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Covid-19 : Faut-il consommer du curcuma ?

Curcuma et Covid-19

Désigné sans doute un peu hâtivement parmi les plantes à éviter en cas d’atteinte par le coronavirus, le curcuma détient pourtant de nombreuses propriétés à redécouvrir. À ce jour, les bases de données scientifiques font ressortir 261 publications consacrées au curcuma dans les états infectieux. Aucune d’entre elle ne fait état d’un danger ou d’une aggravation quelconque. Pourquoi écarter a priori ce qui semble pouvoir aider ?

L’inflammation est un système de défense mobilisé en première ligne contre les agresseurs microbiens. Mais si elle est trop forte ou dure trop longtemps, les dégâts pour notre corps peuvent être irréversibles et conduire à la mort. C’est ce qui se passe chez les malades graves du Covid-19 : ils sont victimes de leur propre système immunitaire. Pas question pour autant d’empêcher l’inflammation. C’est une réponse immunitaire et en cela, la règle est toujours ni trop, ni trop peu. De nombreuses molécules existent pour encadrer chaque phase de l’inflammation et éviter les dégâts collatéraux sur nos propres tissus. Hélas, les anti-inflammatoires médicamenteux les bloquent indistinctement, alors que certaines d’entre elles sont déterminantes pour l’intensité et la durée de la réponse inflammatoire. 

C’est peut-être toute la différence avec les plantes, qui ne sont pas anti-inflammatoires à proprement parler mais vont plutôt encadrer l’inflammation. Pour le Pr Vincent Castronovo « Les dommages collatéraux infligés par une réponse immunitaire exaltée et exagérée s'accompagnent de taux excessifs de cytokines pro-inflammatoires. Le bon sens et la bienveillance nous commandent non pas d’inhiber la réponse immunitaire mais de la réguler. »

Un médiateur de l’immunité

C’est justement le rôle du curcuma qui va agir à la source de la réponse inflammatoire. Il est notamment capable de calmer les ardeurs de la molécule NFĸB, la « maîtresse de la guerre » qui lance les cellules dans la bataille. Le curcuma est ce qu’on appelle, en biochimie, un modulateur de l'activité des kinases. Il favorise aussi la production des lymphocytes T-Reg, les « casques bleus » qui empêchent la réponse immunitaire de déborder. Enfin, le curcuma facilite la production de résolvines, dont le rôle est de résoudre l’inflammation, c’est-à-dire d’y mettre un terme lorsqu’il n’y en a plus besoin.

Mais selon la littérature scientifique, le curcuma montre aussi une activité directe dans les infections virales et dans leurs complications bactériennes, y compris respiratoires. Son utilisation dans la tuberculose est même envisagée.(1) Les curcuminoïdes, principes actifs les plus étudiés, sont capables d’empêcher les virions du virus de la grippe de se détacher de la cellule infectée pour disséminer le virus dans l’organisme. Surtout, le curcuma serait pressenti pour rejoindre l’arsenal de lutte contre le Covid-19, dans une étude prospective qui propose de reconsidérer la place des plantes médicinales.(2) D’après une modélisation bio-informatique(3), plusieurs substances végétales, dont la curcumine, auraient un plus grand potentiel que la chloroquine pour empêcher le coronavirus de se fixer sur les récepteurs ACE2, par lesquels le virus entre dans nos cellules.

Ça se joue d’abord dans l’intestin

Il faut savoir que le curcuma est faiblement biodisponible, c’est-à-dire que la quantité réellement absorbée, utilisable par l’organisme, est très faible. Comment expliquer alors son efficacité ? Probablement parce qu’il agit sur la muqueuse intestinale et sur le microbiote. C’est là où se décide la politique inflammatoire de l’ensemble de l’organisme. La précision de notre système immunitaire dépendant de nos interactions avec les bonnes bactéries que nous hébergeons.

Les lipopolysaccharides (LPS), molécules présentes à la surface de certaines bactéries de notre microbiote, participent au déclenchement de l’inflammation en stimulant la sécrétion de cytokines. L’implication des LPS dans la « tempête de cytokines » observée dans les cas sévères du Covid-19 est clairement établie.(4) Or, le curcuma sait très bien bloquer les LPS.(5) Certains scientifiques considèrent même qu’il s’agit de la principale explication à l’action du curcuma sur l’inflammation.

Un inconvénient majeur des médicaments anti-inflammatoires, que le curcuma ne présente pas, est de contrarier la formation du mucus protecteur du tube digestif. Outre les risques d’irritation et d’ulcération qu’elle provoque, la dégradation du mucus ne permet plus de maintenir les proportions de bactéries résidentes.

Lors d’une infection, les bactéries pathogènes tendent à se regrouper en biofilm pour résister au système immunitaire et aux antibiotiques. Le Covid-19, dont les complications bactériennes sont connues, n’échappe pas à cette règle. Plusieurs substances naturelles ont été identifiées comme capables d’empêcher les bactéries de communiquer entre elles pour se regrouper. Le curcuma en fait partie.(6) Enfin, le curcuma est étudié pour son utilité dans le syndrome métabolique, l’obésité et le diabète, autant de profils à risque face au Covid-19. Rien d’étonnant puisque le microbiote est déterminant chez ces personnes. 

Si la pandémie actuelle est sur le déclin, l’action de fond du curcuma pour corriger le terrain biologique est plus que jamais d’actualité. Les personnes ayant des pathologies particulières doivent toutefois se rapprocher d’un thérapeute. Pourquoi écarter a priori ce qui semble pouvoir aider, y compris en prévention, alors que le risque d’atteinte virale au coronavirus n’a pas disparu ?

Références scientifiques :

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