Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Le jardin Ephrussi, Un balcon fleuri sur la Riviera

© H. Lagarde

En 1905, la baronne Béatrice Ephrussi de Rothschild, séduite par la beauté du piton rocheux qui surplombe la rade de Villefranche-sur-Mer, y fit construire une villa d'inspiration florentine et lança de grands travaux pour aménager sept jardins à thème. Aujourd'hui, ces jardins luxuriants semblent avoir toujours été là… « même si tout cela n'est pas vraiment naturel », s'amuse André Castillon, le chef jardinier. La visite commence d'ailleurs par un jardin à la française, imaginé par la baronne de Rothschild comme le pont d'un bateau en souvenir de ses voyages. De grandes pelouses accueillant en leurs centres des bassins où flottent nénuphars et lotus, sont reliées par un canal soulignant la perspective entre la villa d'un côté et le temple de l'Amour de l'autre, qui n'est rien d'autre qu'une réplique du Trianon de Versailles. Haies de cyprès, pins d'Alep et oliviers bordent ce jardin sur lequel veille un banian centenaire aux racines aériennes.

Éveil des sens

© Culturespaces-Eric SpillerDescendre quelques marches suffit pour changer d'ambiance. Le jardin espagnol ressemble à un patio arabo-andalou où dominent le jaune et l'orange au printemps, puis le blanc et le rose à l'automne. Il réveille les sens avec les ­fragrances provenant de la haie de jasmin étoilé, des chèvrefeuilles aux feuilles semi-caduques, ou des daturas au parfum entêtant. Les oiseaux de paradis, les buddleias de Madagascar, les grenadiers et les bégonias rouges animent cette palette de tons chauds. Sur la pergola, des rosiers Eyeconic grimpants aux fleurs jaunes et rouges semblables à des hibiscus et un rosier centenaire Lady Banks prolongent leur floraison à l'automne et diffusent leurs délicats arômes.

C'est un grand escalier en fer à cheval qui dessine les contours du jardin florentin. Accroché au promontoire rocheux, il offre un panorama vertigineux sur la rade de Villefranche-sur-Mer. Dans un petit bassin entouré de papyrus, des Farfugium japonicum aux grandes feuilles rondes se parent, en fin de saison, d'une flopée de fleurs jaunes. La baronne, qui adorait rapporter de ses voyages des œuvres d'art et des végétaux exotiques, a introduit des ­acacias comme le Farnesiana et l'acacia karroo, un mimosa odorant originaire d'Afrique du Sud qui fleurit tardivement. Autre curiosité botanique, l'Osmanthus fragrans aux fleurs orange délivre un parfum rappelant la clémentine en automne. En prenant l'allée bordée de cyprès centenaires, le sentier nous entraîne vers le jardin lapidaire. Il ressemble au cloître d'un monastère médiéval, avec des bas-reliefs et un mélange d'œuvres d'art hétéroclite. Insolite, on remarque un camphrier majestueux (voir encadré) originaire de Chine.

Le camphrier (Cinnamomum camphora)

Cet arbre originaire de Chine peut atteindre 30 mètres de haut. On le trouve au Japon et à Madagascar. Son feuillage est persistant, ses fleurs jaunes produisent des baies noires à maturité. La distillation de son bois donne une huile essentielle pour les problèmes respiratoires. En distillant les feuilles, on obtient l'huile essentielle de ravintsara, plus connue pour ses propriétés anti-infectieuses et antibactériennes.

Le jardin japonais est plus exotique encore

Dans ce jardin, entièrement restauré en 2003 grâce à un mécène japonais, Béatrice de Rothschild souhaitait aussi rappeler la façon dont les Japonais voient la nature. Son nom, Cho-Seki-Tei, signifie « le jardin où l'on écoute tranquillement le bruit des vagues au crépuscule ». On a ici le sentiment de pénétrer dans un univers mystérieux. L'on découvre un petit pavillon de bois en forme de pagode, un pont et des lanternes de pierre. Entourée de prêles et de roseaux, une fontaine déverse une eau qui s'écoule dans un petit bassin où batifolent des carpes koï, sacrées au Japon. Il est bordé de grands cèdres et de filaos plantés à l'époque de la baronne.

