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Les serres botaniques de Kew Gardens, un univers majestueux

Les serres botaniques de Kew Gardens, un univers majestueux

À trente minutes du centre de Londres, au cœur des jardins botaniques royaux, les serres de Kew figurent parmi les plus prestigieuses au monde. Classés au patrimoine mondial de l'Unesco, ces bâtiments coiffés d'une verrière en fer forgé abritent les plantes les plus rares de la planète. Poussons ensemble la porte de ces foisonnantes forêts sous verre.

Dans le quartier londonien de Richmond, au sud-ouest de la capitale, une rue bordée de maisons toutes similaires sépare l’arrêt du métropolitain des jardins royaux de Kew. Chaque année, quelque deux millions de visiteurs viennent arpenter, humer, explorer ces 122 hectares d’espaces verts créés en 1759 par la princesse Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg.

Des quatre entrées du parc, celle de la porte Victoria permet un accès rapide aux serres. Une fois passé le basique tourniquet, un chemin ondulé bordé de pelouses à perte de vue mène à la célèbre serre aux palmiers. Face à un jardin formel et un immense miroir d’eau, on devine à travers la verrière embuée une foisonnante forêt verte qui s’élève jusqu’au sommet de la voûte culminant à 19 mètres de hauteur. Édifiée en 1948 par les ingénieurs et architectes Richard Turner et Decimus Burton, son architecture s’inspire de la coque d’un bateau. Quant aux carreaux de verre, ils ont tous été fabriqués à la main afin d’épouser sa forme en fer forgé de style victorien. Véritable musée vivant, la serre incarne l’engouement des Britanniques pour l’exploration botanique durant l’ère victorienne.

Immersion en forêt tropicale

Au-delà de la lourde porte blanche aux contours rouillés, la chaleur est dense, la lumière tamisée et l’humidité saisissante. Trois espaces hébergent des plantes venues de différents continents. Au centre, le regard se pose sur celles originaires d’Amérique, comme le bananier Musa acuminata dont les feuilles se heurtent à la structure de la serre. Deux Dioon spinulosum, cycas centenaires en danger d’extinction ; des espèces de palmiers menacées comme le Pelagodoxa, endémique des Marquises, ou le Ravenea moorei des Comores. On contemple les sortes de cheveux tombants de la mousse espagnole (Tillandsia usneoides), plante épiphyte qui survit grâce aux ressources des végétaux sur lesquels elle s’étend.

Du sol en ferraille jusqu’aux arches teintées d’orange cuivré, on ne sait où donner de la tête. Bambous géants (Gigantochloa verticillata) et pervenche de Madagascar, connue pour ses vertus anticancer, contribuent à l’ambiance exotique. De temps à autre s’activent des déclencheurs d’humidité et l’on marche alors au milieu de fines gouttelettes.

En poursuivant sur la droite, un escalier en colimaçon se fond divinement dans le tableau végétal. D’allure princière, il fait prendre de la hauteur sous la gigantesque structure métallique. La dernière marche atteinte, le visiteur est face à l’une des ailes de la serre, aux airs de friche luxuriante. La vue, feuillue, lointaine, magnifiquement désordonnée, est fascinante. Quelques mètres le long de la passerelle suffisent pour se fondre dans la canopée. Loin de leurs racines du bout du monde, les palmiers élancent leurs stipes jusqu’au sommet de la voûte. Les visiteurs ralentissent, contemplent.

De retour sur le sol ferme et mouillé, la déambulation se poursuit au milieu des plantes africaines. On tombe nez à nez avec le tronc du palmier bouteille (Hyophorbe lagenicaulis) en forme de carafe, et avec le plus ancien locataire de la serre, l’arbre à pain Encephalartos altensteinii, rapporté d’Afrique du Sud en 1775. Quelle folle diversité ! Quant à l’aile opposée, elle regroupe des végétaux d’Océanie. Noyer du Queensland, Zingiber spectabile avec sa fleur aux airs de nid d’abeille… Chaque arbre, plante à fleurs, fougère suscite l’émerveillement. Ici comme dans les autres serres de l’institution, ces spécimens sont entretenus chaque semaine avec des engrais organiques et reçoivent annuellement du fumier provenant des étables royales.

Cathédrale de plantes

En cheminant vers le sud du parc, quelque 500 mètres depuis la serre aux palmiers, on aperçoit l’imposante serre tempérée. Posée au milieu d’une pelouse, la bâtisse de fer et de verre achevée en 1899 est monumentale. D’autant que sa structure, qui s’étend sur 5 000 m2 – la plus grande au monde de ce type –, a récemment bénéficié d’une spectaculaire restauration. D’un blanc étincelant, elle accueille 10 000 plantes de 1 500 espèces des climats tempérés d’Afrique, d’Amérique du Sud, du Mexique, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, d’Asie et de l’Himalaya sur une longueur de près de 191 mètres.

