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Les Jardins de Colette en Corrèze : Verdure et littérature

Les Jardins de Colette en Corrèze : Verdure et littérature

À l'occasion des 150 ans de sa naissance, les fleurs et arbres des Jardins de Colette vous racontent tout des grands moments qui ont jalonné la vie de cette romancière majeure du XXe siècle. Comme dans ses livres, que la promenade invite à lire ou à relire, l'émotion vous cueille à chaque instant.

Vous pensez pénétrer dans un parc ? Vous allez vous retrouver happé par une histoire tourbillonnante, celle de la vie de Colette, personnage haut en couleur doté d’une grande sensibilité au végétal. À Varetz en Corrèze, au pied du château de Castel Novel où elle vécut une dizaine d’années, ces jardins lui sont en effet totalement consacrés. Or cette année offre une belle occasion de les visiter puisque l’on célèbre les 150 ans de sa naissance. Si les chats ont neuf vies, Colette en a eu six, dans différentes régions de France, c’est pourquoi six ambiances botaniques se succèdent au cours de la promenade.

La première vie de l’auteure est abordée dans le « Jardin d’enfance », théâtre de ses jeunes années auprès de ses parents, frères et sœurs, en Bourgogne. Les plantes qui nous content cette période heureuse et proche de la nature sont celles que l’on retrouve dans le récit autobiographique La Maison de Claudine, paru en 1922. La glycine, plante que chérissait Colette, nous accueille. Enfant, elle fut marquée par sa vigueur qui soumet les constructions humaines : « Je n’ai jamais connu cette grille que tordue, arrachée au ciment de son mur, emportée et brandie en l’air par les bras invincibles d’une glycine centenaire », écrit-elle dans le premier chapitre du livre.

L’osiériculture en Corrèze

L’osier, qui désigne le rejet de l’année du saule, était très largement cultivé en Corrèze au temps où Colette habitait la région. À la fin du XIXe siècle, l’épidémie de phylloxéra entraîna l’arrachage des vignes, remplacées par les saules, employés pour la vannerie d’emballage des fruits et légumes. « Seulement quelques décennies plus tard, la concurrence des cagettes a fait décliner la culture de l’osier », raconte Serge Mazaud, osiériculteur-vannier à Voutezac, en Corrèze. « Auparavant, tout le monde avait ses pieds de saule », rappelle-t-il. Serge Mazaud fait perdurer cet artisanat végétal en cultivant une centaine de variétés, un conservatoire permettant notamment d’observer quels osiers se montrent plus résilients face à la chaleur et la sécheresse. Dans le jardin, le labyrinthe en forme de papillon est constitué d’osier vivant.

« Regarde », un mot magique

Comme dans sa maison d’enfance, on découvre deux espaces différents, l’un fleuri de rosiers dans les tons pastels, l’autre potager, que la mère de Colette cultivait si bien qu’elle a transmis cette passion à sa fille. « Sido », comme elle l’appelait dans ses livres, répétait toujours à celle-ci : « Regarde », en désignant des plantes ou des animaux du jardin, et c’est plus tard le mot que la romancière disait préférer, promesse de couleurs et de senteurs. Dans le potager, où les légumes sont associés pour s’entraider, les parfums végétaux sautent au nez pour rappeler son écriture très sensorielle : verveine citron, menthe, basilic, sauge ananas… Le tapis de pervenches n’est pas non plus là par hasard : le nom latin de la plante, Vinca, est aussi celui du personnage principal du célèbre Blé en herbe, son roman paru en 1923.

La visite se poursuit sur un espace plus ouvert, évoquant l’entrée de Colette dans la vie adulte. Elle se marie en effet en 1893, à 20 ans, et fait l’acquisition d’une propriété en Franche-Comté. Dans ce « Jardin sauvage », un méli-mélo d’espèces mellifères fait le bonheur des insectes en plus de symboliser la personnalité de l’écrivaine : « On est dans ce foisonnement du vivant qui correspond bien au personnage », commente Hugo Levère, coresponsable des jardins. Les visiteurs jeunes et moins jeunes s’attardent, y jouent : en effet, sont mis à disposition des jeux rétro géants – mikado, marelle, dominos, morpion – et surtout, un labyrinthe de 5 000 m² abrite des énigmes dont la résolution dévoile la vie de la romancière.

