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Jardin de Vauville, l'oasis du Cotentin

Jardin de Vauville
Jardin de Vauville

Sur la presqu'île sauvage du Cotentin, là où vents salins et marées s'entremêlent, le jardin botanique de Vauville transporte vers les terres lointaines de l'hémisphère austral. Aloès, palmiers poilus, rhododendrons… Une surprenante collection de végétaux vous y attend. Un véritable défi d'acclimatation, relevé par une famille passionnée depuis trois générations.

Une atmosphère de bout du monde, très sauvage. Au nord-ouest du Cotentin, perdu dans le territoire de la Hague, une route descend vers la baie de Vauville, aux airs de petite Irlande. C’est ici, au milieu des landes et à 300 mètres de la mer, que se trouve le jardin exotique de Vauville, étendu sur 4,5 hectares. Dans les années 1930, Éric Pellerin, créateur de parfums et passionné de botanique, tombe amoureux de cet espace préservé. À l’époque, un pré à vaches jouxte le château du XVIIe siècle dont il est propriétaire. L’ingénieur et voyageur fait le pari fou d’y faire pousser des plantes venues de l’hémisphère austral : ginkgo biloba, rhododendron, palmier poilu de Chine ou encore cordyline de Nouvelle-Zélande… Dans les années 1980, Guillaume Pellerin et son épouse Cléophée de Turckheim reprennent le flambeau, qu’ils transmettent à leur fils Éric, passionné de botanique, de voyages et de cinéma. Depuis 2017, celui-ci poursuit l’embellissement de ce « jardin du voyageur » qui abrite près de mille espèces exotiques, dont la plupart ont un feuillage persistant. « On en profite toute l’année, il n’y a jamais cette tristesse de l’hiver. C’est ce que voulait mon grand-père », se félicite le jeune propriétaire.

Éric Pellerin, propriétaire du Jardin de Vauville

Bulle d’exotisme

Dès l’entrée, le voyage débute dans le théâtre de bambous. « Le bruit des bambous qui s’entrechoquent nous connecte tout de suite à la nature », décrit Éric Pellerin. Sans attendre, le chemin mène ensuite à une gigantesque palmeraie, véritable bulle d’exotisme. Bien protégés du vent du sud par la haie de bambous et de panicauts à feuilles de pandanus (Eryngium pandanifolium), les rhododendrons aux fleurs roses et rouges s’épanouissent, tout en profitant de l’ombre des palmiers poilus (Trachycarpus fortunei). En cheminant sous les grands cyprès de Lambert (Cupressus macrocarpa) et les eucalyptus, on découvre une collection de fougères de Tasmanie (Dicksonia antarctica). « En avril, observer ces fougères déployer leurs frondes qui deviennent des feuilles immenses, c’est majestueux », décrit le passionné. Le jardin est ponctué de bassins, dont celui de l’abreuvoir, à contempler sur un pont boisé, et celui du jardin d’eau, où l’herbe de la pampa (Cortaderia selloana), invasive d’Argentine, est surveillée des jardiniers. Mais surtout, il y a cet horizon bleu, au loin. « La proximité avec la mer participe à l’atmosphère très vivante du jardin. Il y a un bruit de fond de vagues constant, dont l’intensité varie selon les vents. » Plus loin, des eucalyptus fatigués par la tempête de 1987 forment le toit d’un lieu romantique et relaxant aux abords d’un bassin : le Jardin de la sagesse. « Le promeneur traverse vingt-deux ambiances aux noms évocateurs – l’allée australe, le chemin de la découverte, la voûte bleue… », détaille Éric Pellerin. Ainsi, dans l’allée des hydrangeas, prenez le temps d’admirer les arbres voyageurs venus des quatre coins du monde. Pin Wollemia nobilis d’Australie, cyprès du Cachemire, Carmichaelia arborea et Podocarpus acutifolius de Nouvelle-Zélande… À la fin de la visite, alors que l’on serpente sur une allée d’ardoise, le bassin des Gunnera manicata nous projette dans une ambiance aux airs de Jurassic Park.

