Dossier
Un cerveau vif et connecté pour la vie (2/4)
Si la science n'a pas encore toutes les clés du cerveau, on découvre chaque jour ses étonnantes facultés d'adaptation et de plasticité. Un potentiel qu'il est nécessaire d'entretenir afin de garder des neurones actifs et prévenir un éventuel déclin cognitif. Nos experts donnent leurs conseils pour renforcer l'acuité intellectuelle et la mémoire et freiner le vieillissement cérébral.
Booster ses facultés intellectuelles
Réfléchir, élaborer, planifier, mémoriser, créer… suppose de disposer de bonnes connexions neuronales et de les entretenir. Certes, avec l’âge, on apprend moins facilement car on perd un peu en plasticité cérébrale, surtout si on manque de stimuli extérieurs (travail, lecture, jeux, langues étrangères, relations sociales…). Mais les facultés intellectuelles peuvent aussi se détériorer bien avant, si on surcharge le cerveau au niveau mental et psychique : « Les modes de communication virtuels ont accéléré le rythme de vie en imposant au cerveau une réactivité immédiate avec moins de temps de réflexion. Je vois arriver des patients jeunes qui souffrent de problèmes de concentration et d’apprentissage car ils n’arrivent plus à hiérarchiser, mémoriser ou élaborer mentalement », alerte Marie Clarence Chaigne, diplômée en médecine, méditation et neurosciences. Elle explique que cet état de qui-vive permanent « produit une surchauffe de l’amygdale » – une zone essentielle pour la gestion des émotions – qui perd alors en neuroplasticité et ne nous permet plus d’ajuster notre réactivité. Pour y remédier, la praticienne conseille de faire de la méditation, en se posant et en se focalisant sur la respiration : « On porte son attention sur la pointe du nez, là où on perçoit l’air inspiré et expiré, et lorsque l’esprit part dans ses pensées, on en prend conscience et on se concentre à nouveau sur la respiration ». Ces allers-retours entre agitation et attention, des « pompes du cerveau », sourit-elle, constituent un bon exercice pour améliorer l’attention et la mémoire. Dans un autre registre, les élixirs floraux peuvent apaiser le mental.
3 élixirs floraux pour se recentrer
La vibration subtile des fleurs de Bach peut agir sur la sphère émotionnelle lorsque l’agitation mentale, la fatigue et le stress sont trop envahissants. Voici trois élixirs pour apaiser la tête et retrouver sa clarté d’esprit.
- Pâquerette : Lorsqu’on a du mal à prendre du recul et à intégrer différentes informations, il développe le discernement et favorise un recentrage sur l’essentiel.
- Aneth : Lorsqu’on se sent débordé par le quotidienn, il aide à gérer les tensions liées aux stimulations excessives de la vie moderne, et facilite la clarté mentale.
- Marronnier blanc : En cas de rumination mentale et de pensées répétitives, il aide à retrouver la concentration et la créativité.
Mode d’emploi : Prendre 3 à 4 gouttes par voie orale, jusqu’à 4 fois par jour.
Très énergivores, les neurones ont aussi besoin de beaucoup de carburant car « ils consomment 20 % de toute l’énergie du corps », rappelle Patrick Aubé. Ce médecin phytothérapeute insiste sur...
l’importance d’apporter des nutriments qui vont renforcer les connexions neuronales. En particulier des vitamines du groupe B, dont le cerveau a particulièrement besoin pour sa réserve cognitive, au point, selon le Dr Aubé, qu’une carence par exemple en thiamine (que l’on trouve dans les céréales complètes, les oléagineux…) peut occasionner des pertes de mémoire à court terme, voire une incapacité à mémoriser de nouvelles connaissances. On protégera les cellules cérébrales du stress oxydatif avec un bon apport en antioxydants, tels les polyphénols et les vitamines A, C et E présents dans les fruits et légumes, et les anthocyanes contenues dans les baies rouges ; ainsi que des oméga-3, dont nombre d’études ont constaté les bénéfices sur le plan cérébral. Le régime alimentaire a donc son importance pour renforcer nos facultés intellectuelles, voire influencer notre mode de réflexion.
Mangez végétarien pour avoir l’esprit d’analyse !
Le régime alimentaire peut-il influencer la réflexion ? D’après une étude franco-australienne publiée l’an dernier, le cerveau des végétariens fonctionnerait différemment de celui des mangeurs de viande. Les chercheurs ont fait passer un test cognitif à plus de 7 000 personnes âgées de 18 à 90 ans, avec par exemple cette question : « Une batte et une balle de baseball coûtent ensemble 1,10 €. La batte coûte 1 € de plus que la balle. Combien coûte la balle ? ». Au vu des résultats, les végétariens apparaissent plus analytiques que les omnivores, qui réfléchissent de manière plus intuitive. Et vous, qu’avez-vous répondu ? Si vous avez dit 10 centimes, vous avez réagi à l’intuition. Si la balle coûtait 10 centimes, alors la batte coûterait 1,10 € et on arriverait à un total de 1,20 €. En réalité, la balle coûte 5 centimes et la batte 1,05 € !
