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Le Jardin botanique de Kestellic Breton : exotique et sauvage

Le Jardin botanique de Kestellic Breton
Le Jardin botanique de Kestellic Breton

Dans les Côtes d'Armor, à Plouguiel, ce jardin remarquable est habité par l'esprit des plantes. Quelque 1 800 espèces de végétaux entourent un manoir du XIXe siècle, créant des ambiances étonnantes entre zones humides, terrain presque méditerranéen et vue panoramique sur l'estuaire du Jaudy bien connu pour sa richesse écologique.

Suspendu au-dessus du fleuve côtier le Jaudy, le jardin de Kestellic a pris forme en 1880 à partir de la vision d'un grand voyageur, Aristide Tallibart, à son retour de Constantinople. À côté d'une belle forêt, il fit construire un manoir en granit rose, dans lequel vient de s'installer un nouveau propriétaire, le brestois Guirec Maréchal, tombé sous le charme de ce jardin : « C'est un diamant caché que je voudrais mettre en valeur ; ses reliefs étonnants sont autant de tableaux vivants. En tant qu'amoureux des fleurs, je vais ajouter notamment des dahlias et des camélias pour appuyer le côté romantique et poétique ». Chaque saison, cet écosystème se renouvelle. C'est une terre de contrastes où le microclimat breton, adouci par une exposition plein sud, fait de la place aussi bien à des plantes exotiques qu'à des fougères préhistoriques ou des espèces méditerranéennes ! Ainsi ce jardin de sept hectares et son manoir sont classés monuments historiques depuis 1992.

Un petit paradis caché

L'entrée du jardin apparaît sur une terre sauvage loin de toute habitation. Quand on y pénètre, le changement d'ambiance est saisissant : nous voilà dans un royaume de sous-bois où l'air est vivifiant et accueille de magnifiques Hydrangea, dont des hortensias du Vietnam bleus et blancs, mais aussi des magnolias asiatiques et des rhododendrons. L'allée ombragée est encadrée par des dizaines d'érables du Japon qui déploient leur zénitude et leur feuillage fin comme de la dentelle. Cet environnement protégé et tempéré abrite une belle collection de hêtres Nothofagus, et le singulier Davidia involucrata, « l'Arbre aux mouchoirs », originaire de Chine. Grâce à Tanguy Rabin, le maître jardinier qui œuvre au Kestellic depuis cinq ans, le « zéro phyto » fait loi désormais, tandis qu'il réfléchit aux évolutions à apporter pour s'adapter au réchauffement climatique. « On va privilégier les plantes succulentes car elles s'adaptent très bien à la chaleur en stockant l'eau et en ralentissant leur croissance. Les arbustes de garrigue, la lavande et les arbousiers pousseront sans problème ».

Sur cette terre de bruyère naturelle et forestière, une zone humide s'est épanouie grâce à l'ingéniosité du créateur Aristide Tallibart qui avait fait installer un système d'irrigation avec des canaux et des bassins en pierre. Ainsi, le jardin bénéficie toujours d'une rivière et de nombreux points d'eau, près desquels grandissent les belles fougères de Madère, les fougères arborescentes, les bambous, les Elegia capensis et les lys de l'Himalaya. Dans cette biodiversité foisonnante et sur un relief très pentu, on croise des raretés comme le lotus d'or (Musella lasiocarpa), originaire des montagnes du Yunnan en Chine. De la famille des musacées comme le bananier, le lotus d'or se caractérise par son inflorescence dense comme un épi jaune qui ressemble à une immense fleur de lotus. À l'état sauvage il a quasiment disparu. On prend aussi en photo le Lapageria rosea, l'emblème du Chili ; cette liane donne d'immenses fleurs épaisses, coriaces, brillantes, rose et rouge qui tombent comme de grandes clochettes. On découvre un autre végétal originaire du Chili, le Nothofagus antartica (ou faux hêtre austral) : il embaume la cannelle quand les boutons floraux apparaissent. Dans cette jungle bretonne, la Brugmansia sanguinea donne une fleur baptisée la « trompette des anges écarlate » en dégradé jaune, orange et rouge ; elle appartient à une espèce toxique de la famille des Solanaceae. En revanche, la rhubarbe géante du Chili (Gunnera tinctoria) est tout à fait comestible. En se rapprochant du manoir, la partie la plus ensoleillée du jardin se découvre. Protégé des vents, l'environnement plus rocailleux laisse entrevoir le granit rose qui a donné son nom à la côte.

Toute la richesse du littoral

L'air iodé et les eaux qui remontent du Jaudy favorisent un écosystème riche, avec des palmiers, des agaves et des cactus. Les essences d'eucalyptus et de pins embaument. Parmi les arbustes, les myrtes – dont on déguste feuilles et baies – s'épanouissent à merveille. Autre ami du littoral, l'arbousier donne des fleurs blanches à clochette qui se transforment en baies acidulées riches en vitamine C. Les mûriers sont aussi consommés pour leurs fruits charnus sucrés et astringents, connus comme veinotoniques depuis l'époque d'Hildegarde de Bingen. Ici, les ifs côtoient les oliviers, les chênes verts et les chênes-lièges. Les cistes des garrigues ont élu domicile sur ce terrain sec, ainsi que les Érythrines d'Amérique du Sud, étonnantes fleurs qui poussent sur les « arbres corail », appréciés pour leur capacité d'adaptation dans les climats doux. En quittant ce lieu magique, notre regard se pose sur une rivière qui se jette dans la Manche et la ville de Tréguier à l'horizon.

Passiflore, la relaxante passionnée

Originaire d'Amérique du Sud, la belle Passiflora edulis fournit fleurs et fruits de la passion. En phytothérapie, la Passiflora incarnata est prisée pour son effet anti-stress : ses alcaloïdes indoliques apaisent le système nerveux central. À conseiller pour soulager nervosité, émotivité, troubles du sommeil, palpitations, problèmes digestifs. En homéopathie, elle se prend en basse dilution pour favoriser l'endormissement.

Passiflora edulis f

Les fougères géantes arborescentes (Dicksonia antartica)

Ces fougères d'Australie sont des antiquités végétales apparues sur Terre avant les premiers arbres à l'ère primaire (300 millions d'années avant J.-C.). Avant elles, le règne végétal avait débuté avec les algues, les champignons et les lichens. Elles poussaient à la hauteur des dinosaures qui les consommaient. En Bretagne, avec de l'eau et de l'espace, elles apportent de la fraîcheur et un design exotico-préhistorique très élégant !

 

Infos pratiques

Comment y aller : Par le train, prendre le TGV de Paris à Saint Brieuc (3 heures), puis le bus jusqu'à Tréguier.

Horaires : Le jardin du Kestellic, 22 220 Plouguiel, est ouvert d'avril à mi-novembre, tous les jours sauf le lundi, de 11 h à 18 h. Tél : 06 73 84 00 15, www.kestellic.fr

Tarifs : 4,50 e pour les enfants, 8,50 e pour les adultes. Un salon de thé, et à venir des conférences sur le thème du végétal.

Se loger : Gîtes de charme en Trégor : le Manoir de Kerhir à Trédarzec, dans un parc de 15 hectares. À partir de 350 e le grand week-end, 380 e la semaine. Tél : 02 96 92 31 69, manoirdekehir.com Chambres d'hôtes non loin de Tréguier : www.kerarmen.com à partir de 80 e la chambre.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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