La curcumine est-elle vraiment efficace ?
La curcumine, principe actif du curcuma, est très prometteuse dans le traitement de maladies comme le cancer ou Alzheimer. Mal assimilée par l’organisme, elle doit cependant être associée à d’autres substances pour être efficace.
Le curcuma, épice indienne considérée aujourd’hui comme un puissant remède de phytothérapie, doit ses bienfaits à ses pigments polyphénoliques. Il contient en effet de l’amidon et de l’huile essentielle, mais ce sont ses curcuminoïdes, colorants jaunes, qui sont considérés comme ses principes actifs. Curcumine mais aussi desméthoxycurcumine, bidesméthoxycurcumine et dihydrocurcumine : ces molécules représentent environ 3 à 5 % du son poids de l’épice lorsque celle-ci est réduite en poudre.
Des propriétés bienfaitrices
Depuis les années 1980, la science découvre que les curcuminoïdes ont de fortes propriétés anti-inflammatoires et antioxydantes. Des recherches – nombreuses ! – sont alors menées sur le potentiel anti-cancer de l’épice jaune. Plusieurs études expérimentales montrent alors que la curcumine inhibe le cancer à toutes les étapes de son développement : initiation, promotion et progression. Des recherches suggèrent aussi que cette molécule peut aussi entraîner sa régression.
En parallèle, d’autres propriétés du curcuma et de ses curcuminoïdes sont établies sur la base de milliers d’études scientifiques : ils seraient anti-thrombotiques, anti-infectieux, hépato-protecteurs, anti-diabétiques… Du côté des laboratoires, ces découvertes se traduisent par la mise sur le marché d’innombrables compléments alimentaires apportant de la poudre de curcuma ou des extraits titrés en curcumine afin de garantir un apport suffisant en ce précieux pigment. Problèmes digestifs, cancers, maladies neurodégénératives chroniques, arthrite : ces produits de phytothérapie s’inscrivent dans de nombreuses indications.
Cependant, dans les essais cliniques, c’est-à-dire les recherches réalisées sur l’homme, la curcumine apparaît comme mal assimilée par l’organisme. Un article scientifique paru en janvier 2017 dans le Journal of Medicinal Chemistry enfonce le clou : les chercheurs en appellent à l’arrêt des recherches sur la curcumine, prétextant que cette molécule est si mal absorbée par l’intestin qu’elle n’atteint pas le sang en doses suffisantes pour être efficaces dans le corps humain.
Pipérine et curcumine
« D’autres études avant celle-ci avaient déjà montré que l’efficacité de la curcumine en laboratoire ne se retrouvait pas dans les essais cliniques », rappelle Danielle Roux, pharmacienne et rédactrice en chef de la revue La Phytothérapie européenne. Les recherches se sont ainsi orientées vers le poivre noir, dont un des composants, la pipérine, augmente l’absorption de la curcumine en favorisant la perméabilité intestinale. De nombreux compléments alimentaires l’associent d’ailleurs au curcuma. Mais il semble que les quantités de poivre nécessaires pour que cette synergie soit optimale puissent se traduire par des intolérances alimentaires, des allergies, voire des maladies auto-immunes, en diminuant l’étanchéité de l’intestin.
Curcuma et phospholipides
Une autre solution, facile à mettre en pratique dans sa cuisine, consiste à associer un extrait de curcuma à des phospholipides (molécules de graisse végétale). Le procédé Meriva, qui allie la curcumine à la lécithine de soja, permet ainsi, selon le laboratoire Indena, de multiplier par 29 l’absorption du curcuma. Enfin, Danielle Roux évoque aussi l’association de la curcumine à des nanoparticules alimentaires. Ainsi, le procédé breveté Novasol est, aux dires du laboratoire, 185 fois plus efficace que la poudre de curcuma seule. C’est pour l’instant la solution la plus efficace pour profiter des bienfaits de l’épice. Mais elle pose le problème de l’innocuité des nanoparticules...
En tout état de cause, la remise en cause du curcuma par cette dernière étude américaine doit être relativisée. N’oublions pas les nombreuses études épidémiologiques (c’est-à-dire statistiques) qui montrent que le curcuma a fait ses preuves, notamment dans le traitement des inflammations et de la maladie d’Alzheimer.
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