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La convivialité, c'est bon pour la santé !

Manger à table

Les repas en famille ou entre amis font partie intégrante de notre culture et de notre conception de la qualité de vie. Depuis peu, des scientifiques s'intéressent et démontrent les effets bénéfiques sur notre santé de ces occasions de convivialité. Facteur de longévité, maîtrise de son poids… Ne manquons pas une occasion de prendre ce moment de plaisir.

Nous passons de moins en moins de temps à partager nos repas. Les jeunes générations s'enferment dans leur chambre pour manger devant leur portable, alors que leurs aînés se font livrer des sushis ou un curry qu'ils avalent à toute vitesse. C'est un tort et les études ne manquent d'ailleurs pas de nous alerter sur les impacts négatifs de ces comportements, notamment sur le surpoids. Pour rester en bonne santé, nos façons de manger et même de cuisiner pourraient avoir autant d'importance que le choix de nos aliments. C'est ce que les chercheurs commencent à démontrer. Et ce sont les scientifiques qui travaillent sur les populations de centenaires qui se sont d'abord interrogés sur certaines habitudes alimentaires.

Un facteur de longévité

En effet, que pouvaient bien avoir en commun les centenaires qui vivent autour du bassin méditerranéen et ceux qui, de l'autre côté de la planète, habitent sur l'île japonaise d'Okinawa ? Leur âge, presque canonique et leur santé remarquable, certes. Mais pas vraiment d'aliments communs dans leurs assiettes. Tandis que les uns se sustentent de tomates, de poivrons et de courgettes abondamment arrosées d'huile d'olive, les autres préfèrent se nourrir d'algues, de choux et de porc assaisonnés à l'huile de sésame. Même si la prépondérance de certains micronutriments a été retrouvée dans leurs menus ­respectifs, un point les rassemble : ces peuples pratiquent la commensalité. Traduisez : ils aiment partager ensemble des repas et parfois même les préparer. Et ces moments d'amitié et de réunion s'avèrent être l'un des facteurs protecteurs et de longévité. Deux études récentes suggèrent ainsi que l'adhérence au régime méditerranéen ne peut se résumer aux choix des aliments et à leur fréquence de consommation. Suivre un régime méditerranéen implique bien plus que cela. Les activités culinaires et le plaisir d'un bon repas font ainsi partie de cette hygiène de vie. « Lorsqu'on partage un repas en famille ou avec des amis, on se réconcilie avec soi-même tout en se rattachant à ce qui est essentiel et vital : l'amour et le plaisir », souligne Perla ­Servan-Schreiber, auteure du livre Les recettes de ma vie (éd. Flammarion). Des liens sociaux autour d'une table, auxquels les Français sont depuis longtemps attachés. Nous qui faisons partie des peuples, dont l'espérance de vie est l'une des plus élevée au monde. Pour les chercheurs des autres pays, cette commensalité expliquerait...

d'ailleurs en partie notre célèbre « paradoxe français ».

Convivialité chez les grands chefs

Revenir à des repas conviviaux, autour d'une grande tablée, même nos grands chefs s'y emploient. Et ils oublient les codes très guindés de la gastronomie en ouvrant des restaurants où cuisine rime avec partage. Citons par exemple Les Cocottes de Christian Constant, les produits du terroir à la Joia, du bistrot d'Hélène Darroz ou le restaurant Le Chardenoux de Cyril Lignac, la cuisine « comme à la maison » de Jean-François et Elodie Piège à l'épi d'Or. Quant à Pierre Gagnaire, le multi-étoilé au Guide Michelin, il transmet ses recettes avec son livre Les copains d'abord.

 

L'étude Nutrinet-Santé va encore plus loin. Pour vérifier l'impact de nos us et coutumes sur notre poids, elle s'est penchée sur notre modèle traditionnel français qui consiste à consommer trois repas par jour, à heures fixes, assis à une table avec d'autres personnes, chacun considérant les repas comme un moment de plaisir. Résultat de l'étude : les personnes qui adhérent le plus à ce modèle sont celles qui sont les moins ­susceptibles d'être en surpoids et encore moins d'être obèses. « Contrairement à ce que l'on croit, un repas entre amis permet de ­manger en pleine conscience d'abord parce que l'on savoure les mets et aussi parce qu'on en parle entre nous, confirme Perla Servan-Schreiber. À l'inverse, manger sans conscience nous coupe du goût des aliments que l'on ne ressent plus. En mode automatique, nous entrons alors dans une boulimie inconsciente. Celle-ci court-­circuite la sensation de satiété qui nous indique que nous devons arrêter de nous nourrir. ­Manger n'importe quoi, c'est faire violence à son corps. Mais manger seul et sans plaisir écorche l'âme. »

