Dossier
Cultiver un rapport sensible au végétal (4/15)
Communication, plaisir et même attachement… De plus en plus de personnes envisagent de se rapprocher des plantes, des arbres en impliquant leur sensibilité, leur affect, leurs émotions. Rencontre avec ces paysans, herboristes, écologues, thérapeutes… qui, tout en développant une alliance profonde avec le vivant, ouvrent de nouvelles voies de connaissance.
Brigitte Thiébault : L'alchimie de la nature
" Depuis toute petite, j’ai une sensibilité particulière pour la nature, les végétaux en particulier. Après mes études de médecine, je me suis orientée vers l’homéopathie pour avoir une vision globale de mes patients et de leurs symptômes. J’ai alors découvert les plantes sur un plan intellectuel, car bon nombre de médicaments homéopathiques sont d’origine végétale. "
Cette approche thérapeutique des plantes va s’élargir lorsque Brigitte Thiébault rencontre l’alchimiste Patrick Burensteinas. " Selon lui, l’alchimie est un dialogue avec la nature, et nous pouvons “parler” avec tout ce qui est vivant. Avec mon esprit cartésien, j’ai cherché à entrer en contact avec les plantes comme avec mes patients, de l’intérieur… " Commence alors une quête qui dure depuis 30 ans. " Au début, je tâtonnais...
. Percevoir un arbre ou une plante, c’est comme apprendre une langue étrangère, il faut de la patience, pour que l’oreille se forme. J’ai commencé à ressentir la plante verte de mon bureau, puis les arbres, plus faciles à entendre qu’un brin d’herbe… " Brigitte réalise que chaque arbre a un " chant " spécifique. Un noyer donne des informations et une mélodie différentes de celles émises par un acacia ou un poirier… " Un vieux chêne auprès duquel j’ai passé de longues heures m’a beaucoup appris : je décelais le message de ses feuilles, de ses racines, le contact qu’il entretenait avec le chêne à l’autre bout de la prairie… " Peu à peu, Brigitte apprend à déchiffrer la langue des arbres, différente d’une espèce à l’autre… Des années d’une écoute qui exige de lâcher le mental, de prendre son temps. Brigitte note : " Les alchimistes nous enseignent à persévérer… Cette recherche ne s’arrête jamais car au-delà du dialogue avec les plantes, il s’agit de trouver le fil commun à toute création. " Aujourd’hui, elle anime des stages d’initiation à l’écoute alchimique du vivant… " Lorsque la plupart des gens étaient paysans, cette perception était probablement innée. Nous, urbains toujours pressés, l’avons perdue… Mais nous pouvons la retrouver… "
Le chant de l’arnica
Brigitte Thiébault a commencé à travailler avec les plantes médicinales comme l’arnica. Selon elle, les teintures-mères utilisées en phytothérapie ou en homéopathie transmettent non seulement les principes actifs du végétal mais aussi son « chant ». « Le chant de l’arnica est très différent de celui du millepertuis ou de la belladone », explique l’homéopathe. Pour Brigitte, il est essentiel que l’esprit de la plante se trouve dans le remède. Sinon, il s’agit de chimie pure et le résultat n’est pas le même.