Thermes de Dax, une cure bien dans son élément
Au cœur des Landes, l'eau est associée aux ressources naturelles locales pour soulager les douleurs des curistes souffrant d'arthrose, d'insuffisance veineuse ou de fibromyalgie. L'occasion pour la médecine thermale de renouveler ses classiques.
La ville de Dax, située dans le sud-ouest de la France, est bien connue pour ses cures thermales. Plus de 47 000 personnes s’y pressent tous les ans pour soulager leurs problèmes de rhumatismes ou d’insuffisance veineuse. « Nous en accueillons pour notre part plus de 26 000 chaque année. Nombre d’entre eux sont des habitués », témoigne Michel Baqué, président du groupe Thermes Adour (six établissements dans la ville). Ces cures de santé de trois semaines sont d’ailleurs prises en charge par la Sécurité sociale. Elles ne reposent pas seulement sur l’eau thermale, riche en sels minéraux et en oligo-éléments (soufre, calcium, etc.) – qui pénètrent jusqu’au système veineux et au cartilage des articulations grâce à l’effet de la chaleur. Elles intègrent aussi la boue locale, rendue active par des microalgues et de l’extrait de térébenthine provenant des forêts de pins alentour.
Stimuler la réparation du cartilage
L’association de ces éléments naturels avec l’eau thermale repose sur de très anciennes traditions. La boue charriée par le fleuve qui traverse Dax, l’Adour, est en effet réputée depuis l’Antiquité pour soigner les rhumatismes. Aussi appelée « péloïde » (du grec pelos, noirâtre, et eidos, aspect), cette boue de couleur brun foncé contient des cyanobactéries (microalgues du genre Phormidium notamment). Celles-ci produisent des molécules qui stimuleraient, selon des études réalisées in vitro, la réparation du cartilage articulaire.
D’autres travaux scientifiques sont actuellement menés afin de valider les effets de la médecine thermale. L’Association française pour la recherche thermale a ainsi lancé une dizaine d’études en 2018, dont une sur la lombalgie chronique. Les résultats du programme Fibromyalgie Éducation thérapeutique en cure thermale (FIETT), commencé en 2013, sont vivement attendus.
Aujourd’hui, le péloïde n’est plus prélevé dans l’Adour, comme l’indique Pascal Counilh, directeur du laboratoire de la Régie des eaux de Dax : « Ses eaux ne sont plus aussi propres que par le passé. » La boue est donc puisée dans des gisements fossiles présents dans le sous-sol des « barthes », des terres humides situées à proximité de...
l’Adour. Pour la rendre active, des microalgues cultivées dans de l’eau thermale sont ajoutées. Pendant six jours, elles vont « maturer » le péloïde, afin que les curistes bénéficient de ses vertus antirhumatismales traditionnelles.
Vertus anti-inflammatoires du pin maritime
Pendant sa cure, chaque patient reçoit une vingtaine d’applications chaudes – de 41 °C à 44 °C – sur les articulations désignées dans sa prescription médicale. « Le fait que l’application du péloïde se fasse à même la peau et à température élevée doit permettre, grâce à la vasodilatation périphérique, la pénétration des molécules actives produites par les microalgues jusqu’à l’os et au cartilage », explique Pascal Counilh. Après utilisation, la boue est replacée dans la nature afin de combler les carrières et, s’il y en avait, des arbres comme des chênes sont replantés pour restaurer le milieu. L’autre grand remède naturel employé lors des cures à Dax est la térébenthine extraite du pin maritime. La ville, située au sud de la grande forêt landaise, valorise cet ingrédient naturel aux vertus anti-inflammatoires et antalgiques. C’est toute la tradition du « gemmage » qui est revisitée ici. Dans le passé, on récoltait l’oléorésine sur les pins : après transformation, on obtenait l’essence de térébenthine.
Des bains résineux contre les rhumatismes
Depuis très longtemps, la résine des pins est récoltée et « clarifiée » pour obtenir de la térébenthine, dont l’essence a de multiples usages (peintures, produits nettoyants…). C’est au XIXe siècle qu’elle entre vraiment dans la pharmacopée, utilisée pour réaliser des bains résineux. Ces derniers ne nécessitaient pas d’eau : il s’agissait d’envoyer dans une pièce un air chaud chargé de vapeurs de térébenthine. Un médecin originaire de Die a contribué à la renommée de cette thérapie : le Dr Antoine-Daniel Chevandier créa ainsi plusieurs centres dans la Drôme, mais aussi à Paris et à Vichy. À la même époque furent proposées des spécialités pharmaceutiques (sirop, pastilles…) pour soigner les rhumatismes ainsi que les troubles respiratoires. Aujourd’hui, c’est surtout à Dax que perdure cette tradition, en association avec de l’eau thermale. Plusieurs pharmacies de la ville fabriquent également des baumes à la térébenthine.
Or cette dernière peut provoquer des allergies cutanées. Aujourd’hui, elle est donc remplacée par un extrait de pin maritime résultat de plusieurs années de recherche : appelé Dax Therpin, ce produit présente une meilleure tolérance cutanée. Il est proposé aux curistes sous la forme de douches chaudes entre 40 °C et 44 °C. En fonction de leur sensibilité cutanée, les patients peuvent garder cet extait végétal sur la peau ou se rincer juste après l’application. « C’est l’ensemble de ces outils thérapeutiques modernisés qui fait d’une cure un bon moyen de prendre en charge des pathologies chroniques, et ce, sans effet secondaire », estime le Dr Michel Duprat, médecin thermaliste, pour qui il reste important de valider scientifiquement les bienfaits du thermalisme.
À Dax, des activités comme la marche nordique en forêt sont également proposées aux curistes. Ils bénéficient par ailleurs d’ateliers sur l’alimentation saine. La diététicienne Christine Van Dijk y distribue même des graines de kéfir lors de ses séances sur le microbiote. Ainsi évolue la médecine thermale, désormais ancrée dans une approche naturopathique et dans un territoire, et probablement encore amenée à se transformer au fil des avancées scientifiques.
Marche nordique et propulsive
Profiter d’une cure pour s’initier à la marche nordique dans la forêt landaise, c’est ce que propose le groupe Thermes Adour avec, en prime, une approche un peu plus spécifique : celle de la médecin angiologue Anne Taquet. « La plupart du temps, nous jetons simplement la jambe vers l’avant pour avancer, alors que tout le corps doit participer pour entraîner le mouvement », explique cette spécialiste du système vasculaire. Selon elle, le fait de donner l’impulsion de la marche par la jambe arrière en déroulant le pied jusqu’au bout des orteils permet d’économiser son énergie, mais aussi de stimuler la circulation sanguine et de soulager les articulations.
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Carnet d'adresses :
Thermes Adour, www.thermes-dax.com