La bruyère, antiseptique reconnu
Fleur nationale de la Norvège et plante emblématique des landes sauvages, des tourbières et des pinèdes, la bruyère callune (Calluna vulgaris) est aussi appelée « fausse bruyère ». Idéale en bordure, en rocaille dans les parterres ou en couvre-sol, elle offre une floraison de juin à décembre. Si elle est unique en son genre (Calluna), elle est assez proche, botaniquement et médicinalement, d’autres bruyères du genre Erica.
Leur adaptation à un terrain acide et pauvre leur confère une allure particulière, induite par une croissance lente : des feuilles étroites et des racines en symbiose avec des champignons. Sous l’appellation bruyère sont représentés deux genres. Pour les reconnaître, sachez que les fleurs de la bruyère callune (Calluna vulgaris) sont roses et violettes, en grappes terminales, tandis que les fleurs de la bruyère cendrée (Erica cinerea) sont rouges ou rose pâle, en forme de grelots.
Semis
Il nécessite de la patience ! Les graines devront tremper vingt-quatre heures dans de l’eau avant d’être enfouies à 3 mm de profondeur dans des godets remplis de terre de bruyère. Repiquez lorsque les plants ont au moins trois feuilles.
Plantation
Vivace et rustique (jusqu’à - 15 °C) et à feuillage persistant, la bruyère présente également l’avantage d’être facile à cultiver, que ce soit en pleine terre ou en pot. Elle se développe aussi bien au soleil qu’à la mi-ombre, sur un sol riche en humus ou, bien sûr, dans la terre de bruyère. Les sols siliceux ou sableux conviennent aussi.
La plantation s’effectue toute l’année, en dehors des périodes de gel. Préparez le sol en mélangeant la terre de votre jardin avec celle de bruyère et disposez les jeunes plants à 30 cm de distance chacun, sans oublier de bien baigner les mottes avant la plantation.
Entretien
Les bruyères ne sont pas exigeantes. Dans la nature, elles peuvent vivre plus de quarante ans. Au jardin, la première année, veillez à ce que l’apport en eau soit suffisant pour favoriser l’enracinement.
Ensuite, ajouter de la terre de bruyère au printemps est bienvenu. Après la floraison, n’hésitez pas à tailler, mais jamais en dessous des parties vertes, ce qui risquerait d’entraver leur croissance.
Récolte
Les sommités fleuries sont cueillies en cours de floraison et séchées dans un endroit aéré.
La bruyère nettoie la sphère urinaire
La bruyère callune (Calluna vulgaris) et la bruyère cendrée (Erica cinerea) – espèce la plus répandue en Europe –, possèdent des propriétés médicinales très proches. Traditionnellement, elles ont été utilisées comme antidouleur contre les rhumatismes et la goutte grâce à leur activité anti-inflammatoire confirmée in vitro (elle bloque la formation de prostaglandines...
pro-inflammatoires).
Mais c’est surtout sur la sphère urinaire et génitale, au niveau de la prostate, que ces bruyères ont bâti leur notoriété. En participant à l’élimination des toxines (urée, acide urique, acide oxalique), elles nettoient l’organisme.
Les propriétés antiseptiques de la bruyère, corrélées à la synergie de principes actifs comme l’arbutine, des tanins, des flavonoïdes, etc., ont été aussi bien étudiées. La simple tisane de bruyère est capable d’empêcher la croissance de plusieurs espèces de bactéries.
C’est pourquoi on l’emploie dans la tradition médicinale danoise contre les cystites, mais également contre les rhumes ou les refroidissements. Tandis que les médecines écossaises et suédoises l’utilisent pour les soins des plaies.
Enfin, plus inattendues, des vertus anxiolytiques et calmantes ont fait l’objet d’études in vitro (avec mise en évidence d’une diminution de la dégradation des neurotransmetteurs), un approfondissement étant souhaitable.
