Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Jardinage : Faites le choix des semences paysannes

Semis de semences paysannes
Semis de semences paysannes

Il y a un an tout juste, la loi autorisait enfin officiellement les semenciers à vendre des graines hors catalogue aux jardiniers amateurs. Certes, le mouvement était déjà en marche, mais cette annonce, combinée aux confinements successifs, a entraîné un véritable engouement pour les semences paysannes. Et si, pour changer, vous semiez des concombres Lemon ou des courgettes Trompe d’Albenga ?

Déjà le mois de juin ! Mais il n’est pas trop tard pour semer, notamment des brocolis, des courges, des courgettes, des haricots, des carottes, des salades, etc. C’est le moment de sortir des sentiers battus, d’expérimenter d’autres variétés que les hybrides F1 ou celles présentes au Catalogue officiel vendues partout et qui ne favorisent guère la biodiversité cultivée. Sandie Bielle, productrice chez Le Biau Germe, propose par exemple de semer du concombre Lemon, de forme et de couleur originales, de la carotte de la Halle, une variété ancienne « trapue et relativement précoce », ou encore ce qu’elle appelle « les trois sœurs » : « On sème un maïs, puis quinze jours après des haricots à rames qui viendront grimper sur le maïs. Puis on attend une semaine avant de semer de la courgette ou de la courge qui rampera aux pieds des deux autres. C’est idéal pour les petits espaces de jardin et on a une récolte échelonnée ! » Évidemment, on pourrait semer des variétés classiques, mais pourquoi ne pas tester du maïs doux Pinto aux épis bariolés, des haricots Phénomène ou de la courge Trompe d’Albenga dont l’espèce n’a plus de catalogue ? 

Gardiens des variétés anciennes

Les jardiniers amateurs ont en effet la chance de pouvoir accéder à des semences reproductibles hors listes, libres de droits de propriété, contrairement aux professionnels pour qui c’est encore interdit. « La loi a clarifié l’an dernier un droit que nous avions déjà. Au moins, le cadre est posé et légitime encore plus le réseau de vente aux amateurs, mais ça ne résout pas la problématique des professionnels qui sont pourtant les plus expérimentés pour conserver et faire fructifier cette biodiversité des graines », analyse Amélie Hallot-Charmasson, animatrice juridique du Réseau Semences Paysannes. En clair, les semences paysannes ont pour le moment le droit d’être vendues pour l’autoconsommation et non dans un but « d’exploitation commerciale ». Résultat, les jardiniers amateurs sont aujourd’hui quasi les seuls gardiens de variétés anciennes et de biodiversité. Et ils commencent à en prendre conscience se réjouit Philippe Catinaud, associé du GIE Le Biau Germe : « Les gens ressentent de plus en plus le besoin de cultiver des semences paysannes. Avec les confinements, ils ont renoué avec les fondamentaux. L’engouement et la demande ont été tels que nous avons eu du mal à suivre, nous avons même dû fermer le site aux nouveaux clients quelques semaines. » Dans leur catalogue, les commandes d’armoise par exemple ont explosé eu égard à ses vertus médicinales. Et leurs ventes générales de semences ont bondi de 7 à 8 % l’an dernier… 

Des trocs de graines

Cet engouement dépasse d’ailleurs le monde des semenciers professionnels, à tel point que les graines, non seulement se vendent, mais s’échangent aussi gratuitement de plus en plus sur les plateformes de troc. Sébastien Wittevert a fondé Graines de Troc voici près d’une décennie pour protéger la biodiversité cultivée et promouvoir l’échange des graines et des savoir-faire. Le nombre de 35 000 « troqueurs » s’affiche sur sa plateforme en ligne, soit trois mille de plus en moins d’un an : « Du fait des confinements, les personnes se tournent plus vers l’autonomie semencière et alimentaire. Sur notre site, nous proposons beaucoup de variétés anciennes, rien que pour les tomates il y en a 1 600 différentes, c’est dix fois plus que dans le Catalogue officiel français. » Le goût pour les semences paysannes explose un peu partout en France. Pour preuve, le concept des grainothèques lancé par Sébastien Wittevert connaît un essor croissant : des petits tiroirs à graines, souvent installés au sein de bibliothèques, permettent à tout le monde de déposer ou prendre des semences. Le Réseau Semences Paysannes souhaite aller plus loin dans l’accompagnement : « Utiliser et conserver une semence c’est tout un savoir-faire. Une mauvaise expérience peut être décourageante. Les Maisons des Semences Paysannes sont justement faites pour transmettre et apprendre des techniques et des savoir-faire. »

Les jardiniers en herbe ou les amateurs éclairés ont donc aujourd’hui à leur disposition quantité de moyens d’acheter et d’échanger des semences reproductibles et libres de droits. Un droit toutefois fragile car l’Union européenne pourrait changer la donne. La Commission continue de réfléchir à de nouvelles règles européennes concernant l’« exploitation commerciale » des semences qui pourraient modifier la loi française. Alors, usons de ce droit pour le faire vivre, car comme le dit joliment Phillippe Catinaud : « Les semences paysannes sont l’une des clés pour construire le monde de demain. » 

Où trouver des semences paysannes ? 

Les jardiniers amateurs bénéficient aujourd’hui de multiples possibilités et réseaux pour trouver des semences paysannes. Ces semences sont reproductibles par chacun, elles n’ont pas fait l’objet de méthodes de sélection transgressives du vivant. 

  • Les semenciers : pour avoir un gage de qualité, trouver des graines originales et bénéficier de conseils éclairés, on privilégiera des semenciers experts comme par exemple Germinance, Le Biau Germe, Graines del Païs, la Ferme de Sainte-Marthe, tous les adhérents du Réseau Semences Paysannes… 
  • Pour débuter : la marque Le Paysan propose un kit ludique (un brin marketing mais pourquoi pas !) pour cultiver ses infusions « de la graine à la tasse », ainsi que diverses graines à faire germer pour agrémenter les salades d’été.
  • Les trocs et échanges : c’est gratuit et facile d’accès. Le pionnier c’est la plateforme Internet Graines de Troc qui a d’ailleurs essaimé son concept de grainothèques dans de nombreuses bibliothèques françaises. Un espace boutique vente directe et en ligne va ouvrir bientôt en plus des échanges gratuits. Sur le site Plantez chez nous, les particuliers aussi s’échangent leurs graines. Il existe également de multiples bourses d’échanges physiques dans tous les départements, renseignez-vous notamment auprès des associations de conservation et de gestion de la biodiversité vivante.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
Vous appréciez nos articles, allez plus loin en vous abonnant au magazine en cliquant ici
Inscrivez-vous gratuitement à la newsletter Plantes & Santé
Recevez chaque semaine nos conseils de bien-être par les plantes, astuces et recettes à faire vous même pour retrouver Equilibre et Santé
Votre inscription a bien été prise en compte 
Politique de confidentialité