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Maïs et cacao, ces autres divinités mayas

Divinités mayas

Que ce soit dans les forêts tropicales du Chiapas ou sur les terres arides du Yucatán, les Mayas ont développé une civilisation étonnante, fondée sur une étroite relation avec les forces de la nature. Deux plantes, associées à des divinités protectrices, y ont joué un rôle majeur : le maïs, base de l’alimentation, et le cacao, utilisé lors des cérémonies mais aussi comme monnaie.

Les Mayas ont développé leur civilisation (de 250 à 900 ap. J.-C. pour la période classique) sur un immense territoire qui allait du sud-est du Mexique au Guatemala, et du Belize jusqu’au Honduras. Cette société reposait sur une fine observation de la nature, elle-même reliée aux forces cosmiques sacrées qu’on retrouve dans la construction de magnifiques cités. Le sacré imprégnait toutes les relations que ce peuple entretenait avec son environnement et, de façon plus large, avec l’univers. Différents cultes étaient rendus au Soleil et à la Lune, à la pluie, aux éclairs, mais aussi aux animaux dont certaines facultés, comme celle de voler, étaient supposées les relier aux éléments cosmiques. Toute leur mythologie se fondait sur les cycles de la nature et s’accompagnait de rituels précis. Les hauts dignitaires, parfois également prêtres-chamans, étaient chargés d’honorer les dieux : ils leur offraient du copal, encens purificateur, mais aussi leur propre sang. En les invoquant, les Mayas cherchaient à s’assurer protection et bonnes récoltes de maïs, leur aliment de base.

Le maïs, symbole de vie et de résurrection

Le maïs est la plante sacrée par essence. Selon les textes mythiques de cette civilisation, l’homme maya a été créé par le dieu Itzamna et modelé dans de la pâte de maïs, considérée comme matière originelle, avec de l’eau, de la terre et du sang divin. La céréale devient alors objet de culte et de vénération : sur les codex (manuscrits illustrés sur peau de cerf ou papier d’écorce), elle prend l’apparence d’un être divin, Yum Kaax, un jeune homme assis portant des épis sur la tête et dans ses mains. Il est le protecteur de l’agriculture, d’où sa représentation anthropomorphe en train de semer. Sur une fresque du site de Palenque, dans le Yucatán, figurent des personnages de haut rang portant des coiffes impressionnantes faites d’épis de maïs mêlés à des plumes de quetzal, l’oiseau emblématique de la selva tropicale. Le maïs était aussi symbole de résurrection : la tombe gravée du roi Pakal 1er, le plus célèbre souverain de Palenque, illustre sa renaissance par l’arbre cosmique, le ceiba, et des épis de maïs stylisés. C’est en effet grâce à l’apprentissage de sa culture que la civilisation maya...

prospère. Celle-ci permet la sédentarisation de groupes dispersés.

Dès lors, les Mayas vont défricher des parcelles de forêt tropicale en pratiquant l’agriculture sur brûlis. Une culture itinérante, puisqu’au bout de quelques années, les terres étant épuisées, il fallait en défricher d’autres et consulter les prêtres astronomes afin de connaître la meilleure période pour semer, en n’oubliant pas de convoquer le dieu de la pluie, Chac. De nombreux rituels étaient en effet accomplis dans le but d’échapper à la sécheresse et de pourvoir à la prospérité des cités-États.

Le cacao, une monnaie précieuse

Le cacao est lui aussi étroitement lié à de nombreuses cérémonies. D’ailleurs, si le mot « chocolat » dérive du mot de la langue nahuatl ,« xocolatl », le mot «cacao» vient directement de la langue maya «kakawa» ou «cacaw». Son utilisation est très ancienne, puisqu’on a retrouvé des traces de théobromine, un des polyphénols du cacao, dans des poteries datant de 1500 ans avant J.-C. Conscients des propriétés nutritives et stimulantes de cette denrée rare, les Mayas ont cultivé les cacaoyers dès 250 après J.-C. dans les zones chaudes et humides du Tabasco et du Chiapas. Avec les fèves séchées, grillées et réduites en poudre, ils ont élaboré une boisson onctueuse et mousseuse additionnée de divers ingrédients : farine de maïs, piments, roucou, vanille, fleurs parfumées, miel ou sirop d’agave. Cette boisson était réservée aux nobles et aux dirigeants qui la consommaient pour les fêtes et les cérémonies religieuses dans des vases en céramique estampillés de glyphes indiquant le nom du propriétaire et son usage.