Quand les enfants en profitent

Le plaisir de manger un aliment, ça s'apprend. Et ça s'apprend dès le plus jeune âge, autour d'une table et en communauté. Selon la Société française de nutrition : « L'enfant s'imprègne des attitudes des autres convives vis-à-vis des aliments. Il les imite, communique et compare ses sensations avec celles des autres. » D'où l'importance de moments de partage au cours desquels les aliments considérés comme bons pour la santé vont trouver toute leur place. Sans oublier le fait que chez l'enfant, le plaisir de manger augmente avec la familiarisation. Plus on va partager un plat avec lui, plus il va apprendre à l'aimer.

En cuisinant, on se rassasie

Toutes les activités que nous pratiquons en mangeant et qui détournent notre attention de notre assiette sont déconseillées : travailler, faire des courses, jouer sur son ordinateur, tchater sur son ­portable… Regarder la télévision apparaît aussi comme l'un des critères les plus néfastes, notamment chez l'enfant. Dans le contexte d'une augmentation de l'obésité infantile, certains chercheurs soulignent ainsi l'intérêt de revenir à des repas de famille où le plaisir et le partage auraient toute leur place. Prodiguer des conseils nutritionnels en disant à son enfant qu'un aliment est bon pour sa santé s'est en effet révélé inefficace, voire contre-productif. En revanche, lui faire découvrir un aliment sain à travers un plat goûteux change sa vision. Le faire participer à sa préparation aussi. Car faire la cuisine peut aussi devenir un autre atout convivial. « En cuisinant, on se rassasie autrement. Et on comble ses sens. Cuisiner, c'est aussi toucher, sentir, voir, nourrir, partager et transmettre », précise Perla Servan-schreiber. Très impliquée dans la lutte contre l'obésité qui sévit au Brésil, la chercheuse et nutritionniste Sophie Deram a d'ailleurs fait de la cuisine son cheval de bataille. Dans son livre, Oubliez les régimes, ils font grossir (éd. Marabout), elle énumère sept secrets qui permettent de perdre du poids de façon durable. Cuisiner et faire de ses repas des fêtes sont deux des piliers de son programme 100 % plaisir. « Pour moi, chaque plat est une fête : s'asseoir, entouré de ses proches, après avoir cuisiné à plusieurs est un cadeau, une chance à ne pas laisser passer », revendique, à son tour, le chef Pierre Gagnaire qui continue à cuisiner pour ses amis après ses heures de travail.

Le Brésil à l'heure française

Pour les chercheurs des autres pays, notre commensalité éclaire en partie le célèbre paradoxe français, nous qui sommes considérés comme de gros mangeurs passant beaucoup de temps à table. Des chercheurs brésiliens ont ainsi décidé d'importer notre modèle alimentaire qui se caractérise par des repas structurés pris en toute convivialité autour d'une table. Ils ont ainsi proposé à une trentaine de mères de famille brésiliennes et actives de suivre ces habitudes. Leurs conclusions : parce qu'elle nous rassemble et nous permet de communiquer, la table est apparue comme la pierre angulaire de la convivialité. Même quand il s'agit d'une table basse, adoptée par certaines familles de l'étude qui préféraient manger en s'asseyant sur un canapé. Pour ces familles, manger chacun dans sa chambre est désormais associé à la solitude et à la précarité !

La convivialité alimentaire renaît donc de ses cendres. Dans les années 1970, elle avait pris un coup d'arrêt, l'émancipation féminine ayant relégué la cuisine au second plan. Désormais, cuisiner pour sa famille redevient un signe de distinction, voire d'admiration. Et le retour aux fourneaux traduit notre besoin de se réapproprier quelque chose d'essentiel. D'ailleurs les Français ne s'y trompent pas. À la question posée par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc) : « Savez-vous cuisiner ? », nous étions 68 % à répondre par l'affirmative en 2019 contre 53 % en 2007. Le French Paradox a encore de beaux jours devant lui. Il faut s'en féliciter et entretenir la flamme… de nos fourneaux. 

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