Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

L'immortelle, la plante curry

L'immortelle,  la plante curry

Son nom est connu de tous, mais la plante elle-même l'est moins. On la rencontre pourtant souvent en Corse ou dans le Midi, et son odeur réjouit les narines autant que ses fleurs attirent l'œil. L'immortelle ravit les sens !

C’était une petite plante grisâtre qui poussait en touffes sur les sables d’une dune, au bord de la Méditerranée. Je ne lui trouvai pas grand-chose de remarquable mais, fidèle à mon habitude, je ne me contentai pas de l’observer avec les yeux : j’en touchai les feuilles duveteuses et froissai légèrement les capitules en train de se former. J’avais, à ce caractère, reconnu une plante de la famille des astéracées – on parlait alors, en ces temps lointains, de « composées ». En sentant mes doigts, il me fut difficile de croire mon odorat : je venais d’ouvrir, me semblait-il, une boîte d’épices, plus précisément de ce curry indien – mélange de curcuma, de fenouil, de cumin, de grains de coriandre et de fenugrec – dont j’aimais à relever mes plats. Incroyable ! Je n’avais jamais senti une odeur aussi riche et aromatique chez un végétal. Je venais de découvrir la « plante-curry », que l’on connaît plus souvent sous le nom d’« immortelle ».

Cueillette

  • Sommités fleuries : de juin à septembre

Je compris la raison de cette dernière appellation lorsqu’un peu plus tard je vis la plante fleurie. Elle portait de petites boules d’un jaune d’or réunies en grosses têtes globuleuses qui terminaient les tiges et formaient autant de bouquets miniatures. En observant de plus près, je me rendis compte que chaque glomérule était en fait un capitule de fleurs, grosse chacune comme une tête d’épingle, pelotonnées les unes contre les autres et entourées d’une multitude de petites écailles, bruissantes au toucher, déjà sèches sur pied. Ainsi peut-on récolter les tiges fleuries d’immortelles pour en faire des arrangements qui se conservent indéfiniment. En tout cas, l’effet dans la nature est saisissant. Et le nom scientifique de la plante paraît alors tout naturel : Helichrysum signifie « l’or du soleil », du grec hêlios, « soleil », et chrysos, « or ». L’espèce que j’avais observée, assez fréquente dans le Midi et le long de la...

façade atlantique, était l’immortelle commune, Helychrisum stoechas, dont l’épithète signifie « des îles d’Hyères ». Elle diffère par ses plus gros capitules de l’immortelle d’Italie, Helychrisum ­italicum, particulièrement abondante en Corse, que l’aromathérapie a rendue célèbre – au point que ses stations naturelles sont menacées et que pour la distiller l’esprit tranquille, on doit la cultiver.

L’huile essentielle d’immortelle est réputée pour apaiser la douleur des coups reçus et éliminer les hématomes, même anciens. Elle présente aussi des vertus anti-inflammatoires et aide à la cicatrisation des petites plaies. Les sommités fleuries macérées dans de l’huile d’olive donnent un bon remède contre les coups de soleil. Son emploi semble très ancien, puisque le botaniste grec Théophraste mentionne dans son Historia plantarum, écrit voici quelque 2 300 ans, un onguent d’immortelle macérée dans du miel pour soulager les brûlures. Dioscoride, au premier siècle de notre ère, prônait un vin d’immortelle, efficace selon lui contre les sciatiques et les douleurs articulaires. À la Renaissance, le médecin italien Castore Durante préconisait ce breuvage contre les morsures de serpents et les troubles urinaires. À l’heure actuelle, la tisana del Quirinale, composée de sommités fleuries d’immortelle associées à la lavande, à la mélisse et au fenouil, agréablement aromatique, est d’usage courant en Italie pour calmer les maux de gorge et stimuler l’activité de la vésicule biliaire.

Son usage condimentaire semble moins répandu. Pourtant, le parfum de l’immortelle est remarquable, mais son amertume certaine peut se montrer gênante pour les palais trop sensibles. J’utilise souvent l’infusion odorante des capitules, récoltés en été lors de leur plein épanouissement, pour aromatiser des préparations culinaires. En certaines régions de Grèce, on la mélange au thym capité (Thymbra capitata) et à la sarriette de Crète (Satureja thymbra) en un mélange condimentaire remarquable. Les Siciliens et les Sardes en aromatisent des liqueurs, en la mélangeant avec des « baies » de cade et des zestes d’orange et de citron.

Il existe dans le monde quelque 600 espèces du genre Helichrysum, principalement répandues en Afrique – 244 espèces rien qu’en Afrique du Sud –, à Madagascar, en Asie, avec une quinzaine en Europe. Seules quelques-unes sont utilisées en thérapeutique. Je me souviens avoir rencontré sur la petite île d’Amorgos, dans les Cyclades, l’une des plus rares espèces du genre, confinées aux falaises rocheuses du nord de l’île : Helichrysum amorginum présente en outre la particularité d’avoir des fleurs d’un adorable rose pâle tranchant sur le gris argenté de son feuillage… Une beauté de la nature !

L’immortelle des fleuristes est une plante originaire d’Australie, Xerochrysum bracteatum, aux gros capitules entourés de bractées colorées.

Lors du couronnement de la reine Elizabeth II d’Angleterre en 1952, l’hélichryse fut mêlée aux bouquets royaux afin de lui assurer une longue vie – avec succès semble-t-il !

Herbier

L’immortelle commune (Helichrysum stoechas) est une petite plante vivace de 10 à 50 cm, très rameuse à la base, couverte de poils laineux blanchâtres, dégageant au froissement une agréable odeur. Ses tiges, dressées ou couchées puis redressées, sont presque ligneuses. Elles portent des feuilles alternes, très étroites, allongées, à bords enroulés par-dessous, blanchâtres sur les deux faces. Les fleurs minuscules de couleur jaunâtre sont réunies en petits capitules globuleux entourés de bractées scarieuses ovales. La plante vit sur les rochers, les coteaux pierreux et les sables maritimes dans le midi de la France et le long du littoral atlantique, jusqu’au Finistère. On rencontre en Europe une quinzaine d’espèces d’immortelles, dont sept en France, pratiquement toutes dans la région méditerranéenne, en particulier en Corse.

Recette sauvage

Ingrédients : 1 litre d’eau, 1 poignée de fleurs d’immortelle • 200 g de couscous • Sel.

  1. Porter de l’eau à ébullition.
  2. Arrêter le feu et ajouter les fleurs d’immortelle. Laisser infuser 5 minutes, puis saler légèrement.
  3. Verser le couscous dans un récipient adéquat (n’oubliez pas qu’il gonfle du double de son volume d’origine).
  4. Filtrer l’infusion avec une passoire et en verser sur le couscous l’équivalent de deux fois le volume des grains. Couvrir, laisser gonfler et servir accompagné de légumes et d’une sauce piquante.

Note : Si l’amertume vous dérange, sucrer légèrement la sauce d’accompagnement.

Cet article est reservé aux abonnés.
Pour lire les 78% restants de cet article,
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
Vous appréciez nos articles, allez plus loin en vous abonnant au magazine en cliquant ici
Inscrivez-vous gratuitement à la newsletter Plantes & Santé
Recevez chaque semaine nos conseils de bien-être par les plantes, astuces et recettes à faire vous même pour retrouver Equilibre et Santé
Votre inscription a bien été prise en compte 
Politique de confidentialité