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Le céleri, l'agent double

Céleri
Céleri

L'ancêtre du céleri, originaire du bassin méditerranéen, est connu depuis l'Antiquité pour ses propriétés médicinales et nutritionnelles. Après des siècles de sélections, deux variétés distinctes se retrouvent sur les étals. Qu'il soit en branche ou rave, voici les secrets de ces deux facettes.

On pourrait penser que le céleri a une double casquette et que les branches sont les pousses issues de son gros bulbe. Ce n'est pas le cas, car le céleri branche et le céleri-rave sont deux plantes ­distinctes qui ont été développées au fil du temps et des sélections, à savoir l' Apium ­graveolens var. dulce et l' Apium graveolens var. rapaceum. D'ailleurs, les jardiniers le savent bien, eux qui doivent travailler avec beaucoup de soin le céleri branche si délicat alors que le rave se cultive de manière plus rustique.

Des insecticides naturels

Prétextant que l'un ne va pas sans l'autre, certains jardiniers s'évertuent à planter côte à côte poireaux et céleris branche ou rave. La science leur donne raison, car elle a démontré que leur proximité permet d'augmenter leur rendement, mais aussi de réduire les populations d'insectes qui s'attaquent aux deux plantes. C'est grâce à un insecticide naturel que les céleris résistent : des psoralènes. Ce qui a donné l'idée à des chercheurs de créer un nouveau cultivar qu'il n'a pas été possible de commercialiser, car il était alors trop urticant.

Pourtant ces deux plantes ont un ancêtre commun, l'ache dont le nom dérivé du latin Apia signifie « qui pousse dans l'eau ». Pendant l'Antiquité, ces bouquets feuillus et perpétuels croissaient dans les marécages salins bordant la Méditerranée. Mais l'ache ne concerne pas seulement le céleri, ce nom étant attribué à un ensemble d'aromates frais. Ce qui explique sans doute que la coriandre, le persil, l'aneth, le carvi et même la carotte font aujourd'hui toujours partie de la même famille des ­apiacées (ou ombellifères) au même titre que les deux céleris. Souvenons-nous que l'on cuisinait ­couramment ses feuilles pour parfumer les plats d'autrefois. D'ailleurs, gardons-nous de jeter les feuilles du céleri branche, car elles vont parfumer les bouillons, les soupes, les salades ou les compotées de légumes. À condition d'en parsemer ­modestement ses recettes et de prendre en considération leur forte saveur, plus corsée que celle de leurs côtes.

Soupe de concombre au céleri

Préparation pour 4 personnes

  • 1 demi-concombre •
  • 400 g de céleri branche
  • 100 g de fromage blanc
  • 1 demi-citron
  • 3 c. à soupe d'huile de noix
  • 1 c. à soupe de graines de coriandre
  • 4 brins de ciboulette.
  1. Épluchez le concombre une bande sur deux. Taillez-le en morceaux, ainsi que le céleri.
  2. Plongez le céleri pendant 5 minutes dans une casserole remplie d'eau bouillante salée.
  3. Égouttez-le et mixez-le finement avec le concombre, le fromage blanc et le jus du citron. Salez et poivrez.
  4. Au moment de servir, arrosez d'un filet d'huile de noix et parsemez de graines de coriandre moulues et de ciboulette ciselée.

Recette tirée du livre Stop au gras de Marie-Laure André, Vincent Amiel, éd. Larousse.

Des sélections tardives

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Poursuivant son histoire à travers les siècles, la culture du céleri se développe au XVIIe siècle. Le céleri branche avec ses côtes gorgées d'eau sera cultivé certainement en Italie. Et il prend son nom de céleri, dérivé du mot lombard « seleri », lui-même tiré du latin « selenon » à la même période. La variété rave qui signifie « racine » sera, quant à elle, sélectionnée plus tard.