En outre, le cacaoyer fournissait une précieuse monnaie d’échange : comptez une fève de cacao pour obtenir une courge, trois pour un lapin, cinquante pour une courtisane et cent fèves pour une esclave... Le commerce florissant au cours de la période classique lui donna une importance accrue. Les commerçants ambulants parcouraient de très longues distances à pied ou en canoë en suivant les voies fluviales, d’où l’importance d’un dieu protecteur des marchands de denrées précieuses comme le cacao. Les Mayas nommaient cette divinité Ek Chuah, le scorpion noir, à qui les planteurs de cacao faisaient des offrandes durant le mois muan (mai-juin) en même temps qu’au dieu de la pluie.

À leurs yeux, le cacao avait sans doute autant d’importance que le jade. Dans les tombes de grands dignitaires, on a d’ailleurs retrouvé de beaux vases polychromés utilisés pour consommer la boisson de cacao, mais aussi des fèves, celles-ci étant censées nourrir l’âme du mort pendant son voyage vers l’au-delà.
Maïs et cacao étaient intimement liés. Pour écrire le mot « ka ka wa », les scribes utilisaient l’image d’un double poisson ou d’un poisson avec deux nageoires (deux fois le son «ka»), et celle d’une spirale et d’un feuillage pour le son « wa », qui désignait aussi les tamates (tortillas de farine de maïs). Aujourd’hui, l’atole de chocolat, composé de farine de maïs et de cacao, est toujours une boisson très appréciée au mexique.

Les dieux mayas

Pour les Mayas, l’univers se divise en trois parties : les cieux où règnent les dieux, la terre où habitent les hommes, et l’inframonde, peuplé de puissances surnaturelles.
Les divinités mayas forment un vaste panthéon et il n’est pas toujours facile de les identifier, car un même dieu pouvait prendre différents aspects, bienfaisant ou malfaisant, jeune ou vieux.

Itzamna, le dieu céleste, fils de Hunab Ku, le dieu créateur, père de toutes les autres divinités ; Yum Kaax, dieu du maïs et protecteur de l’agriculture ; Kukulkan, le serpent à plumes : on lui attribue l’origine de tout ce qui pousse et vit sur terre ; Ek Chuah, le scorpion noir, dieu du commerce et des marchands de cacao ; Kinich Ahau, le dieu du Soleil. Son glyphe est une fleur à quatre pétales.

Les Mayas au musée des Arts premiers

Le musée du quai Branly présente jusqu’au 8 février 2015 une exposition magnifique : quelque 400 pièces archéologiques datant de l’époque classique – stèles, linteaux, fresques murales, céramiques anthropomorphes ou zoomorphes, statuettes de dieux, porte-encensoirs – nous permettent d’aborder la complexité de cette civilisation sous ses différentes facettes. Dans de nombreux objets, la nature est très présente avec, par exemple, la répétition du motif du quinconce. Ce dernier fait référence aux quatre points cardinaux et au centre de l’univers tout en évoquant une fleur. De nombreux animaux témoignent encore de la finesse de l’observation des Mayas et de l’omniprésence des forces sacrées convoquées lors de rituels. Les cités, elles aussi, étaient à l‘image du cosmos. Certaines pyramides, comme celle de Kukulkán, à Chichén Itzá, représentaient le calendrier solaire. Un bel hommage à cette civilisation à la fois sophistiquée, mais aussi marquée par les rivalités entre les différentes dynasties.

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