Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

La majestueuse monarde

monarde

Dans le jardin médicinal, certaines plantes jouent les coquettes. Les monardes, avec leurs fleurs rouges éclatantes ou roses selon l’espèce, apportent un excellent compromis entre beauté et utilité. Ces étonnantes lamiacées ne manqueront pas de faire tourner quelques têtes pendant leurs mois de floraison, notamment grâce aux parfums envoûtants qu’elles exhalent. Christophe Bernard, naturopathe herbaliste. À retrouver sur son blog, www.altheaprovence.com

Infusion plaisir ou santé

Il existe plusieurs espèces de monardes. La rouge (Monarda didyma) dégage de riches notes de bergamote qui la rendent idéale pour une infusion plaisir. Ses huiles essentielles fournissent la gamme traditionnelle de propriétés digestives, à la fois antispasmodique pour calmer les crampes et antibactérienne pour aider à réguler la flore intestinale, réduisant au passage la production de gaz.

Pour une activité thérapeutique plus marquée, il faut se tourner vers la monarde rose (Monarda fistulosa), tant prisée par les tribus amérindiennes du sud des États-Unis. Ses molécules aromatiques plus puissantes lui donnent un excellent pouvoir désinfectant, ce qui la rend utile pour lutter contre les candidoses. Une infusion concentrée est préparée puis appliquée localement pour une candidose cutanée, ou prise en interne pour une candi- dose buccale, digestive ou vaginale. Ses huiles ont une action systémique et son utilisation est similaire à celle de son cousin l’origan.

La monarde en infusion chaude est diaphorétique (elle stimule la transpiration) et aide à réguler la température pendant une fièvre. Dans certaines communautés amérindiennes, elle est prise juste avant la cérémonie de la hutte à sudation afin d’encourager une bonne élimination. La plante semble aussi tonifier la circulation cérébrale, ce qui la rend intéressante pour les problèmes de cognition ou d’acouphènes dus à une mauvaise circulation. Enfin, elle pourra vous rendre service en cas d’affections de la gorge.

Au jardin

Vous trouverez Monarda didyma dans de nombreuses jardineries. Elle devient en effet de plus en plus populaire en tant que plante ornementale. Ce n’est pas le cas de sa cousine Monarda fistulosa, qui devra être cultivée. La monarde germe relativement bien en utilisant des techniques de germination classiques. Semez-la au printemps, vers avril-mai. Préparez un bac de plantation avec une poignée de sable pour six poignées de terreau. Remplissez le bac, mouillez la terre et tassez. Semez les graines puis recouvrez-les d’un peu de terre et tassez de nouveau. Gardez humide jusqu’à germination. Travaillez la plante en godet, puis passez-la en terre lorsque les racines commencent à sortir.

Propagation par stolons
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La monarde peut devenir envahissante, surtout la rouge qui a tendance à coloniser les endroits qu’elle apprécie. Elle se propage par stolons (ramification de la base de la tige d’une plante). Vous pouvez donc fabriquer un carré spécialement pour elle ou garder chaque plante en pot et enterrer le pot afin de la contrôler. Elle produira beaucoup plus d’essences aromatiques si vous la placez en plein soleil, bien qu’elle tolère aussi une exposition mi-ombre. L’arrosage doit être régulier les premières semaines, puis éparse lorsque la plante est bien établie.

Coupez les fleurs fanées

La floraison commence vers la fin juin et peut durer jusqu’à septembre. Les fleurs sont très mellifères et attirent tout un écosystème d’insectes. Coupez régulièrement les fleurs fanées afin de stimuler le développement des nouvelles. Rabattez la plante avant l’hiver. Afin de multiplier vos plantes, vous pouvez facilement effectuer une division de motte, ou mieux, pour la rouge, sortir délicatement une tige de terre qui devrait exhiber à sa base de petites radicelles blanches. Replantez cette tige, elle donnera naissance à une nouvelle plante. Compostez les tiges fibreuses.

