans l’étude des nanoparticules couplées à des agents biologiques – sujet pour lequel elle a soutenu une thèse à l’université Pierre et Marie Curie, à Paris –, la chercheuse, originaire de la Réunion, a un jour l’idée de valoriser la biodiversité végétale de son île.

Alors qu’elle apprend qu’une vingtaine de plantes réunionnaises sont inscrites dans la pharmacopée française depuis 2012, elle s’intéresse en particulier à l’ambaville. Arbrisseau aromatique de la famille des Astéracées, il est commun de 1 000 à 2 000 m d’altitude.

Les sommités fleuries d’Hubertia ambavilla sont utilisées depuis le XVIIIe siècle pour leurs propriétés anti-ulcéreuses et anti-inflammatoires cutanées, notamment contre l’eczéma et la « bourbouille », éruption de petits boutons rouges due aux chaleurs tropicales. Dans le cadre de sa recherche, Anne-Laure Morel choisit un groupe spécifique de molécules de la plante afin de réaliser la synthèse de nanoparticules d’or.

« Je ne suis pas phytochimiste, mais chimiste des matériaux, mon regard est donc nouveau sur les plantes. L’ambaville étant riche en polyphénols, qui sont des antioxydants, j’ai eu l’intuition de m’en servir comme agent de réduction naturel des nanoparticules d’or. Habituellement, cette réaction se fait avec des produits chimiques comme de l’éthanol, ce qui peut poser ultérieurement des questions de toxicité pour l’organisme, sans compter la pollution de l’environnement », explique la chercheuse, partisane de chimie verte.

Des nanoparticules d’or…

Voie d’innovation dans la lutte contre le cancer, les nanoparticules, en particulier d’or, intéressent les scientifiques pour leurs propriétés hyperthermiques. Des recherches de pointe, un brin futuristes, qui pourraient modifier la donne dans la lutte contre la maladie.

« C’est un véritable changement de paradigme auquel nous assistons. On n’agit plus sur les propriétés chimiques, comme avec la chimiothérapie qui va détruire les cellules, mais sur les propriétés physiques, en utilisant des nanoparticules. L’idée est d’injecter chez le patient de toutes petites particules d’or, de l’ordre du milliardième de mètre. Conçues pour cibler la zone tumorale, elles sont ensuite chauffées en étant exposées à un rayon laser. La chaleur produite tue les cellules cancéreuses », explique la chercheuse.

Et d’ajouter : « En plus d’une visée de soin, ces nanoparticules ont aussi une fonction de diagnostic. Elles sont utilisées comme agent de contraste en imagerie pour une meilleure visualisation des tumeurs. On les appelle agents “théranostiques”, contraction des termes thérapeutique et diagnostic. »

… aux principes actifs de l’ambaville

Servant d’agent biologique de réduction des nanoparticules d’or, les principes actifs de l’ambaville ont-ils en eux-mêmes une fonction thérapeutique contre le cancer ? « C’est justement une des voies d’étude que nous voulons développer à l’avenir, et qui a de fortes probabilités d’aboutir, l’ambaville ayant des propriétés naturelles anti-inflammatoires », avance Anne-Laure Morel.

La jeune femme précise que son équipe planche en parallèle sur une vingtaine de plantes réunionnaises… dont elle préfère taire le nom. « C’est un travail de recherche et développement qui doit rester confidentiel, concurrence oblige. » La scientifique s’apprête à signer dans quelques mois une joint-venture avec des partenaires chinois.

En ligne de mire, la création d’un centre de nanotechnologies vertes pour le développement de plusieurs solutions thérapeutiques contre le cancer. Une première partie de recherche sera menée à La Réunion, puis le relais sera passé au laboratoire chinois pour mener les essais précliniques et cliniques nécessaires à la reconnaissance de ses nanoparticules « vertes » en tant que médicament.

Des années de recherche en perspective au cœur de l’innovation, mais toujours en synergie avec les végétaux. En plus des plantes réunionnaises, Anne-Laure Morel va élargir son champ d’études aux plantes chinoises et, qui sait, peut-être fera-t-elle d’étonnantes découvertes !

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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