Faire oublier les mauvaises odeurs
À l'hôpital, patients, soignants et familles sont régulièrement exposés à des odeurs désagréables. Alicia Molinier, pharmacienne référente au Centre hospitalier de Cognac, en Charente, raconte comment l'instauration des huiles essentielles au sein du service oncologie a permis de rendre certains moments plus confortables pour tous.
Cela fait trois ans que le service oncologie de l’hôpital de Cognac facilite certains soins prodigués aux malades grâce aux fragrances d’huiles essentielles. Beaucoup de patients y séjournent sur un temps long et développent des lésions cutanées dues à l’immobilisation, telles que des escarres, des ulcères, des plaies infectées qu’il faut nettoyer et panser régulièrement. Or ces affections ont l’inconvénient d’être à l’origine d’odeurs. « C’est très fort, malodorant, les soignants qui changent les pansements s’en plaignent régulièrement », relate Alicia Molinier, pharmacienne hospitalière référente du service. Alors pour rendre ces moments moins désagréables, l’aromathérapie est pratiquée par l’équipe qui diffuse des huiles essentielles de mandarine verte, de pin sylvestre ou de laurier noble, à l’aide de compresses glissées dans un tube de prélèvement ou d’un diffuseur disposés dans la chambre. « Elles ont l’avantage de couvrir une partie des odeurs par des fragrances fraîches, c’est apprécié des résidents, des soignants et des familles qui viennent voir leurs proches », se réjouit-elle.
Il a pourtant fallu attendre plusieurs années pour que ce projet aromatique voie le jour. À l’époque, Alicia Molinier découvre les huiles essentielles grâce aux patients en oncologie. « Ils les utilisaient pour pallier les effets secondaires de leurs traitements, mais on avait peur des interactions avec la chimiothérapie, on devait tout interdire. C’était frustrant, j’avais envie de savoir ce qu’on pouvait autoriser », se souvient la pharmacienne. Alors, il y a six ans, lorsque la psychologue du service lui parle de son envie d’intégrer l’aromathérapie à l’hôpital, elles se décident rapidement à monter un projet institutionnel, demander des fonds et un plan de formation pour le personnel. Un projet bien reçu par l’hôpital, mais qui se traduit, l’année suivante, par une formation non adaptée à une pratique hospitalière, dispensée à une cinquantaine de soignants. « On est sortis en sachant utiliser les huiles essentielles à la maison, pas à l’hôpital », regrette-t-elle. Un échec doublé de l’arrivée du Covid, qui stoppe net l’entrain pour le projet.
Des initiatives fédératrices
Deux ans plus tard, l’hôpital de Cognac fusionne avec celui de Châteauneuf, au sein duquel l’aromathérapie est déjà intégrée dans certains services. Une aubaine pour l’équipe soignante : « On a sauté sur l’occasion pour adopter leurs protocoles, notamment celui pour les odeurs difficiles. Comme c’est de la diffusion, pas besoin de formation. » Depuis, environ 70 patients – et soignants – en ont bénéficié. Et si les formations n’ont pas été renouvelées par l’hôpital, faute de moyens, un projet aromatique pour contrer les nausées et vomissements avec l’huile essentielle de gingembre est actuellement en réflexion. Des initiatives qui, en plus d’apporter du confort dans les soins hospitaliers, semblent fédérer les équipes.
Et aussi… pour les visites
Prendre en compte l’anxiété et la tristesse des familles des patients atteints de cancer… C’est aussi pour cette raison que le service oncologie s’est tourné vers les huiles essentielles. Ainsi, dans les salles « des familles », où les proches peuvent rencontrer les malades, le personnel diffuse de l’huile essentielle d’orange douce, aux notes rondes et réconfortantes. De par sa teneur en limonène, celle-ci génère un effet sédatif, calmant et anxiolytique sur le système nerveux.