Hommes-femmes, équilibrer les rôles
Qui pense à racheter du lait ? Qui tond la pelouse ? Le partage des tâches ménagères entre hommes et femmes reste marqué par les stéréotypes, malgré l'évolution des mentalités. Explorer nos attitudes en profondeur avec la complicité des élixirs floraux peut se révéler positif pour réorchestrer la partition au sein du foyer.
« Que voulons-nous au juste, la quiétude des ménages ou l’égalité ? », interpelle le sociologue Jean-Claude Kaufmann, en commentaire d’un sondage Ipsos réalisé en avril 2018 sur le partage des tâches ménagères. Plus de la moitié des Français (55 %) considère que les inégalités hommes-femmes en la matière ne sont plus vraiment un problème au sein du foyer. Mais il s’agit surtout… des hommes (63 %) ! Dans les faits, les couples « préfèrent s’accommoder de l’inégalité raisonnable qu’ils ont mise au point, tant cela leur paraît compliqué de révolutionner leur quotidien », souligne cet expert. L’enquête révèle des rôles encore très connotés : les hommes bricolent et descendent les poubelles, les femmes s’occupent du linge et lavent les sanitaires.
Dans l’inconscient collectif, la femme reste associée à un univers intérieur et à la douceur, donc à l’espace dédié à la famille. Et l’homme renvoie à l’extériorité, à la force et à la sphère professionnelle. On retrouve symboliquement cette dichotomie dans le cognassier. Ses fruits sont fragiles et doivent être manipulés avec précaution. Mais ils sont durs, aussi ! On les mange d’ailleurs cuits. Ses fleurs transmettent ce message d’équilibre entre fermeté et douceur à travers l’élixir de cognassier, recommandé au couple pour que chacun intègre ses parts masculines et féminines.
Modifier ses croyances
Cette réunification de soi encourage les femmes à mettre à jour leur combativité afin de se libérer de leur sentiment d’obligation, et les hommes, à révéler leur capacité à prendre soin des enfants et du domicile. Et cela ne signifie pas perdre leur virilité ! Les plus réticents peuvent se rassurer avec l’élixir de bananier : si la forme de son fruit suave est éloquente, celle de ses fleurs également. Cet élixir développe l’humilité et permet de s’investir à la maison sans avoir « besoin de la ramener ».
Ces archétypes sont aussi à relier aux inégalités de salaires, selon les spécialistes. Dans un couple, parfois à tort, le revenu de la femme reste perçu comme un complément. Moins « rentable » pour nourrir la famille, elle doit donc en faire plus à la maison ! Une certaine logique que l’élixir de pézize orangée combat. Ce champignon en forme de coupelle évoque un...
rapport terre-à-terre compensé par une ouverture plus aérienne. Atténuant aussi bien les tendances matérialistes qu’idéalistes, il invite tout un chacun à adopter un point de vue moins comptable. Cependant, certaines habitudes ne favorisent pas la distribution des tâches au foyer. Ainsi, de nombreuses femmes dressent des to-do list (liste des choses à faire), ce qui encourage le phénomène de « charge mentale ». Quand cela commence à peser trop lourd, pourquoi ne pas bénéficier des vertus joyeuses de l’élixir de zinnia ? Cette fleur aux tons vifs apporte de la légèreté, ce qui permet de ne pas se laisser submerger par tout ce qui reste à faire. Elle renforce la spontanéité ainsi que la communication avec petits et grands enfants. Lâcher du lest responsabilise les autres autour de nous ; au contraire, se dévouer sans cesse leur laisse peu de place pour prendre des initiatives.
En faire moins
L’élixir de centaurée, cette fleur discrète qui agrémente les bordures de chemin, invite à poser des limites, à dire « non ». Assurer sur tous les fronts au quotidien peut être épuisant. Il existe cependant des as du ménage et de l’organisation dont le perfectionnisme fait reculer un conjoint plein de bonne volonté. L’élixir de pommier, axé sur la maniaquerie de l’ordre et de la propreté de par la pureté des fleurs blanches, aide à ne pas être obnubilé par de telles obsessions. Ceux dont c’est le tempérament peuvent aussi se tourner vers l’élixir d’impatience, pour chasser une éternelle insatisfaction les empêchant de déléguer.
L’ortie, pour apaiser les conflits
Connue pour provoquer de l’urticaire (elle en tire d’ailleurs son nom latin, Urtica dioica), cette herbe aux poils irritants semble inciter à mettre les problèmes à distance. C’est mal la connaître ! Car l’ortie pousse en groupe, sur des terres laissées à l’abandon qu’elle régénère. Elle se développe par rhizome, autrement dit chaque individu « partage » ses racines. Et ses petites fleurs vertes ou jaunes se serrent en grappes ramifiées. C’est donc un message de solidarité familiale qu’elle transmet. Son élixir, apaisant, encourage à prendre appui les uns sur les autres sans se blesser quand la mésentente règne. Cette plante indique aussi que chacun peut déployer divers savoir-faire au lieu de se cantonner à un rôle préétabli. En cuisine, en santé, en jardinage ou dans le textile, elle assure sur tous les fronts.
S’impliquer mieux
Toute mauvaise foi mise à part, les membres du foyer critiqués sur leurs méthodes ou sincèrement convaincus de ne pas être à la hauteur de la tâche pourront se tourner vers l’élixir de mélèze. Grâce à ce résineux poussant fièrement en altitude, ils ne craindront ni l’échec ni le jugement. Et cette confiance en eux leur donnera de la volonté pour se mettre à l’ouvrage, ranger, nettoyer ou cuisiner à « leur » façon.
S’accorder sur des valeurs communes et sur la meilleure manière de fonctionner à deux concerne également la vie domestique. Inspirons-nous, ici, du message de la molène : ses fleurs jaunes fleurissent collées les unes aux autres, ce qui fait de son élixir un bon allié pour rester soudés. Cette plante bisannuelle en forme de cierge géant invite aussi à développer droiture et intégrité morale. Chacun peut prendre quelques gouttes de cet élixir pour aborder les sujets qui fâchent et rééquilibrer les rôles, car il favorise l’écoute de soi et la perception de ses qualités et défauts, tout en visant le soutien à l’autre. L’union fait la force. Et partager les tâches domestiques n’est que justice. Laisser du temps à l’autre pour s’épanouir en dehors des corvées n’est pas un acte de générosité, c’est faire preuve d’égalité et… d’amour !
Marcher à deux
La Walk and Talk Therapy consiste à marcher avec son psy. Né en 2005 aux États-Unis, le concept se développe en France surtout sur les chemins de Compostelle. Il prend alors la forme d’une thérapie individuelle, de groupe mais aussi de couple, comme le propose le gestalt-thérapeute Philippe Castan. En parcourant la nature, l’éveil des cinq sens, les émotions et l’activité pédestre favorisent d’autres points de vue et une verbalisation intime, dans un mouvement qui va du dedans vers le dehors. Comme le corps, la parole se met en route ou se pose, laissant cheminer les pensées. Elle transite par le psychothérapeute qui devient comarcheur, accompagnant mettant en valeur les métaphores d’une randonnée : partager un effort, des souffrances, mais aussi de l’émerveillement ; respecter le rythme de chacun, porter son sac à dos (ses charges !), traverser une zone marécageuse, gravir ou descendre une pente… Durant trois jours, près d’Angers, la thérapie alterne ainsi des séances individuelles, d’autres en couple, et des temps de marche en solitaire. Elle inclut un rendez-vous préparatoire avant et un autre trois semaines après, pour faire le point sur ce qui a… avancé !