Ces dernières s’y épanouissent dans une température minimale maintenue à 10 degrés durant l’hiver. En pénétrant dans l’îlot central, l’espace lumineux malgré une météo grise est presque trop vaste à visiter. Parmi la collection, on rencontre un magenta lilly pilly (Syzygium paniculatum), un cyprès du Bhoutan, un quinquina rouge (Cinchona pubescens) dont la quinine est utile pour traiter la malaria, une tomate en arbre (Cyphomandra betacea) dont la famille botanique est similaire à celle de nos tomates du jardin. Et l’on ralentit volontiers devant les magnifiques fleurs pêche en trompettes de Datura (Brugmansia candida « Grand Marnier »), originaires d’Amérique du Sud.

Dans cette maison avec vue sur le ciel, une cascade dispense en continu un bruit d’eau et l’on peut aussi emprunter un escalier en fer forgé. La fragilité des espèces présentes se ressent au fil de la promenade. Un Nesocodon mauritianus à fleurs violacées endémique à l’île Maurice, en danger d’extinction, survit grâce à sa multiplication par bouturage. Marquant aussi, l’Encephalartos woodii d’Afrique du Sud, un cycas surnommé « l’arbre le plus seul de la planète » dont on ne connaît à ce jour pas d’exemplaire à l’état sauvage. Une Trochetiopsis ebenus, plante à fleurs de l’île de Sainte-Hélène, est l’une des deux seules encore en vie. Leucadendron argenteum, un arbre argenté tout tordu également en voie de disparition montre ses feuilles douces aux reflets argentés.

Dix écosystèmes climatiques contrôlés par ordinateur

La visite se poursuit au travers des abris vitrés du conservatoire de la princesse de Galles, proche de la serre aux palmiers et de celle des waterlilies. Climat sec, tempéré, tropical… Ici se succèdent une série d’écosystèmes fascinants sur 4 500 mètres carrés. Inaugurée en 1987 par la princesse Diana en mémoire d’Augusta de Saxe-Gotha-Altenbourg, cette pyramide de serres se divise en dix zones climatiques contrôlées par ordinateur. Au cœur du désert sec évoluent de splendides cactus épineux, aloès, agaves et succulentes. Puis une porte vitrée plonge le visiteur dans une atmosphère bien plus humide et tropicale. Fougères arborescentes, alocasia, fleurs blanches de butterfly lily à l’odeur envoûtante…

Pièce après pièce, ce survol de la planète permet d’admirer des broméliacées aux splendides couleurs, des carnivores (mouches de Vénus, sarracénies) ou encore des aquatiques. Une sorte de voyage par escales à travers l’infinie biodiversité du monde.

Une serre aux nénuphars

Sur le chemin du conservatoire de la princesse de Galles se trouve une petite serre carrée, la Waterlily House. Ouverte dès le printemps aux visiteurs, elle fut conçue pour mettre en valeur les nénuphars géants d’Amazonie (Victoria amazonica et Victoria boliviana) dans un étang circulaire de 10 m de diamètre. Ces plantes aquatiques de la famille des nymphéacées possèdent de larges feuilles flottantes pouvant atteindre 3 m de diamètre, avec un dessous épineux et des bords retournés. Leurs grandes fleurs parfumées s’ouvrent au coucher du soleil et se referment le matin, passant du blanc au rose sur une durée de 48 heures.

Un arbre contre la faim ?

Après l’entrée de la serre tempérée, un ensète ou « faux bananier », originaire d’Éthiopie, attire les curieux. L’arbre a été l’objet d’une étude publiée l’année dernière dans la revue Environmental Research Letters le présentant comme un atout nutritionnel face aux changements climatiques qui menacent les cultures de riz, de maïs et de blé. La racine de cette plante à croissance rapide résistante à la sécheresse est riche en glucides et pourrait, d’après les chercheurs, représenter un gros potentiel, à l’heure où certaines sources alimentaires sont aujourd’hui menacées.

Comment y aller ? 

  • En métro La station Kew Gardens, sur la ligne District dans la zone 3, est à 5 minutes à pied des jardins.
  • En train La gare de Kew Bridge est à 30 minutes de celle de Waterloo et à 10 minutes à pied des jardins.
  • Par la route En 40 minutes depuis le centre de Londres, prendre l’A4 en direction de Richmond puis tourner à droite sur Kew Green.
  • L’été, un bateau relie Westminster et Kew.

Adresse : Kew, Richmond, Surrey TW9 3AB. L’entrée peut se faire par 4 portes (Victoria Gate est la plus proche du métro). Kew.org

Tarifs et horaires : Ouvert tous les jours de 10 h à 15 h. 1er fév. au 31 oct. : 21,50 £. 1er nov. au 31 jan. : 14 £.

Hébergement : Kew Gardens Hotel, 292 Sandycombe Road à Kew. À partir de 100 £ la nuit pour deux personnes. Kewgardenshotel.com

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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