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Sentier du canal de Malcros : la piste d'un ancien glacier

Sentier du canal de Malcros
Sentier du canal de Malcros

Dans le département des Hautes-Alpes, sur un versant sud du massif des Écrins, ce sentier invite aux observations botaniques et à la cueillette. Longeant un ancien canal d'irrigation, il offre une randonnée facile et des vues imprenables, tout en racontant l'histoire d'un glacier disparu.

C'est un sentier en « balcon » qui circule le long du canal de Malcros : en effet, le promeneur profite en permanence de splendides vues sur la vallée du Champsaur, riche en bocages. Au loin, la montagne du Dévoluy apporte une touche minérale avec son sommet qui culmine à 2 755 mètres. Si, à la belle saison, d'innombrables orchidées sauvages habillent ce chemin, ce sont les mélèzes et les hêtres qui se donnent en spectacle à l'automne avec leurs couleurs orangées. Suivra l'hiver où les pins sylvestres toujours verts, seront mis en valeur par la neige. Même en saison froide, Dominique Vincent, garde monitrice au Parc national des Écrins, explique : « Deux médicinales donnent à voir leurs grandes hampes florales séchées, le bouillon-blanc et la gentiane jaune ». Si l'on cueille les fleurs de la première en été, on déterre les racines de la seconde à l'automne.

Cueillettes médicinales et porte-bonheur

Dominique Vincent nous propose une lecture de paysage : « Le sentier du Canal de Malcros se trouve sur un adret et donc profite d'un très bon ensoleillement ». La garde monitrice décrit les différents milieux traversés lors de la balade avec tout d'abord les pelouses sèches où poussent la lavande à feuilles étroites et la carline à feuilles d'acanthe. Cette dernière, traditionnellement cueillie pour orner les portes, est considérée comme un porte-bonheur. « Les pelouses sont piquetées de zones embroussaillées où se développent l'épine-vinette, le genévrier commun, l'églantier des chiens et l'alisier blanc. » Autant d'espèces qui se prêtent aux cueillettes automnales, médicinales ou gourmandes.

Carline à feuilles d'acanthe, Carlina acanthifolia

Cette plante de montagne est acaule, c'est-à-dire sans tige. Ses grandes feuilles forment une rosette étalée, et le cœur de ses fleurs est comestible. Traditionnellement, ses feuilles épineuses servaient à carder la laine des moutons et sa racine était considérée comme une panacée. Elle fait partie de la liste rouge nationale des espèces menacées même si son risque de disparition est faible.

Le sentier traverse d'autres milieux comme les hêtraies, les mélézins, les forêts de pin ­sylvestre ainsi que les landes d'adret où pousse le raisin d'ours, une médicinale aussi appelée busserole bien connue dans les problèmes urinaires. « La plupart des surfaces de pelouses ont été gagnées sur la forêt par l'exploitation pastorale ou agricole, et l'embroussaillement ou les landes correspondent à une baisse de cette exploitation », explique la garde monitrice.

Le mélèze, Larix decidua

Cet arbre montagnard est le seul conifère d'Europe à perdre ses aiguilles en hiver. Il peut atteindre 30 à 40 mètres de hauteur et offre aux menuisiers un bois très résistant, durable et imputrescible. On en tire une huile essentielle à l'odeur fraîche et aux propriétés antiseptiques. Mais on l'emploie plutôt en olfactothérapie : comme celle des autres conifères, cette huile essentielle chasse les peurs profondes (la solitude, la mort), d'autant plus que, l'arbre redevenant vert au printemps, elle symbolise le renouvellement et un nouveau départ.

Sur les milieux rocailleux, Dominique Vincent propose d'observer le panicaut blanc, une espèce protégée : « Le panicaut blanc ressemble à un chardon. On peut encore le rencontrer en automne, mais à l'état sec ». Il faut savoir que le sentier du canal de Malcros se situe en bordure du Parc national des Écrins, l'un des onze parcs nationaux français ; la flore est donc sous surveillance, avec plusieurs espèces rares et donc protégées.

En plus des découvertes botaniques, une étonnante histoire agricole est racontée par le canal de Malcros qui doit son nom à un ancien glacier, le « mauvais creux », situé à 2 800 mètres d'altitude. Ses eaux de fonte, acheminées vers la vallée de Champsaur, devaient permettre l'irrigation des cultures. Car l'eau a toujours été un enjeu majeur dans cette région montagneuse sous influence méditerranéenne.

Prouesse architecturale : un canal de 61 km de long

Suite à des épisodes de sécheresse au début du XIXe siècle, le projet de canal est très attendu par les habitants la vallée, celle-ci commençant à être surpeuplée. Mais il faut attendre 1873 pour la mobilisation d'une centaine d'hommes autour de la réalisation de cet ouvrage. En 1881, les différentes branches du canal sont terminées, ce qui constitue une prouesse architecturale car le tracé est long de 61 km et traverse des cols et versants abrupts.

Aqueducs couverts, murs en pierre de taille, portions entrecoupées par les ravins et torrents naturels : les éléments du canal et la rudesse du climat en altitude rendent son entretien difficile. Il est peu à peu abandonné à partir du début du XXe siècle d'autant plus que deux phénomènes vident la vallée de sa main-d'œuvre : la guerre de 1914-1918, et une vague d'émigration au cours de laquelle environ 5 000 Champsaurins – un tiers de la population – quittent la région, direction… la Californie ! Ces émigrés voyageurs devaient être parmi ceux qui ne croyaient pas dans le projet du canal. En effet, dès le début, l'hypothèse d'une disparition possible du glacier est formulée. Une juste intuition puisque Malcros n'est plus qu'un lac aujourd'hui… Mais le sentier du canal de Malcros, continue d'évoquer cette œuvre humaine admirable.

Infos pratiques

Itinéraire Rendez-vous à la station de ski de Chaillol où un panneau indique le sentier. La balade, balisée en jaune, est un aller-retour de deux heures environ. Elle comporte très peu de dénivelé (altitude moyenne de 1 600 m) et alterne les passages en sous-bois et les zones de pâturage.

Comment y aller TGV jusqu’à Grenoble, TER jusqu’à Gap puis autobus ou location d’un véhicule à la gare de Gap.

Renseignements www.champsaur-valgaudemar. com et www.ecrins-parcnational.fr

Se loger Chambre d’hôte Au chant du Riou, nuitée pour 2 personnes à partir de 77 €. www.auchantduriou.fr Tél. : 06 95 10 17 64

Activités À Saint-Julienen-Champsaur, découvrez le Jardin de la Grande Compassion qui propose des retraites méditatives et dans ce cadre où des pratiques permaculturelles procurent aux méditants une alimentation bio. www.thouktchenling.net

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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