Bassin des gunneras, crédit : Franck Boucourt

Géantes gunneras

Avec ses feuilles énormes portées par des pétioles épineux, la rhubarbe géante (Gunnera manicata) est une plante spectaculaire. « On la retrouve beaucoup au Brésil, mais aussi au Chili, où les habitants font des fagots de ses tiges et les transforment en confitures », raconte éric Pellerin. Au jardin de Vauville, lorsque les feuilles brunissent et sèchent en novembre, les jardiniers coupent la tige juste sous la feuille, puis retournent cette dernière. Le système racinaire est alors protégé du gel, ou d’une trop grande accumulation de sel.

Les secrets de l’acclimatation

Grâce au Gulf Stream, courant chaud côtier qui passe au large des îles anglo-normandes, les températures sont douces toute l’année à Vauville, malgré la violence des vents. Le thermomètre ne descend que rarement en dessous des - 5 °C. « Les plantes tropicales ne sont pas dans leur pays d’origine, mais elles retrouvent les caractéristiques de leur climat. C’est ce qui permet leur acclimatation sous cette latitude », éclaire Éric Pellerin. Il faut toutefois composer avec les éléments. « Ce ne sont pas les rafales de vent à 100 km/h qui m’inquiètent, mais les tempêtes ! », précise le propriétaire. Si le château et les murs d’enceinte brisent le vent d’ouest dominant, des « haies brise-vent » ont aussi été plantées.

Se protéger du vent

À Vauville, le principal défi est d’offrir aux espèces provenant des antipodes les conditions favorables à un nouvel enracinement. Une sélection d’espèces denses et robustes plantées en masse et proches les unes des autres en lisière du jardin a ainsi permis de créer des haies brise-vent. Parmi ces végétaux, on trouve de l’eryngium, le lin de Nouvelle-Zélande, le cyprès et l’eucalyptus que les jardiniers prennent soin d’élaguer au mois de mars. Cette barrière végétale protège tant bien que mal les espèces plus rares et plus fragiles qui ont besoin d’être abritées du vent pour survivre.

Chemin des fougères, Crédit : Franck Boucourt

Parvenir à faire pousser des végétaux venus d’un autre hémisphère et les faire cohabiter de manière harmonieuse demande patience et sens de l’observation. « C’est important de voyager afin d’étudier et de reproduire l’environnement naturel des plantes. Les fougères de Tasmanie, qui poussent à l’ombre dans des forêts primaires, se retrouvent au jardin, à l’ombre des eucalyptus », explique le passionné. Au retour de ses voyages, Éric Pellerin conserve au chaud les graines australes, qu’il fait ensuite pousser sous serre. « Plus les espèces sont jeunes quand on les plante, plus elles sauront s’adapter, tandis que les végétaux plus âgés supportent moins le changement. En 2018, j’ai planté des pieds de Phylica de l’île Amsterdam, de hêtre austral et de certains eucalyptus. Ils ont attendu un à trois ans pour pousser, et aujourd’hui, ils mesurent 1,5 mètre ! Une fois qu’ils comprennent le sol où ils se trouvent, ils se lancent ! » Face aux exigences du climat, certaines plantes trouvent des astuces pour lutter contre les vents et les températures froides, d’autres moins. « On observe, on compare, et on affine notre sélection », conclut Éric Pellerin. Et à la vue du jardin luxuriant, on peut dire que ce dernier est un chef-d’œuvre d’adaptation.

Infos pratiques

Comment y aller :

  • En train (3 h 20 de Paris) : gare SNCF de Cherbourg.
  • En voiture : depuis la gare de Cherbourg, prendre la D901 direction La Hague, puis la D318 jusqu’au domaine de Vauville (19 km en tout). Un parking se trouve juste à côté de l’entrée du jardin.

Adresse : 1, route du Thôt, 50440 Vauville, La Hague.

Tél. : 02 33 10 00 00.

Horaires : Ouvert tous les jours d’avril à septembre, de 14 h à 18 h (19 h en juillet-août). Autres saisons : voir le site Jardin-vauville.fr

Tarifs : 9,50 €, gratuit -18 ans.

Où loger ? La Maison du lavoir, maison traditionnelle de village, au bord de la mer. 95€ pour 4 personnes. Vauville.lodgify.com

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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