La coriandre et les difficultés du bio

Semer de la coriandre bio pour percevoir des aides européennes à la conversion : l'aubaine était trop belle, et légale en plus. Voilà pourquoi, en 2024, les surfaces de coriandre bio ont été multipliées par cinq en Nouvelle-Aquitaine et par sept en Occitanie. Une subvention de 900 € par hectare et par an (plafonnée à 20 hectares), sans obligation de convertir toutes ses cultures en bio, on comprend que nombre d'agriculteurs se soient laissés tenter. Au point que les aides versées en Occitanie pour la culture de coriandre représentent 50 millions d'euros sur une enveloppe nationale de 340 millions toutes productions bio confondues.

« C'est une hémorragie », a alerté la Fédération nationale de l'agriculture biologique (FNAB), qui y voit un détournement d'argent public par des agriculteurs conventionnels « opportunistes ». De son côté, le préfet d'Occitanie a décidé de limiter la manne à 2 700 € par exploitation, d'autant que la coriandre finit souvent broyée faute de débouchés. Un arrêté pourfendu par les chambres d'agriculture.

Face à cette polémique, le ministère de l'Agriculture prévoit de plafonner en 2025 l'aide à la conversion pour la culture de la coriandre bio à 350 € par hectare et par personne. La FNAB s'en félicite et espère que l'argent ainsi « récupéré » sera reversé aux fermes bio en grande difficulté. Pour preuve, les déconversions ont connu un recul historique de 54 000 hectares en 2023…