Si les...

deux plantes se distinguent aujourd'hui par leurs apparences, elles possèdent ­cependant certaines propriétés ­nutritionnelles ­communes. Toutes deux renferment ainsi des ­polyacétylènes naturels en ­quantité importante. On les retrouve d'ailleurs aussi dans le fenouil, le persil, le panais ou, sous une autre forme, les champignons. On croyait autrefois que ces substances bioactives étaient toxiques. Il n'en est rien. Encore peu connues, elles s'avèrent sans doute très intéressantes pour notre santé. Des études en laboratoire ont ainsi ­démontré qu'elles ont des effets anti-­inflammatoires et antibactériens et qu'elles inhibent les ­cellules cancéreuses. Leurs ­potentiels bénéfices sur l'être humain restent toutefois encore à ­prouver par des études plus approfondies.

Autre point commun aux deux variétés de céleri : la présence non négligeable de ­vitamine K1 d'origine végétale, notamment dans le céleri‑rave qui en renferme deux fois plus que le céleri branche. Une vitamine K qui joue un rôle important, car elle participe à la bonne tenue de nos os tout en permettant la ­coagulation sanguine. En tout cas, des recherches effectuées chez la souris ayant consommé de la poudre de céleri-rave séchée ont révélé une inhibition de la perte de leur masse osseuse potentiellement due à l'association de vitamine K et de calcium du céleri. Il est donc intéressant de forcer un peu sur sa consommation de céleri-rave après une fracture ou après 60 ans. Et pourquoi pas, de saler ses plats avec du sel au céleri qui est souvent fabriqué avec un extrait sec de cette racine.

La graine de céleri, une épice à redécouvrir

En France, on connaît le bulbe du céleri et ses branches, mais on a perdu la ­tradition culinaire de ses graines alors qu'elle remonte à l'Antiquité. Ce n'est pas le cas en Russie ou dans les pays nordiques, où l'on en parsème les soupes. Dans ces pays, on les ajoute aussi dans le pain en alternance avec les graines de pavot ou de sésame. En Inde, on les incorpore dans le garam masala, que l'on picore en fin de repas pour faciliter la digestion. Au Japon et en Chine, elles trouvent leur place dans les plats de légumes, sans compter le fait qu'on leur ­attribue des vertus médicinales, une étude ayant montré leurs effets protecteurs contre le cancer du foie.

Notre peau et nos yeux en profitent

Comme il s'agit d'une racine, le céleri-rave ­renferme deux fois plus de glucides que le céleri branche, quel que soit son mode de préparation culinaire. Le céleri branche se différencie par une richesse supérieure en protides et surtout en fibres, mais seulement quand il est cru. Une fois cuit, il perd une partie de ses fibres au profit des glucides pour en atteindre quasiment la même concentration que celle du céleri‑rave. Enfin, le céleri branche se fait aussi remarquer par sa richesse en caroténoïdes et plus particulièrement en lutéine. Et là, ce sont notre peau et nos yeux qui vont en profiter. Présent dans la macula, une zone de la rétine responsable de la vision centrale, la lutéine permet de protéger nos yeux des lumières intenses et, à terme, de la ­dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) qui peut rendre aveugle. Pour notre peau, ce pigment orange va améliorer la tolérance aux rayons du soleil.

Mode d'emploi

La conservation fermentée

Qu'il soit rave ou en branche, il est possible de faire fermenter du céleri. Dans une saumure, mais aussi en utilisant son propre jus dans le cas du rave. Son taux de vitamines, notamment celles du groupe B, en sera augmenté. Utiliser toujours des ustensiles et des bocaux propres et du céleri frais, non souillé et bien nettoyé.

Pour des bocaux de 500 ml

  • Lavez, épluchez ­soigneusement et râpez un bulbe de céleri-rave. Bien mélanger dans un saladier.
  • Ajoutez 15 g de sel et 1 à 2 c. à soupe de graines de ­moutarde.
  • Laissez ­reposer 45 minutes pour humidifier la ­préparation.
  • Dans un pot en verre, mettez un peu de céleri râpé. Tassez, puis déposez des brins de persil lavé. Répétez l'opération jusqu'en haut du bocal en laissant un bon centimètre avant le ­bouchon.
  • Fermez le bocal hermétiquement. Laissez fermenter durant une semaine à ­température ambiante, puis au moins trois semaines au réfrigérateur.