À l’atelier : une tisane contre la cystite
Nommée « hydrolé », dans les temps plus anciens, la tisane en tant que boisson médicinale constitue la forme galénique la plus connue, puisque très simple à préparer. Elle est également très performante, comme vous le constaterez avec cette infusion associant plusieurs plantes en synergie contre les troubles urinaires bénins (cystites) et pour l’élimination de l’eau par les reins.
1. Préparez le mélange de plantes suivant :
- Bruyère (sommité fleurie) : 1 cuillère à soupe bombée
- Solidage (sommité fleurie) : 1 cuillère à soupe
- Pissenlit (racine coupée menue) : 1 cuillère à café bombée
- Sureau (fleur ou fruit) : 1 cuillère à soupe
2. Faites bouillir 1 litre d’eau (de source, peu minéralisée et pure). Versez sur le mélange de plantes, couvrir et laissez infuser l’ensemble durant dix à quinze minutes avant de filtrer.
3. Buvez la tisane tout au long de la journée, régulièrement, l’équivalent d’une tasse à chaque prise ; à renouveler cinq à six jours de suite.
Action : le sureau majore l’activité antiseptique de la bruyère, tandis que solidage et pissenlit augmentent l’effet draineur bénéfique des voies urinaires. De plus, toutes les plantes conjuguent leur action anti-inflammatoire en diminuant la douleur ou la brûlure ressentie au moment des mictions.
À savoir : dans les conditions normales d’usage, cette tisane ne présente pas d’effets secondaires. En revanche, elle sera contre-indiquée aux personnes allergiques à l’une des plantes, en cas de maladie hépatique ou rénale et d’obstruction des voies biliaires (à cause des propriétés cholagogues du pissenlit). Si c’est le cas, remplacez le pissenlit par la prêle ou des queues de cerise.
Attention : ne prélevez pas votre bruyère n’importe où ! À l’instar des champignons ou des lichens poussant sur les sols acides, les bruyères peuvent concentrer en leur sein certains métaux toxiques ou composants radioactifs, avec transfert possible à ceux qui les consomment.
Les avantages de la tisane
La tisane permet d’extraire, par l’eau, les substances hydrosolubles des plantes : les principes actifs, mais également d’autres composés comme les minéraux ou vitamines présents dans la plante (dans la mesure où ceux-ci sont solubles dans l’eau). Si la préparation des tisanes est relativement empirique, il reste qu’elle est le fruit d’un usage traditionnel qui a fait ses preuves.
En effet, contrairement aux idées reçues, la tisane constitue une forme galénique performante, parce que les principes actifs dissous dans l’eau sont directement et rapidement assimilables par l’organisme. Ainsi, une tasse de tisane peut représenter l’équivalent de plusieurs gélules de la même plante. Selon les caractéristiques et la nature des substances extraites, on aura recours à différentes méthodes de fabrication (macération, digestion, infusion ou décoction). Comme vous l’avez vu, pour la bruyère, c’est l’infusion qui est le plus souvent retenue.
Autres préparations
Une tisane antirefroidissement
Mettre dans un bocal :
15 g de bruyère (sommité fleurie)
30 g d’eucalyptus (feuille)
15 g de sureau (fleur)
20 g de plantain (feuille)
10 g de marjolaine (feuille ou sommité fleurie)
10 g de lavande (fleur)
Utilisation : 1 cuillère à café par tasse à laisser infuser dix minutes ; filtrer et boire trois à quatre tasses par jour dès les premiers signes.
Une huile de bruyère
Faites macérer dans un flacon à fermeture hermétique :
60 g de sommités fleuries fraîches
un quart de litre d’huile d’olive ou de tournesol.
Mode d’emploi : laissez en contact durant quinze jours en remuant énergiquement de temps en temps. Cette huile s’utilise contre les taches de rousseur, les dartres et les rougeurs, mais également en friction contre les douleurs rhumatismales.