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Les jardins de Nohant, inspiration champêtre de George Sand

Les jardins de Nohant

À l’image de sa propriétaire, le parc du domaine de George Sand est aussi poétique et sauvage que pragmatique et rationnel. D’une beauté mystérieuse en hiver ou éclatant de mille couleurs au printemps, il nous entraîne sur les traces de cet écrivain marqué par ce paysage du Berry.

Je hais Paris, j’y meurs de spleen [...], s’il ne fait pas plus chaud dans la Vallée Noire, du moins nous aurons de beaux brouillards et de superbes bruits de vent dans les arbres », écrit George Sand endécembre 1836, évoquant sa chère maison de Nohant qui l’a vue grandir. Acheté par sa grand-mère en 1793, le domaine berrichon se compose d’un château du XVIIIe siècle avec ses dépendances et d’un magnifique parc se déployant sur plus de cinq hectares. Fruit de la passion de deux femmes, George Sand et sa grand-mère, pour la nature, la botanique et l’esthétique romantique, Nohant est le lieu où l’écrivain lit, écrit et se ressource. Les plus grands artistes de l’époque (Chopin, Flaubert, Balzac, Gautier, Litszt...) s’y promenèrent, Eugène Delacroix y possédant même son atelier de peinture.

En prenant l’allée centrale, un majestueux sophora du Japon nous accueille. Surnommé «arbre à miel» en raison de ses fleurs particulièrement mellifères, ce spécimen centenaire est labellisé «arbre remarquable ». On admirera sa magnifique floraison blanc crème en été, si la chaleur est au rendez-vous. Tout de suite à gauche, le long du potager, un passage permet d’accéder au cimetière familial où reposent George Sand et les siens à l’ombre d’un if (Taxus baccata) plusieurs fois centenaires. Le long du mur se trouvent les plantes aromatiques et médicinales (menthe, valériane, sauge, pimprenelle, sarriette, hysope, lavande, romarin, livèche, marjolaine, phlox...) que l’écrivain utilisait pour se soigner. Son premier précepteur étant médecin, elle connaissait parfaitement l’anatomie ainsi que bon nombre de remèdes à base de plantes dont elle faisait profiter les villageois souffrants.

Une rose du Bengale acclimatée
À l’époque de George Sand, le potager était immense et permettait de fournir suffisamment de légumes pour toute la famille et les nombreux invités de passage. Largement réduit aujourd’hui, il a été en partie remplacé par un jardin de fleurs permettant de décorer la maison une bonne partie de l’année. À droite de l’allée centrale, on peut admirer dès le mois d’avril une somptueuse floraison d’un bleu rose violacé, mélange de pivoines et de glycines.

Puis vient la roseraie avec ses arceaux couverts de roses et ses espaces fleuris entourés de buis.Les roses anciennes côtoient les anglaises, des espèces remontantes, prolongeant ainsi la floraison tout l’été. Passionnée par les expériences d’acclimatation de plantes, George Sand possédait plusieurs variétés de roses exotiques, sa préférée étant celle du Bengale, «une rose, rose vif, énorme, vigoureuse en feuillage». Un peu plus loin, deux ginkgos (Ginkgo biloba), probablement plantés par Aurore Lauth, petite-fille de l’écrivain, se parent d’un jaune doré dès le mois d’octobre. La visite de la partie fonctionnelle et champêtre du jardin s’achève par le paisible verger de pommiers rustiques.

Un jardin de mousse et de lierre

Au bout de l’allée débute le romantique petit bois, dont l’apparence mystérieuse et sauvage n’est autre que le résultat d’une mise en scène sophistiquée : « Je travaille à la terre, quatre ou cinq heures par jour avec une passion d’abrutie, et j’ai fait un jardin à ma fantaisie dans mon petit bois. Un jardin de pierres, de mousse, de lierre, de tombeaux, de coquillages, de grottes, ça n’a pas le sens commun, mais tout ce que j’y remue de pierres, de souches, d’arrosoirs, de brouettées de sable et de terre, tout ce que j’y rêvasse de comédies, de romans, de riens, de flâneries intellectuelles, est fabuleux », écrit la romancière. Ce labyrinthe végétal où s’enchevêtrent buis, érables champêtres et lilas est recouvert de mousse et de lierre, d’où sortent au gré des saisons perce-neiges, violettes et cyclamens sauvages. Pour parfaire l’ambiance, une petite île dotée d’une passerelle en bois, évoquant probablement celle de Rousseau à Ermenonville, offre au promeneur un étonnant tableau onirique. Avant de visiter la demeure, n’oubliez pas d’admirer à l’arrière de la maison les deux cèdres du Liban remarquables plantés par George Sand en 1823 et 1828 pour la naissance de ses enfants.

Un pays sage et bien préservé

Plusieurs romans de George Sand (romans champêtres comme La mare au diable  ou La petite fadette écrits entre 1845 et 1853) se déroulent dans un rayon de  dix kilomètres autour de Nohant. Les éléments propres à ce paysage se retrouvent  dans les descriptions certes enjolivées par l’auteur : l’eau, sous la forme de ruisseaux,  de mares et de marais au milieu des bois et des landes, les haies et quelques arbres  (peupliers, trembles, aunes, chênes, ormes, bouleaux, hêtres) sont omniprésents. Un  chercheur de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), Max Bédeneau, a  étudié comment avaient évolué ces paysages. À partir du cadastre, il a pu constater  que, si les affectations des parcelles et certaines cultures ont changé, les éléments  forts du paysage de 1835 subsistent autour de Nohant quelque 150 ans plus tard.  Un pays sage et reposant encore préservé que l’on découvrira à pied en suivant les  nombreux sentiers balisés qui nous emmènent sur les traces de l’écrivain.  

En pratique

Le domaine est situé à  Nohant-Vic, à une trentaine de km de Châteauroux par la D 943.
Renseignement  
Ouvert au public tous les jours de 9h30 à 12h30 etde13h30à18h30du2maiau 4 septembre, de 10h à 12h30 et de 13h30 à 18h du 5 septembre au 30 avril. Le jardin est en accès libre. Visite guidée de la maison: 7,50 e (plein tarif). Tél.: 02 54 31 06 04.

Hébergement Auberge de La Petite Fadette, à partir de 70 e la nuit.
www.aubergepetitefadette.com

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