Si nous avons beaucoup d'intérêts à consommer des céleris, il faut cependant exprimer une réserve. L'un comme l'autre renferme en effet des substances capables de déclencher des réactions allergiques : les furanocoumarines, d'abord. À leur contact, la peau peut ainsi être l'objet d'une irritation cutanée appelée phytophotodermatite, particulièrement en cas d'exposition au soleil. Les travailleurs agricoles qui ramassent ces légumes en font d'ailleurs souvent les frais, car ils sont victimes de démangeaisons. Les céleris peuvent aussi être responsables d'une autre forme de ­sensibilisation, lors de leur consommation. Cette fois-ci, l'allergène est une protéine contenue dans ces légumes qui peut engendrer un syndrome d'allergie orale. Selon une étude allemande, 86 % des personnes déjà sensibles au soja pourraient réagir aux céleris. Et les allergiques aux pollens de bouleau et à ceux de l'armoise devraient également s'en méfier. Le trouble s'exprime généralement par des sensations de démangeaisons, de brûlures au niveau des lèvres, de la bouche et de la gorge. Si ces signes ne durent que quelques minutes et qu'ils ne s'accompagnent pas d'autres troubles, on peut alors continuer à consommer des ­céleris de temps en temps et en petite quantité. De plus, la cuisson de ces légumes annihilera l'effet désagréable de cet allergène notamment pour le céleri branche. Mais si d'autres symptômes digestifs ou respiratoires surgissent, il faudra faire des tests chez un allergologue et éviter de consommer les céleris, particulièrement lorsqu'ils sont crus.

Quoi qu'il en soit, les céleris valent la peine d'être cuisinés. Crues, leurs tiges creuses seront émincées dans une salade, ajoutées dans un jus ou farcies d'une mousse. Dans un ragoût, elles donneront du goût à une soupe, à une poêlée de légumes, à un plat de pâtes ou de riz. Elles ­s'accordent aussi bien avec la cuisine japonaise ou chinoise. Râpé, le céleri‑rave s'associe avec une sauce rémoulade ou une sauce au yaourt moutarde garnie de feuilles d'aneth. Il forme un duo délicieux avec la pomme de terre qui l'adoucit dans les gratins ou les purées. Vous pourrez enfin le faire fermenter et le ­consommer en râpé ou en pickles pour l'apéritif. Tchin-tchin, les céleris !

Purée de céleri-rave aux pommes et aux noix

Préparation pour 4 personnes

  • 800 g de ­céleri-rave
  • 2 pommes douces
  • 12 c­erneaux de noix
  • jus de citron
  • 2 c. à soupe de persil ciselé
  • Muscade
  • Huile d'olive
  • Sel, poivre et curcuma
  1. Peler le céleri-rave, le couper en tranches épaisses, puis en cubes et les plonger au fur et à mesure dans de l'eau citronnée. Faire cuire à la vapeur 20 min, jusqu'à ce qu'il soit bien tendre.
  2. Peler les pommes, enlever le cœur et les pépins. Les couper en morceaux et faire cuire en compote en remuant sans les écraser 15 min. Écraser les cerneaux de noix en morceaux et réserver.
  3. Écraser le céleri en purée à l'aide d'une fourchette, le verser dans une casserole, incorporer les pommes, les cerneaux de noix, le sel, le poivre, le curcuma, 2 pincées de muscade et un filet d'huile d'olive.
  4. Elle accompagne très bien une volaille.

Recette tirée du livre Les clés de ­l'alimentation anti-­cancer du Docteur Jean-Christophe ­Charrié, Maryse ­Groussaid et Sophie Bartczak, éd. Terre vivante.

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