© DL SpillerLa balade se poursuit vers le jardin exotique. Sur le sentier se dresse une belle collection d'agrumes : orangers, citronniers de Menton et limes, brigadiers, litchis, kumquats, combavas et bergamotes. L'on découvre un caroubier de 300 ans vigoureux malgré son énorme tronc creux. « Ses graines servaient de monnaie d'échange dans l'Antiquité », raconte André Castillon. Plus loin, un bel arbuste, le Feijoa du Brésil, produit de petits fruits rouges délicieux. Profitant d'une belle exposition à l'ouest, des succulentes du monde entier forment un ensemble remarquable qui prolifère : cactées, grand agave, euphorbe candélabre, oreilles d'éléphants, sang-dragon…

Chic et bio

Depuis dix ans, l'entretien du jardin se fait en bio. « Par exemple, pour protéger les palmiers, qui sont attaqués sur la Côte d'Azur par des charançons rouges, nous faisons appel à un champignon, le beauveria, qui étouffe la larve de l'insecte. Puis, pour que le traitement soit plus efficace, nous taillons en septembre les palmiers en ananas », explique le chef jardinier. Dans ce jardin très travaillé, il n'est pas rare de croiser des hérissons, des hérons et de petits passereaux. Des signes qui montrent qu'il est devenu un repaire de biodiversité bien équilibré.

Des rosiers fleuris jusqu'à Noël

La roseraie date de 1922. Deux cents rosiers de variétés anciennes et hybrides composent chacun des massifs. De part et d'autre, des rosiers grimpants s'accrochent aux tonnelles. « Une taille dès le mois de janvier permet une floraison jusqu'à Noël », précise le jardinier, qui poursuit : « Une agricultrice d'Opio nous fournit une huile essentielle d'orange que nous utilisons pour protéger les feuilles de rosiers des maladies ». Continuant notre descente vers le jardin provençal bordé d'oliviers, d'arbousiers aux fruits acidulés riches en vitamine C, et de pins maritimes courbés par le vent, l'on découvre les plantes des garrigues, cystes, pistachiers lentisques, jujubiers… Les plantes médicinales y poussent à foison. L'on y croise, entre autres, l'héliotrope, l'absinthe, la pimprenelle ou la Mertensia maritima, aux petites fleurs bleues et au goût d'huître. L'air est parfumé des senteurs de lavandes et de romarins, sur lesquels les abeilles s'en donnent à cœur joie. La visite se termine sur cet hymne à la nature et l'on a le choix parmi plusieurs petits chemins pour remonter paisiblement vers le temple de l'Amour et le jardin à la française.

À Saint-Jean-Cap-Ferrat, ces sept jardins à thème entourant une villa florentine en bordure de la Méditerranée ont quelque chose de galvanisant en plein hiver. Labellisés jardins remarquables, ils déploient une succession d'ambiances en dégringolant de terrasse en terrasse et offrent une découverte botanique riche de plus de 1 500 espèces.

Infos pratiques

Pour y aller

En voiture : depuis Nice, accès par la basse corniche (RD6098).

En bus : ligne 15, arrêt Passable-Rothschild ou ligne 100, arrêt Pont Saint-Jean, puis environ 15 min de marche jusqu'à la villa.

En train : gare de Beaulieu-sur-Mer.

Horaires et tarifs

Du 1er février au 31 octobre : 10 h-18 h (19 h en juillet et août).

Du 1er novembre au 30 janvier : 14 h-18 h en semaine, 10 h-18 h week-end et vacances scolaires.

Plein tarif : 16 €. Tarif réduit : 13 €.

Tarif jeune : 11 €. Tarif famille : 45 € (2 adultes et 2 enfants). Site : Villa-ephrussi.com

Hébergement

Hôtel Villa Patricia, 310 av. de l'Ange gardien, 06230 Villefranche-sur-Mer (par le bus 15), autour de 90 € suivant la saison. Tél. : 04 93 01 06 70. Site : hotel-patricia.riviera.fr

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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