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Cuisinez les jolies feuilles de coquelicot

Cueillette sauvage : le coquelicot

Plante messicole par excellence, le coquelicot nous attire toujours par le rouge flamboyant de ses pétales. Mais c’est avant qu’il ne monte en tige et ne fleurisse qu’il fournit une délicieuse salade sauvage.

Comme tous les enfants des temps passés, je m’émerveillais des coquelicots écarlates qui fleurissaient les champs de blé. Ma sœur et moi fabriquions des poupées avec les boutons qui s’entrouvraient et récoltions dérisoirement les fleurs épanouies pour en faire des bouquets : c’est ainsi que j’appris ce que « caduc » veut dire, puisque les superbes pétales rouges tombaient toujours avant que nous n’ayons atteint la maison. Restaient alors dans nos mains de curieux cônes verts entourés d’une collerette fournie d’étamines sombres. Parfois, bravant de possibles interdits, je croquais ce tendre ovaire empli de petites billes blanches, pâle caviar végétal. Et je m’étonnais de sa saveur un peu vireuse, gage supposé (mais jamais avéré) d’un accès rapide aux paradis artificiels : après tout, le coquelicot est un proche parent du pavot somnifère qui fournit l’opium.

Une herbe sauvage qui s'invite en cuisine

J’ai appris depuis que si le coquelicot renferme également des alcaloïdes, ces derniers sont parfaitement inoffensifs. Le coquelicot est un petit frère bien sage du pavot dont les effets se bornent à calmer les enfants nerveux et à en apaiser la toux grâce à son mucilage. Dans ce cas, ce sont avant tout les pétales que l’on emploie, qui procurent une jolie tisane d’un rouge pourpré. Il m’est arrivé d’en préparer une sorte de confiture colorée en faisant cuire les pétales avec du sucre, mais je la trouve un peu fade. Je préfère mêler le coquelicot au sureau qui le relève de sa saveur musquée, le premier apportant surtout une note de couleur rose, très élégante dans un yaourt.

Si l’on veut manger sérieusement le coquelicot, c’est vers ses feuilles qu’il faut se tourner. Malheureusement, lorsque notre plante fleurit, plus grand-chose ne reste de sa parure feuillée : toute l’énergie de la plante semble monter vers son sommet et les feuilles sont réduites à l’état de chiffons desséchés. C’est donc avant la floraison qu’il faut récolter les amples rosettes du coquelicot, formées de nombreuses feuilles vertes et tendres qui fournirent à d’innombrables générations les plus savoureuses salades du printemps.

Dans toutes nos campagnes, jadis, les touffes de feuilles de coquelicot faisaient partie des herbes sauvages que chacun récoltait pour profiter des bienfaits gustatifs et nutritionnels de la nature après les privations de l’hiver. De fait, malgré leur pilosité, les feuilles de coquelicot sont absolument délicieuses : elles possèdent une délicate saveur de noisette dépourvue de toute amertume et un croquant bien particulier, du moins lorsqu’elles sont crues, ce qui est sans doute la meilleure façon de les consommer. Dans la région méditerranéenne, il est encore courant de les faire cuire « à la bourbouillade », c’est-à-dire dans de l’eau, pour les servir avec un filet de citron, quelques grains de sel et une bonne rasade d’huile d’olive.

Quant aux graines du coquelicot, elles ressemblent à celles du pavot, son cousin, mais elles sont brunes plutôt que bleues, et de taille réduite. Les Romains, qui possédaient une abondante main-d’œuvre gratuite, en extrayaient une huile très fine. Plus simplement, on peut en saupoudrer sa nourriture pour leur goût agréable ou rehausser ce dernier en les grillant légèrement pour les mêler ensuite à du sel. Ce condiment de coquelicot se montre riche en acides gras polyinsaturés et permet ainsi de joindre l’utile à l’agréable.

Recette Sauvage : yaourt au coquelicot et au sureau

Ingrédients :  25 cl d’eau, 50 g de sucre, 5 corymbes de sureau frais, 1 verre de pétales de coquelicot, 4 yaourts nature.

Préparation :

  1. Faites bouillir l’eau avec le sucre.
  2. Ajoutez le tiers du sureau et du coquelicot et laissez bouillir 10 minutes. 
  3. Retirez du feu et ajoutez de nouveau des fleurs. 
  4. Au bout d’un quart d’heure, mettez le reste des plantes, mixez et filtrez. 
  5. Mélangez le sirop au yaourt et mettez au réfrigérateur.
  6. Servez frais.

Aller plus loin : François Couplan organise des stages de découverte des plantes sauvages comestibles et médicinales. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur les plantes et la nature. www.couplan.com.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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