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Le jardin du Fond de l'or : Une invitation aux voyages

Le jardin du Fond de l'or : Une invitation aux voyages

Depuis plus de quarante ans, Jacques Lubet peaufine son jardin du Fond de l'or, une oasis de diversité botanique nichée au cœur du vignoble lugonnais, en Gironde. Il y multiplie les ambiances, rappels des voyages effectués par le maître des lieux, tout en cherchant à anticiper les évolutions liées au dérèglement climatique.

Très peu d’arbres, des ronciers en veux‑tu en voilà et beaucoup – presque trop – d’eau : c’est ce qu’on trouvait sur le terrain que Jacques Lubet et son épouse Babeth ont acheté en 1981. Mais le potentiel n’a pas échappé à l’œil graphique du céramiste de formation. Qui confesse volontiers y être d’abord allé « au feeling » et en trois temps ! La seule condition : il fallait que ça lui plaise. Au début, il s’est « contenté » de 2 500 m2, principalement la partie haute du jardin, où il a fallu débroussailler. Et où, de son propre aveu, il s’est pas mal trompé. Le terrain calcaire n’était en effet pas propice à l’implantation des sujets rares et originaux que Jacques affectionne tout particulièrement.

Ensuite, il a fallu apprendre à domestiquer la pente. Là, il a dû veiller à ne pas planter des végétaux gélifs car il y règne une humidité constante et même si les températures ne descendent que rarement en dessous des 6 °C, le froid peut s’avérer un problème. C’est pourquoi on y croise des plantes parfaitement adaptées à cette zone fraîche et ombragée, comme certaines fougères – l’osmonde royale ou la très élégante Polystichum setiferum –, un Carex elata ‘Aurea’ ou encore un Miscanthus sinensis ‘Undine’ qui, tous, apprécient la présence constante de l’eau.

Une densité maîtrisée

Aujourd’hui, le jardin fait 8 000 m2. L’endroit est foisonnant et les grands arbres de la partie intermédiaire, à mi-pente, montent très haut. Pour autant, jamais on ne s’y sent oppressé. Peut-être en raison de la variété des ambiances qui y règnent. Elles sont pour la plupart des rappels des nombreux voyages effectués par le couple. En Asie, pour leur grande majorité, mais aussi au Mexique, en Nouvelle-Zélande, en Afrique. Cependant, Jacques n’en ramène que très rarement des graines. Pour des (bonnes) raisons phytosanitaires, mais aussi parce qu’il préfère travailler à leur évocation dans son jardin, pour nous emmener ailleurs. Au Japon, par exemple, quand il s’agit de franchir le vallon ombragé où coule le ruisseau. Longeant l’escalier en rondins, une corde fait office de rambarde : elle est tendue entre des poteaux de garapa, un bois très dur, peints en rouge et qui rappellent la couleur des torii, les portes des sanctuaires japonais. Un carillon, lui aussi venu du pays du Soleil levant, est suspendu à un prunus sauvage typique du Fronsadais. Plus bas dans le jardin, on trouvera deux magnifiques Molinaea, arbres indigènes de la Réunion, qui veillent sur deux Stipa gigantea au port pour le moins « explosif ! ».

De son passé de céramiste, Jacques a conservé un goût certain pour la couleur, mais aussi les formes. À l’automne, on pourra ainsi profiter des rouges magnifiques d’un taxodium – également appelé cyprès chauve et qui, chose très rare pour un conifère, possède un feuillage caduc – et d’un érable henryi ; de l’exubérance d’un brugmansia ou d’un cotinus. Mais aussi d’une multitude de graminées aériennes. Dans les massifs, des verveines de Buenos Aires voisinent joliment avec des érigerons, dahlias et asters. Et que dire d’Euonymus grandiflorus ‘Red Wine’, un fusain dont l’exceptionnelle palette du feuillage automnal va du rouge au violet ?

