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Le lac de Grand-Lieu Immersion dans une réserve naturelle unique

la Maison du lac de Grand-Lieu

Au sud de Nantes, ce territoire hors norme de zones humides préservées est peu connu et pourtant, c'est le plus ancien et le plus grand lac de plaine français. Un site qui compte 550 variétés de végétaux, 300 espèces d'oiseaux, des prairies inondées et des vues panoramiques exceptionnelles.

Nul besoin de traverser le monde pour atterrir dans une contrée dépaysante ! À trente minutes de l'océan Atlantique, le lac de Grand-Lieu – géré par la Société nationale de la ­protection de la nature (SNPN) depuis 1985 – préserve une biodiversité époustouflante, devenue un site d'observation idéal pour les travaux scientifiques de protection de l'environnement. Jusqu'à la fin des années 1970, une ­partie de ces terres ainsi que l'ancien pavillon de chasse que l'on peut visiter, était la propriété du parfumeur Jean-Paul Guerlain.

Toute l'année, les randonneurs sillonnent les bords du lac qui s'étend sur plus de 6 000 hectares en hiver quand les eaux sont au plus haut. Entièrement protégé – aucun bateau ne peut s'y déplacer à l'exception des pêcheurs agréés – il n'est pas facilement accessible. Plusieurs « fenêtres » ont été aménagées pour mieux le découvrir. De mai à octobre, un observatoire ornithologique est installé.

Plusieurs parcours sont proposés par la Maison du lac de Grand-Lieu, à Bouaye, qui propose également un espace muséographique. Notre guide, le directeur de la réserve, Jean-Marc Gillier, nous indique les grandes étapes de la randonnée « Immersion Nature » qui parcoure 15 kilomètres sur le sentier des Halbrans (nom donné aux jeunes canards âgés d'un an) : « À la fin du printemps, quand la nature émerge, la balade commence au lever du soleil au lieu-dit Pierre Aiguë à Saint-Aignan de Grand-Lieu, remarquable pour son point de vue sur les ­herbiers de nénuphars. » En effet, les fonds étant constitués de tourbe, une partie de la végétation est flottante. Des plaques entières de carex (plante vivace rhizomateuse), de roseaux et d'aulnes surnagent ; parfois elles se détachent de la matrice et se déplacent sur le lac. Ainsi, des aulnes nés quelques kilomètres plus loin viennent s'échouer sur le site de Pierre Aiguë. On les découvre après avoir emprunté un chemin bordé de chênes et la vision de cet herbier flottant riche en mâcres (châtaignes d'eau), en nénuphars jaunes et blancs est saisissante. En avril, les eaux s'étant retirées, ce sont les plantes entières avec leurs racines qui composent un tableau pour le moins curieux !

Plus loin, les prairies inondables sont jalonnées de boisements qui bordent le lac. À la Maison du Lac, on observe un paysage pastel qui se pare de jaune, de rose et de blanc avec les cardamines (cresson des prés), les lys des marais, les renoncules et les belles angéliques. Toute l'année, le site est le repaire des végétaux friands de zones marécageuses : des joncs, des salicaires, de petits buissons de bourdaine et des achillées. À l'approche du port de Trejet, les prairies inondables regorgent de jolies fritillaires pintades, une espèce à préserver. Point d'orgue : de véritables prairies d'orchidées ont fait leur apparition depuis que l'homme a cessé d'intervenir sur certaines zones. Ce n'est pas le cas partout : d'autres prairies sont pâturées par les vaches de plusieurs élevages bio.

À certains endroits, c'est le règne de la ­Jussie d'Amérique. Avec le réchauffement climatique, cette plante aquatique exotique, utilisée en aquariophilie pour décorer les bacs de ses fleurs, grignote de plus en plus de territoire. Appréciant au départ les zones humides, elle est désormais devenue terrestre. Et tend à remplacer la flore locale, avec un impact problématique sur la biodiversité ainsi que sur l'activité de l'élevage.

Protéger les zones humides des plantes exotiques

Audrey Cadou est responsable de la médiation scientifique à la Maison du Lac de Grand Lieu, en charge de ce centre d'éducation à l'environnement dédié à la préservation des zones humides : « Nous travaillons sur la réserve pour que la biodiversité s'équilibre naturellement le mieux possible. Nous intervenons très peu sauf pour stopper l'invasion des plantes exotiques comme la Jussie. Même si elle est désormais interdite à la vente dans les jardineries, cela ne suffit pas et nous faisons régulièrement des campagnes d'arrachage. Bien sûr on s'intéresse à la qualité de l'eau, à sa gestion par les différents acteurs afin de limiter les pollutions chimiques. »

Depuis la Maison du Lac, on descend vers le bord du lac en traversant d'anciennes pépinières laissées à l'abandon : on y retrouve une biodiversité exotique avec des cèdres du Liban et des chênes roux d'Amérique mélangés à des pommiers, des poiriers, des tilleuls, des bouleaux et des ifs. Au bord de l'eau, plusieurs variétés de saules se sont épanouies : le saule roux (une espèce indigène), le saule des vanniers (une espèce rustique), des saules fragiles reconnaissables à leurs feuilles vertes luisantes, et quelques saules pleureurs.

Un écosystème riche, mais fragile

Tout au long de la promenade qui se termine au Port de la Morinière on observe comment les oiseaux trouvent ici leur paradis grâce aux saulaies, aux herbiers flottants et aux roselières (constituées essentiellement de roseaux). Deuxième réserve ornithologique de France avec 300 espèces d'oiseaux, le lac de Grand-Lieu accueille des oiseaux migrateurs qui y font une halte pour reprendre des forces : les canards souchets se nourrissent de particules de nénuphars à la surface de l'eau et d'insectes aquatiques, avant de partir se reproduire au nord vers la Scandinavie. La foulque macroule va chercher les végétaux au fond de l'eau.

Selon les saisons, de belles colonies de grands échassiers – dont les hérons qui ne sont plus considérés comme nuisibles – se délectent d'écrevisses de Louisiane, qui sont pêchées et commercialisées afin d'éviter leur prolifération ! Quant aux oies sauvages, elles broutent des graminées, des plantes herbacées, de la prêle sur les prairies humides. Ainsi s'équilibre un riche écosystème dans lequel la faune, la flore et les humains jouent chacun un rôle. Mais un équilibre sur lequel il faut veiller. Malgré la beauté évidente du lieu, n'oublions pas qu'il est très fragile.

Infos pratiques

Comment y aller :

Depuis Paris, comptez 2 h 30 en train jusqu'à Nantes. Bus de Nantes à Bouaye en vingt-cinq minutes.

Visites et tarifs :

  • Le pass 5 sites regroupe les sites donnant une belle visibilité sur le lac (dont la Maison du Lac de Grand-Lieu, l'abbatiale de Saint-Philbert et le Saint-Lumine-de-Coutais) : 7,50 € (enfant), 13 € (adulte).
  • Pass 3 sites : 10 € (adulte), 6,50 € (enfant).

À noter que la majorité des sites est fermée le lundi. Tél. : 02 28 25 19 07 / www.lacdegrandlieu.com

Y dormir :

Hôtel-restaurant Les Champs d'Avaux, à Bouaye, près de Nantes : à partir de 79 € la chambre. champsdavaux.com

A savoir :

La maison du lac organise des conférences, ateliers, expositions. Renseignement sur maisondulacdegrandlieu.com

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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