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Ce que raconte le nom des plantes

nom des plantes

Pâquerette, narcisse, topinambour… pourquoi les nomme-t-on ainsi ? S'interroger sur le nom des plantes, c'est découvrir les récits que la tradition orale colporta, c'est plonger dans l'histoire des peuples et des cultures, c'est mettre en évidence un sens de l'observation acéré. L'étymologie du nom des plantes invite à de nombreuses découvertes…

Savoir nommer est essentiel pour les êtres humains. Nous avons besoin, afin de créer du lien, de mettre des noms sur les personnes et sur les choses, pour les sortir de l'anonymat. Grâce à la symbolique véhiculée par le langage, il nous est possible de communiquer avec nos semblables sur le monde qui nous entoure. Dans le domaine du végétal, les termes employés reflètent l'aspect des plantes, leur morphologie, leur couleur, leurs divers caractères ou leurs utilisations. C'est le cas de la gentiane jaune, du bleuet, ou du coquelicot dont l'appellation évoque le chant du coq, et par là l'écarlate de sa crête ! D'autres noms racontent des histoires plus élaborées…

L'histoire est parfois toute simple, comme pour la pâquerette qui fleurit à Pâques et dont le nom scientifique Bellis perennis signifie tout bonnement « belle vivace »… Cependant, d'aucuns prétendent que son nom populaire provient du vieux français « pâquis » qui veut dire pré, puisque c'est là qu'elle pousse.

Une autre relation aux plantes

Connaître l'origine des noms des plantes, et savoir comment ils ont été composés nous amène à mieux les comprendre. L'étymologie ­–  la science de la filiation des mots, du grec etymos, vrai et logos, parole, discours, étude ­– comporte souvent des anecdotes, donnant du sens au mot. Elle aide à créer une relation avec la plante dont nous serons plus proches et dont nous nous souviendrons mieux : l'étymologie est un aide-mémoire particulièrement efficace. Elle nous permet également d'orthographier correctement le nom des plantes et nous aide à « digérer » ces noms latins qui nous paraissent souvent barbares.

D'autres histoires sont plus recherchées et fournissent à l'esprit curieux d'intéressants renseignements. Ainsi en est-il du pavot somnifère, Papaver somniferum, dont le nom de genre dérive d'une racine indo-européenne papa, « bouillie ». On prépare en effet depuis la nuit des temps des bouillies avec les graines de pavot (dépourvues d'alcaloïdes toxiques) toujours à l'honneur en Europe de l'Est. Quant à l'épithète, elle veut dire en latin « qui apporte le sommeil » et se réfère sans ambiguïté aux propriétés hypnotiques du suc de pavot, l'opium, connues depuis l'Antiquité. « Ortie » dérive d'Urtica, qui désignait ces plantes chez les Romains, du latin uro, «...

; brûler » (qui a également donné « urine ») car, comme chacun le sait, les orties sont couvertes de poils urticants. « Orchidée » vient du grec orchis, « testicule » : en effet, les orchidées du genre Orchis possèdent deux tubercules de forme suggestive

Référence à l'Antiquité

Les mythologies grecque et latine sont une source presque inépuisable de noms de plantes. La célèbre achillée millefeuille doit son nom à l'emploi qu'en aurait fait Achille pour soigner ses soldats blessés dans les combats contre les Troyens ; effectivement, la plante, riche en tannins et en essence aromatique, cicatrise les blessures et évite l'infection. L'armoise est ­nommée d'après Artemis, la Diane des Romains, protectrice des jeunes filles : ses vertus emménagogues avérées permettent de favoriser la venue et le bon déroulement des règles. Les silènes à l'ovaire renflé évoquent le ventre rebondi du satyre portant le nom de Silène, père adoptif et précepteur du dieu Dionysos qui faisait honneur aux nourritures et aux boissons. Quant aux jolis narcisses, ils rappellent à tout jamais la triste histoire du beau Narcisse, tombé amoureux de son reflet dans l'eau et qui se noya en essayant de s'y rencontrer… Enfin, l'œillet est la fleur de Zeus, c'est du moins ce que propose son nom botanique, Dianthus, composé de Dios, génitif de Zeus, et anthos, fleur. De même, le noyer, juglans en latin, est dédié à ce même dieu, Jupiter chez les Romains, glans désignant le gland.

L'empreinte des langues….

Une grande partie des noms de plantes provient du latin ou du grec. La transmission jusqu'au français s'est parfois opérée sans la moindre transformation, comme pour le crambé (du grec krambê) ou avec une simple modification de la terminaison. C'est le cas de la crépide (du latin crepis et du grec krêpis), de la chondrille (du latin chondrilla et du grec chondrilê) et du cumin (du latin cuminum et du grec kyminon). Les langues germaniques ont fortement contribué à la formation des noms de plantes. La berce proviendrait de Bär, ours (qui a également donné Berne et Berlin), probablement en raison de l'apparence « mal léchée de la plante ». L'apport italien nous a fourni divers noms de légumes et de fruits, tel « brocoli », de broccoli, pluriel de broccolo, jeune pousse. L'arabe est une source importante : « curcuma » vient de kurkum, safran, car les deux plantes donnent un colorant jaune ; « abricotier » dérive d'al barquq, etc.

En comparaison, le gaulois et le celte n'ont pas linguistiquement une grande importance, car dans notre pays ces langues furent rapidement éliminées au profit du latin à la suite de la conquête romaine. Notons cependant le bouillon blanc, de bugillo ; bruyère, de bruco ; et if, de ivos, désignant respectivement ces végétaux.

Des curiosités

Certains noms sont trompeurs. Par exemple, la scille du Pérou, Scilla peruviana, n'est pas originaire d'Amérique du Sud, mais de Méditerranée : le naturiste suédois Linné la nomma ainsi parce qu'elle lui avait été rapportée d'Afrique du Nord sur un bateau nommé « le Pérou ». Les genres Alpinia et Allamanda ne font pas référence aux Alpes et à l'Allemagne, mais aux botanistes Prospero Alpini et Frédéric-Louis Allamand. Ce sont des plantes tropicales.

Plus curieux encore est le nom du topinambour. Ce tubercule originaire des grandes plaines d'Amérique du Nord fut introduit en Europe au début du XVIIe siècle, peu après sa « découverte » par Samuel de Champlain au Canada en 1603. À la même époque, plusieurs membres de la tribu des Tupinamba du Brésil furent exhibés comme curiosités à Rouen, puis à Paris, et leur nom fut attribué à la plante…

Citons aussi le crosne du Japon, un cousin de la menthe originaire du nord-ouest de la Chine, cultivé depuis des siècles sur l'archipel nippon d'où il fut rapporté en France à la fin du XIXe siècle. Auguste Pailleux et Désiré Bois en entreprirent la culture pour la première fois en France dans le jardin du premier, situé dans la ville de Crosne, alors en Seine-et-Oise et aujourd'hui dans l'Essonne.

Plus équivoque est le cas de la belladonne, dérivé de l'italien bella donna, belle femme, faisant allusion à l'habitude qu'avaient les Italiennes de la Renaissance de s'instiller dans les yeux quelques gouttes du suc des baies afin de donner à leur regard une profondeur due à la dilatation de la pupille – appelée « mydriase » – provoquée par les alcaloïdes de la plante, d'ailleurs généralement accompagnée d'hallucinations… Ainsi, l'origine du nom des plantes est bien surprenant !

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