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Le brai de bouleau, une super colle pour l'humanité

Le brai de bouleau, une super colle pour l'humanité

Le brai de bouleau, également appelé goudron de bouleau, est tiré de l'écorce de l'arbre. Considéré comme la plus vieille colle du monde, il donne, une fois purifié, une huile essentielle très intéressante pour les problèmes cutanés persistants.

La plupart des découvertes archéologiques datent l’usage du goudron de bouleau au Néolithique. En 1991 par exemple, à la frontière entre l’Autriche et l’Italie, le squelette d’un chasseur datant de 3 000 ans av. J.-C. était accompagné de flèches dont les morceaux de silex et la hampe avaient été collés au goudron de bouleau. Toutefois, l’hypothèse d’une utilisation antérieure a été confirmée en 2019 par l’université de Tübingen, en Allemagne, qui mit en évidence que l’Homme de Neandertal, que l’on a longtemps cru doté d’une intelligence peu complexe, pouvait déjà fabriquer ce produit. Il faisait simplement brûler des écorces de bouleau roulées sur des galets froids, créant ainsi de la condensation et du goudron résiduel. On parle depuis lors de la plus ancienne colle de l’histoire de l’humanité !

Homo sapiens, avec qui Neandertal a cohabité, aurait bien plus tard élaboré la technique de la pyrolyse pour en fabriquer de plus grandes quantités. Il s’en servira d’abord de colle pour les armes de guerre, puis pour calfater les bateaux et ­recoller les céramiques, qui serviront elles-mêmes de récipients pour faire brûler les écorces. Bernard Bouffier, animateur d’ateliers de découverte et de pratique des outils préhistoriques au campement de Bruniquel (Tarn-et-Garonne), reprend cette dernière technique pour une fabrication « presque traditionnelle » du goudron de bouleau : « Je recycle un pot de peinture de 40 litres que je nettoie, martèle, perce dans le fond et remplis d’écorces de bouleau. Je fixe ensuite en dessous une boîte de conserve vide avant d’entourer et de recouvrir le dispositif de branches quelconques auxquelles je mets le feu. Une heure plus tard environ, le brai s’est écoulé dans la boîte de conserve. Je le refais ensuite chauffer pour l’épaissir et lui donner une consistance de goudron. Il se dégage alors des vapeurs de terpènes qu’il ne faut surtout pas inhaler ! » Cette colle lui sert à la confection de répliques d’emmanchements de pointes d’armes ou d’outils préhistoriques. En plus d’être hydrofuge, le goudron de bouleau est bactéricide, ce qui lui permet d’être conservé à l’air libre. D’ailleurs, il a aussi été retrouvé sur...

les dents d’une chasseuse du Mésolithique au Danemark : le mâcher était-il une façon de le ramollir ? De se nettoyer la bouche ? De soigner des caries ? Ces dernières découvertes posent des colles…

Le bouleau est un arbre très présent en Russie, prisé pour sa sève et exploité sous plusieurs formes. Les premières mentions de son utilisation en pharmacopée datent du XVIe siècle. Le goudron de bouleau est alors décrit comme un anti-inflammatoire cutané et cicatrisant. On pense qu’il était appliqué pur. Au XIXe siècle, les guerres en ont popularisé les bienfaits : les soldats s’en étalaient sur les plaies, mélangé avec les graisses animales à disposition (canard, porc…).