À l’atelier - Pastilles pour la gorge

La monarde est utilisée en infusion dans la tradition amérindienne. La préparation ci-dessous utilise plutôt ses propriétés antiseptiques afin de soulager un mal de gorge. La plante va être associée au miel et à la douceur de la guimauve. Les pastilles seront recouvertes de racine de réglisse. Un conseil : achetez la guimauve et la réglisse déjà pulvérisée en herboristerie.

1.Pulvérisez 60 g de feuilles de monarde rose. La plante garde une bonne partie de ses huiles à la pulvérisation. Placez la poudre dans un saladier et rajoutez 30 g de racines de guimauve pulvérisées (à demander en herboristerie). Mélangez d’une manière homogène.

2.Placez ce mélange dans un verre mesureur et notez le volume occupé sur l’échelle des liquides, puis replacez la poudre dans le saladier. Faites chauffer le miel au bain-marie afin de le liquéfier. Prévoyez entre 3 et 5 cuillères à soupe de miel pour chaque 200 ml de poudre.

3. Creusez un cratère dans la poudre et versez-y un peu de miel. Commencez à pétrir. Rajoutez du miel jusqu’à obtenir une pâte épaisse qui ne s’effrite pas et qui ne colle plus (vous allez, au passage, vous engluer les doigts). Formez ensuite un boudin de 2 à 3 cm de diamètre, puis à l’aide d’un couteau de cuisine, coupez des lamelles d’un centimètre (les pastilles).

4. Roulez les pastilles dans la racine de réglisse pulvérisée. Placez- les sur la grille et laissez-les sécher à l’air libre pendant une nuit. Rangez-les ensuite dans une boîte et gardez-les au frais. Les pastilles restent souples et se désagrègent vite en bouche. Ne les mâchez pas, mais laissez-les plutôt fondre dans un coin de votre bouche afin qu’elles libèrent lentement le mélange de plantes.

Préparez aussi... Pour fabriquer une alcoolature, prenez 100 g de plante sèche que vous plongez dans 500 ml d’alcool à 50°. Laissez macérer 4 ou 5 jours afin d’extraire l’aspect aromatique de la plante. 

Sécher feuilles et fleurs

Les monardes donnent naissance à de longues tiges carrées très solides. Coupez ces tiges entières en début de floraison. Si comme moi, vous avez du mal à interrompre cette explosion de couleurs, coupez-en quelques-unes de-ci de-là. Elles sèchent bien en bouquet suspendu ou entières sur des claies, toujours dans un endroit sec, à l’abri du soleil direct et bien aéré. Une fois sèches, détachez délicatement les feuilles et fleurs et conservez-les dans des sacs en papier. Compostez les tiges fibreuses.

Almanach de septembre

Certaines plantes ont beaucoup donné pendant les mois de juillet et août. Elles sont parfois épuisées début septembre, avec des parties aériennes qui ont bien triste mine. Une dernière croissance avant l’hiver est encore jouable. Nettoyez les parties fanées et coupez les tiges les plus vieilles. N’hésitez pas à bien élaguer afin que la plante puisse concentrer son énergie sur les dernières pousses. Incorporez quelques poignées de compost autour de la plante et arrosez bien.

La récolte des plantes médicinales à racines débute vers la fin du mois de septembre dans certaines régions les plus fraîches. Attendez que les parties aériennes soient quasiment mortes, signe que l’énergie et les constituants de la plante sont repartis vers les racines. Si votre terre est compacte, versez un arrosoir sur la plante la veille de la récolte afin d’assouplir la terre. Le lendemain, déracinez délicatement la plante avec une fourche bêche. Dès que possible, prélevez les racines les plus longues, puis idéalement replantez la plante afin qu’elle reparte l’année suivante. Ceci est faisable pour la guimauve, l’échinacée pâle ou pourpre, la réglisse, la grande aunée, la patience crépue...

Pour bien faire sécher les racines, nettoyez-les d’abord à grande eau. Enlevez la terre en les brossant à l’aide d’une brosse à chiendent, puis coupez les racines en tronçons. Contrairement aux fleurs et aux feuilles qui sont souvent fragiles, les racines peuvent tolérer un séchage à une température plus élevée (dans une étuve, avec un déshydrateur, dans une pièce située sous les toits...).

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