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Du respect de la nature ... à la japonaise

nature japonaise

On a du mal à l’imaginer, mais le Japon est aussi un paradis pour les amoureux de la nature : de superbes montagnes, de profondes forêts peuplées d’ours et de singes, une multitude de plantes étonnantes... Et des habitants qui la vénèrent. Voilà de quoi bouleverser quelques idées reçues !

C’est vrai, la plupart des Japonais vivent dans des logements exigus au sein de villes immenses dont les embouteillages sont légendaires. Bien sûr, il y a eu Fukushima. Effectivement, le peuple nippon contribue lourdement à la destruction des forêts tropicales et chasse les baleines... Et pourtant, les Japonais aiment la nature, plus que tout autre peuple développé. Ces gens qui ont poussé la technologie à son plus haut niveau sont des animistes. Le shinto, qui considère la nature comme sacrée, est la religion nationale du Japon. Environ 90 % de la population y adhère. Il coexiste pacifiquement avec le bouddhisme, à tel point que la plupart des Japonais pratiquent simultanément les deux religions, sans aucun souci...

Le respect de la nature, placé au centre du shintoïsme, explique de nombreux traits de la culture japonaise. L’idée étant d’y puiser des éléments que l’on transpose dans la décoration de son habitation afin de l’en imprégner et créer une atmosphère empreinte de raffinement et de bien-être. C’est pour cela aussi que l’on voit couramment les Japonais parcourir des kilomètres sur des chemins rocailleux pour aller à la rencontre d’un arbre vénérable ou d’un rocher sacré. C’est pour cela, enfin, que la nature japonaise est, de loin, la mieux préservée des régions tempérées, avec quelque 50 000 km2 de forêt primaire (plus que la superficie de la Suisse), soit environ 20% du territoire – alors qu’en Europe, le pourcentage avoisine le zéro absolu!

D’autres raisons font que la nature japonaise est infiniment mieux conservée que celle de l’Occident. Les Nippons, comme la plupart des Asiatiques, sont des riziculteurs. Mais ils plantent la céréale dans des rizières de fond de vallée, contrairement à d’autres peuples qui terrassent les flancs des montagnes, comme aux Philippines ou à Bali, et à ceux qui cultivent le riz sec, comme dans la péninsule indochinoise. En outre, les Japonais ne sont pas des pasteurs et n’élèvent traditionnellement que le strict minimum de bétail...

pour les labours – le bœuf japonais (souvent, en France, dit « de Kobé ») reste un luxe plutôt récent. Il n’y a donc aucune raison d’aller défricher les terres non cultivables pour y faire paître des animaux, comme nous le faisons depuis des millénaires en Europe et ailleurs. Au Japon, le végétal est roi, et pas seulement les plantes cultivées : cueillir une incroyable variété de feuilles, de fruits et de condiments est une tradition toujours très vivace, perpétuée autant en ville (où on les trouve dans les supermarchés) qu’à la campagne.

Et puis, le Japon est une montagne dans la mer – de nombreuses montagnes en fait, aux pentes presque toujours très raides. L’accès est donc difficile. Cela explique également le bon état de la nature sur l’archipel : difficile d’y accéder, à l’exception de certains lieux vénérés qui, de ce fait, sont très fréquentés. Par ailleurs, la chasse est loin d’être une passion répandue. La faune est donc laissée en paix et les animaux pullulent : il est courant de voir des daims, des cerfs, d’adorables chiens viverrins ou tanuki, des singes et des ours. Tous les randonneurs dans les montagnes portent sur leur sac à dos des clochettes censées éloigner les plantigrades. Ce qui ne nous a pas empêchés d’en croiser un, très surpris par notre approche que le bruit d’un torrent avait couverte. À votre avis, qui a eu le plus peur ?

Une remarquable flore endémique

Grâce à la situation géographique des îles japonaises, la flore locale est remarquable, avec près de 7000 espèces de plantes. Pour 40% (2900 espèces), elles sont endémiques, c’est-à-dire qu’elles ne se trouvent nulle part ailleurs au monde (en France, une fois et demie plus grande que le Japon, on dénombre 4 900 espèces végétales, dont 15 % d’endémiques) !

Cela dit, il n’est pas facile d’aller explorer la nature au Japon, car, en dehors des parcs nationaux et assimilés, il existe peu de sentiers pour y pénétrer. Mieux vaut dépasser les abords des vallées, trop fréquemment plantés en Cryptomeria, ou sugi, un conifère indigène, certes, mais dont les peuplements artificiels sont déprimants... Et ne rêvons pas: nombre de Japonais, jeunes et vieux, sont infiniment plus intéressés par la technologie, les modes occidentales, les jeux vidéo, la « culture » américaine et le fast-food que par les kamis (esprits de la nature), les balades et le respect des arbres ou des rochers sacrés. Certes, les traditions comme la fête de l’érable perdurent bien davantage au Japon que chez nous, mais elles ont bien souvent atteint leurs limites. Toutefois, certains souhaitent sortir du cadre de la société classique pour s’ouvrir au monde tout en développant un lien très fort avec la nature, les paysages, les animaux, les plantes... Le patrimoine naturel peut se révéler une base solide pour édifier les fondations du monde de demain. Il ne paraît pas déraisonnable de nous en inspirer nous aussi.

La chasse aux érables

En parcourant une carte routière japonaise, on aura la surprise d’apercevoir de petites fleurs et des feuilles miniatures disséminées çà et là, avec des chiffres en dessous. L’explication est simple : il s’agit des lieux où l’on peut aller assister à l’éclosion printanière des fleurs de cerisiers sauvages pour les premières, et au changement de couleur des feuilles d’érables pour les secondes. Les chiffres indiquent le mois de l’année où le spectacle a lieu, c’est-à-dire le bon moment pour partir en excursion sur les sites réputés pour la beauté de leur paysage rougi par le feuillage des érables. Cette coutume porte le nom de momijigari, littéralement la chasse aux feuilles rouges. Imaginez que l’on donne de telles indications sur les cartes Michelin pour la oraison des coquelicots ou le jaunissement d’or du feuillage des mélèzes...

Bain thermal en pleine nature

L’attrait des Japonais pour les bains chauds relève de la passion. Il faut dire que la situation volcanique de l’archipel favorise la remontée des eaux thermales et que le pays compte plusieurs dizaines de milliers de sources, dont la température rend la baignade agréable. Si la plupart sont aménagées de façon plus ou moins élaborée, quelques-unes sont totalement naturelles. J’ai particulièrement apprécié Renge Onsen, situé à 1 500 m d’altitude dans le parc national de Chubu-Sangaku, au cœur des Alpes japonaises. En sortant de la forêt, on aperçoit d’épaisses volutes de fumée s’élevant des bassins qui s’échelonnent sur une pente couverte de solfatares. Le lieu est hors du monde, peu fréquenté, et les sentiers environnants permettent d’incroyables randonnées vers des sommets perchés à plus de 3 000 m d’altitude. Imaginez le plaisir de vous baigner dans l’eau chaude, en pleine montagne, au retour de votre excursion... Un véritable rite de communion avec la nature. 

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