L’huile russe contre les problèmes de peau

C’est parallèlement que l’huile essentielle d’écorce de bouleau est apparue, grâce à un médecin russe qui a formulé une version purifiée du goudron pour la mettre en synergie avec de l’huile végétale dans la composition d’un onguent à son nom : la pommade Vishnevsky. Cette dernière fait ses preuves au Vietnam sur les brûlures provoquées par le napalm contenu dans les bombes incendiaires. Malgré ses prouesses, elle est vite remplacée par des produits aux corticoïdes et l’huile essentielle d’écorce de bouleau est oubliée. Mais la fin du XXe siècle lui donne l’occasion de renaître : la fabrication artisanale du goudron de bouleau et de son huile intéresse les amateurs de médecine naturelle et l’« huile russe » s’exporte, notamment au Canada, aux États-Unis et en Europe. Diana Gautier, cofondatrice de l’entreprise française Berevolk, est d’origine russe. Elle a fondé sa petite société spécialisée dans les produits naturels issus du bouleau suite aux graves problèmes de peau de son mari : « J’ai à cœur de faire connaître l’huile russe aux personnes qui désespèrent de trouver un traitement pour leur psoriasis et autres maladies chroniques de la peau. Je dis “désespérées” car l’huile russe est vraiment miraculeuse, ce qui vaut le coup d’en supporter l’odeur ! ».

Piquée, ma curiosité me fait ouvrir le petit flacon contenant un liquide brunâtre que Diana me tend. Un parfum brûlé et épais m’attrape impitoyablement le nez. « On dit que c’est un parfum empyreumatique pour être plus poétique, rétablit Diana. Une bonne huile russe fabriquée dans les règles de la tradition doit dégager cette odeur. En effet, lorsque nous avons cherché à la désodoriser en laboratoire, nous avons observé qu’elle perdait ses qualités. Comme on dit, il n’y a pas de fumée sans feu ! »

Du goudron à l’huile essentielle

Du brai de bouleau à l’huile essentielle d’écorce de bouleau, il n’y a qu’un degré de purification. Les deux produits résultent de la même méthode de fabrication à partir de l’écorce de bouleau : l’extraction à chaud entre 200 et 400 degrés. Le goudron obtenu est rarement vendu en France car c’est un produit difficile à contrôler et la plupart des intéressés savent le fabriquer eux-mêmes. Autrement, il est purifié en laboratoire pour devenir plus fluide et clair, facile à mélanger et à appliquer sur la peau. On parle alors d’huile essentielle, avec des taux de métaux lourds et de phénols diminués, donc conforme aux normes européennes, qui recommandent par ailleurs une dilution de l’huile essentielle dans une huile végétale ou de la vaseline.

Recettes de mère Nature

L’huile russe se mélange, par Diana Gautier

L’huile russe, ou huile essentielle de brai de bouleau, parfois intégrée aux cosmétiques sous le nom de Betula alba oil, est utilisable en cosmétique maison, toujours en association avec un corps gras. Si vous ne parvenez pas à vous en procurer (les importations étant aléatoires à cause de la guerre entre la Russie et l’Ukraine), vous pouvez la remplacer par de l’huile essentielle de cade, qui s’utilise dans les mêmes proportions.

  • Soulager des problèmes de peau

À raison d’une cuillerée à café d’huile russe mélangée dans un litre d’huile d’olive, vous fabriquerez une lotion à appliquer sur les zones affectées grâce à un coton imbibé, à laisser agir une quinzaine de minutes une fois par jour. Vous pouvez aussi mélanger 1 goutte d’huile russe avec 1 cuillerée à soupe de vaseline et l’appliquer comme un baume, une fois par jour également. Renouveler jusqu’à ce que la peau soit réparée, sans dépasser 5 semaines d’application.

  • Stopper la desquamation du cuir chevelu

Le shampoing à base d’huile russe se fabrique en ajoutant une vingtaine de gouttes de cette huile essentielle dans une base de 250 ml de shampoing neutre. Desquamations et démangeaisons s’en trouveront apaisées après quelques lavages seulement. Il est utilisable en antipoux également. Attention, veillez à alterner ce shampoing avec d’autres si vous avez les cheveux blancs, car il peut les teinter légèrement.

  • Prévenir les tiques et puces

Pour protéger vos animaux domestiques contre les tiques et les puces, essayez d’ajouter quelques gouttes d’huile russe à un shampoing spécialisé pour éloigner ces nuisibles de vos chiens et chats.

Précautions d’emploi : Faites toujours un test d’allergie par application sur une petite zone de la peau. Ne pas utiliser sur une peau à vif, ni sur les parties intimes, ni sur les yeux. Ne pas exposer au soleil les zones d’application.

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