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Madagascar, Le tambavy des bébés

Madagascar

Sur l’île de Madagascar, la mère administre à son bébé un bain à base de plantes dans un rituel visant à inscrire l’enfant dans la lignée de son père. Décryptage.

En malgache, « tambavy » désigne couramment tous les remèdes de décoctions et d’infusions, ainsi que les plantes dont on les tire. Mais il renvoie aussi à un rituel initiatique de la petite enfance, destiné à protéger le bébé et à l’intégrer socialement dans le lignage de son père. L’anthropologue Sophie Blanchy a observé cette tradition du tambavy pour bébés à Sarogoaika, un village bezanozano de l’Ankay, à Madagascar. Dans les trois premiers mois de sa vie et jusqu’à ce qu’il marche, la mère administre rituellement à son enfant ainsi qu’à elle-même la fameuse décoction, en application externe. Sophie Blanchy écrit que « le tambavy permet de poursuivre sa création grâce à l’action des ancêtres, puisqu’il agit par la force d’une plante qui leur est liée de diverses manières », à un moment où le nouveau-né est considéré comme un être incomplet et fragile.

Chaque lignage du clan des Zanadroandrena a...

une plante spécifique, cueillie en un lieu précis lié aux ancêtres. Les hommes l’utilisent principalement pour leur efficacité symbolique, parce que leurs pères et leurs grands-pères l’utilisaient également. L’une des plantes porte le nom vernaculaire de fotsy avadika (littéralement « blanc en dessous »), une autre be maimbo (« Grand qui sent mauvais ») ou encore marovelo (« nombreux vivants »). Chaque plante a ses conditions rituelles d’utilisation, transmises de père en fils et gardées par le doyen de chaque lignage, le responsable du tambavy. Dès qu’un signe du bébé est interprété, le doyen prescrit alors le tambavy. Il dicte les procédures rituelles et les interdits ancestraux, tabous alimentaires ou langagiers, à respecter par la mère et l’enfant durant la durée du rituel, de deux à trois ans. Leur transgression mettrait en péril la santé de l’enfant, comme si la force de la plante pouvait alors se retourner contre lui. De plus, en acceptant de prendre le tambavy, la mère et l’enfant acceptent une ligne de conduite caractéristique de l’identité du lignage du père. Ils intègrent ainsi peu à peu l’identité du groupe. Sophie Blanchy écrit que, par le tambavy, « se construit, dans les premiers mois de la vie, le lien entre le développement physique et spirituel de la personne, et son appartenance au flux de vie issu de ses ancêtres ».

Un rituel bien huilé

Généralement assise par terre dans sa chambre, la mère boit trois cuillerées de tambavy puis s’en verse une sur la tête, ou parfois aussi sur les seins, et fait de même à son nouveauné de moins de 3 mois, nu sur ses genoux. Elle passe trois fois sa main mouillée de décoction sur le visage du bébé, puis sur sa tête, sa nuque, son dos, son ventre, ses bras et ses jambes. Elle doit masser avec la décoction les membres et les articulations du bébé pour les rendre plus forts. Tenant ensuite l’enfant pendue par les pieds, la tête en bas au-dessus de l’assiette de tambavy, elle fait tourner cette assiette trois fois dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Puis elle pose son bébé sur sa propre tête et l’y fait rouler comme pour pratiquer un massage du ventre.

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