Le miscanthus multifonctions

Le miscanthus est une graminée – également appelée « herbe à éléphant » ou « roseau de Chine ». Robuste, il est peu sujet aux attaques de ravageurs ou de maladies. Il en existe une vingtaine d’espèces : les plus petites mesurent moins d’un mètre ; les plus grandes montent jusqu’à 4 mètres ! En fin d’hiver, le miscanthus perd son feuillage qui constitue un mulch épais. Utilisé en paillage sur votre potager, il assurera une fonction protectrice et nourrissante. Le pouvoir absorbant de ses cannes en fait également une bonne matière pour la litière des animaux de ferme ou domestiques. Elles contiennent peu d’humidité et peuvent donc rapidement servir de combustible ou d’isolant en écoconstruction. Il est par ailleurs peu émetteur de CO2. Enfin, une des espèces, le Miscanthus giganteus, pourrait même remplacer le PVC dans certaines applications.

Le cotinus (Cotinus coggyria)

Avec ses plumeaux légèrement rosés, le Cotinus coggygria, communément appelé « arbre à perruques », fait toujours son petit effet dans un jardin. Chez nous, il est rarement évoqué pour ses vertus thérapeutiques. Mais en Bulgarie, on l’emploie pour ses propriétés antiseptiques et anti-inflammatoires. Également indiqué contre la diarrhée, il est le plus souvent utilisé en cataplasme : il faut être prudent avec son ingestion, car toutes ses parties sont toxiques. On en retire aussi une huile essentielle qui a des propriétés similaires.

Un jardin pour demain

S’il aime la diversité, Jacques Lubet ne cherche pas l’accumulation à tout prix. Et s’il prise des sujets primés lors des grandes foires aux plantes, c’est essentiellement pour les garanties de durabilité qu’elles offrent. Un paramètre que cet amoureux et défenseur de la nature garde toujours à l’esprit. Ainsi, il a aménagé la partie la plus basse du terrain, qui ne lui appartient pas mais qu’il a obtenu d’investir. C’est une clairière brûlante en été mais soumise aux quelques gelées d’automne et de printemps, et où l’eau est rare. Il l’appelle son « jardin pour demain », car il y a planté des végétaux aptes à supporter ces amplitudes thermiques qui semblent devenir la norme de nos futures saisons déréglées. On y trouve ainsi des costauds qui n’ont pas oublié d’être beaux, comme les perovskias et les miscanthus. Ou des « arbres à thé », les leptospermums, sobres, persistants et très ornementaux. En été, le Yucca filamentosa ‘Color Guard’ offre sa spectaculaire floraison avant que le bien nommé Sedum ‘Autumn Joy’ ne prenne la relève un peu plus tard en offrant des teintes lie-de-vin parfaitement de saison et de rigueur dans ce territoire de vignobles prestigieux.

En ces temps de grosses chaleurs, eau et ombre sont des denrées de plus en plus rares. C’est pourquoi Jacques recherche les variétés les plus sobres possible. Et pour créer des zones protégées du soleil, il plante des arbres à croissance rapide, comme le Melia azedarach, le lilas de Perse, ou son « cousin » des Indes, le lagerstroemia, qui en outre s’accommodent des sols secs.

Il ne vous reste plus qu’à vous munir d’une bonne paire de chaussures de marche, car le jardin du Fond de l’or sollicite gentiment les mollets ! Mais cette mosaïque de couleurs et de formes où tout appelle à la sérénité et à la rêverie vous le fera vite oublier.

Infos pratiques

  • Adresse et contact

7, rue Saint-Exupéry, 33240 Lugon-et-l’Île-du-Carnay Tél. : 06 33 26 67 73

Ouvert en mai, juin, sept., oct. : 10 h-12 h et 14 h-18 h ; juil. et août : 10 h-12 h et 15 h-18 h. Tous les jours sauf mercredi. Lejardindufonddelor.fr

  • Comment y aller

Par le train : Paris Montparnasse-Libourne, puis bus 310 jusqu’à Saint-André-de-Cubzac, arrêt Le Gabaron, puis 490 m à pied jusqu’à Lugon-et-l’Île-du-Carnay.

En voiture : depuis Paris via l’A10, sortie 39a, direction Libourne/Saint-André-de-Cubzac. Prendre la D670 direction Libourne, puis les D138 et D138E5 direction Lugon-et-l’Île-du-Carnay.

  • Où dormir

Gîte du Domaine de Gaïa, Releou, 33420 Guillac Tél. : 06 09 01 57 03 Domainedegaia.com

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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