Après avoir diminué la pression mentale et nourri correctement le cerveau, on peut aussi soutenir les fonctions intellectuelles en boostant ses neuromédiateurs. Patrick Aubé souligne en effet que « des carences en dopamine, sérotonine et acétylcholine expliquent souvent l’altération des facultés cognitives ». Or, certaines plantes sont justement capables de dynamiser les sécrétions de ces neurotransmetteurs, comme le ginkgo biloba qui influe sur les trois à la fois. Il améliore également la microcirculation cérébrale grâce à ses composés terpéniques et ses flavonoïdes (déconseillé en cas de traitement anticoagulant). L’acérola, grâce à sa forte teneur en vitamine C, participe aussi à la synthèse des neurotransmetteurs. De même, les hétérosides contenus dans les racines de ginseng favorisent la dopamine et jouent un rôle antioxydant et neuroprotecteur, tout comme l’éleuthérocoque. Cette racine sibérienne est intéressante à boire en tisane, conseille Patrick Aubé, en l’associant au ginkgo, au romarin et à la menthe pour aiguiser ses facultés. De son côté, la rhodiole a montré que ses salidrosides augmentaient les performances intellectuelles tout en régulant le système nerveux.
Les chercheurs s’intéressent de très près à tous ces végétaux et substances qualifiés de nootropiques, c’est-à-dire actives sur la sphère cérébrale. Le Bacopa monnieri, une plante ayurvédique, a fait l’objet à lui seul de plus de 600 études. Appelé brahmi en Inde, car les brahmanes y recouraient pour trouver l’illumination, il a montré de réels bénéfices sur l’acuité cognitive. D’ailleurs le laboratoire Synapsya, spécialisé en neurophytothérapie, rappelle que le bacopa a fait l’objet de trois études concluant qu’il accélérait les transmissions neuronales et renforçait ainsi la mémoire. Il s’adresse aux étudiants en période d’examens comme aux 50 ans et plus : « Lorsque les vaisseaux sanguins commencent à rétrécir, il est intéressant d’associer le bacopa au ginkgo pour maintenir ses capacités cérébrales », explique Patrick Aubé. Ce dernier préconise de le prendre en cure : 300 mg de chaque plante en poudre, cinq jour sur sept durant trois semaines, en faisant une pause d’une semaine avant de reprendre. Toutefois, on prendra garde à la provenance du bacopa, prévient l’expert en produits ayurvédiques Ayur-vana, car ce dernier est surtout vendu sur internet, sans traçabilité, avec un risque réel de présence de pesticides.
Un cerveau plus alerte avec une poignée de myrtilles
Une meilleure mémoire immédiate et plus de réactivité intellectuelle : ce sont les bons résultats constatés lors d’une étude britannique publiée en 2023 portant sur les effets de la myrtille. Les chercheurs ont séparé en deux groupes 60 personnes en bonne santé, âgées de 65 à 80 ans. Celles du premier groupe recevaient chaque jour 26 g de poudre de myrtille (équivalant à 178 g de myrtilles entières), les autres un placebo. Après 12 semaines d’expérience, les bilans sanguins ont révélé une amélioration des fonctions artérielle et sanguine. Dans les tests cognitifs, le groupe « myrtilles » a réussi à mieux mémoriser une liste de mots et s’est montré plus précis dans l’exécution de tâches. Des bénéfices attribués, selon les scientifiques, à la teneur en anthocyanes des myrtilles (300 mg par portion).
Une décoction tonifiante pour l’intellect
Pour agir à la fois sur la mémoire et sur la concentration, le phytothérapeute Patrick Aubé propose une synergie de plantes stimulantes. Le ginkgo et la pervenche vont favoriser la microcirculation cérébrale et renforcer les propriétés antioxydantes du romarin et l’action neuroprotectrice de l’éleuthérocoque et de la menthe poivrée.
Mode de préparation
- Pour 100 g de tisane, mélanger 20 g de chacune des plantes suivantes : ginkgo biloba (feuilles), pervenche (feuilles), éleuthérocoque (racine), romarin (sommités fleuries) et menthe poivrée (feuilles).
- Mettre 1 cuillerée à café du mélange dans l’équivalent d’une tasse d’eau frémissante et faire bouillir 5 minutes à couvert.
- Filtrer, sucrer avec du miel au besoin. Boire 1 tasse matin et soir en cure de 3 semaines, 5 jours sur 7.