La glycine chinoise, Wisteria sinensis

Les fleurs de la glycine, si chère à Colette, se mangent en salade ou en beignet. Attention à bien égrapper les fleurs pour éliminer les tiges, qui présentent une certaine toxicité, ainsi que le reste de la plante, notamment les feuilles et les graines. En Chine, les fleurs sont cuites à la vapeur et servies en accompagnement, arrosées de sauce soja.

Six jardins pour autant de vies

Une petite butte révèle sa forme de papillon, un insecte dont l’écrivaine faisait collection. Le dédale végétal est entièrement composé d’osier vivant, référence à l’histoire locale. L’ambiance ludique et sauvageonne de ce « Jardin sauvage » symbolise la série littéraire des « Claudine », héroïne délurée qui eut dans les années 1900 autant de succès qu’elle fit scandale. Fleurs et arbres redonnent ici vie à ces livres qui marquèrent leur époque, et que Colette ne put signer qu’à son cinquantième anniversaire puisqu’auparavant son mari s’en attribuait la paternité…

Le troisième espace, « Jardin du bord de mer », est celui de la Bretagne avec ses bruyères, ses chardons, ses pins maritimes et ses chênes verts : l’écrivaine y vécut une relation avec sa compagne Missy qui se travestissait, pratique illégale à l’époque. Le quatrième jardin raconte quant à lui la Corrèze, où Colette acquit avec son second mari le château de Castel Novel, que l’on devine derrière les grands chênes, seuls vestiges du parc originel. Ce « Jardin verdoyant » figure une prairie, le département corrézien étant largement dédié à l’élevage à l’herbe, et plusieurs variétés de saules s’alignent, dont le Noir de Villaines, qui fournit la matière première à l’entretien du labyrinthe.

Un grand écart botanique est offert avec le décor de Provence, où Colette vécut avec son troisième mari, recherchant dans le sud de la France l’anonymat : oliviers, lavande, eucalyptus et romarin rappellent cette nature qui ravissait alors ses sens. C’est le « Jardin à la française » qui clôture le sixième volet de ce tourbillon de vie, évoquant celui du Palais royal à Paris, que Colette admirait depuis sa fenêtre, alitée pour écrire à la fin de sa vie. Au cours de la promenade, ne manquez pas la roseraie très parfumée, réminiscence de l’institut de beauté que la romancière ouvrit en 1932. Vous pourrez y respirer la Rose Colette, hommage créé en 1995. Nul doute que l’écrivaine continuera d’inspirer de nombreux amoureux du végétal.

Infos pratiques

Comment y aller ?

  • En voiture, depuis l’A20, sortie n° 50 direction Varetz (D901), puis prendre la D152 direction Saint-Pantaléon-de-Larche.
  • En train, rendez-vous à la gare de Varetz puis comptez 15-20 minutes de marche sur la D152.
  • En vélo, 10 km de voie verte relient Brive-la-Gaillarde à Varetz.

Adresse

1119, route de Roland-Garros, 19240 Varetz. Lesjardinsdecolette.com

Horaires et tarifs

  • Ouvert du 8 avril au 5 novembre, différents horaires selon les saisons.
  • Adultes 9,50 € ; - de 18 ans 7,50 € ; - de 8 ans 6 €. ; - de 3 ans gratuit.

Hébergement sur place

Hôtel Castel Novel, à partir de 95 € la chambre double. Route de Roland-Garros, 19240 Varetz. Tél. : 05 55 85 00 01.

Activités

Découverte de l’osier et ateliers de vannerie : Serge Mazaud, Biard 19130 Voutezac. Tél. : 06 32 39 45 61. sergemazaud@orange.fr

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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