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Des antalgiques de pointe contre l'endométriose

Soulager les symptômes de l'endométriose avec les huiles essentielles
Soulager les symptômes de l'endométriose avec les huiles essentielles

Maladie gynécologique complexe, l'endométriose touche une femme sur dix en France. Alors que l'on est encore loin de tout connaître de cette pathologie, certains aromathérapeutes pointent l'intérêt d'une approche complémentaire à sa prise en charge globale, grâce à des huiles essentielles aux molécules susceptibles de soulager certains symptômes de la maladie.

Le 26 mars dernier avait lieu la journée mondiale de l’endométriose. L’occasion d’apporter davantage de visibilité à cette maladie longtemps ignorée, alors que celle-ci concerne près de 10 % des femmes. Caractérisée par une migration de cellules de l’endomètre (tissu interne de l’utérus) en dehors de la cavité utérine, qui peuvent se retrouver dans des organes tels que les trompes et les ovaires, le péritoine ou encore le rectum, l’endométriose évolue au rythme et sous l’influence des fluctuations hormonales. Les foyers endométriosiques saignent en effet à chaque épisode de règles en provoquant des lésions inflammatoires locales, des adhérences voire des kystes ovariens puisque le sang produit ne peut s’évacuer par les voies naturelles. Ce phénomène est à l’origine de fortes douleurs lors des menstruations, durant les rapports sexuels, mais aussi de douleurs pelviennes chroniques indépendantes des cycles menstruels. Selon la localisation des cellules de l’endomètre, peuvent aussi apparaître des douleurs lors de la miction et de la défécation, et des troubles du transit. De manière plus globale, « l’endométriose provoque un état d’inflammation chronique du corps et peut, au fil du temps, engendrer des problèmes de fertilité », détaille Lou Christian, naturopathe spécialisée dans les troubles féminins et créatrice de tisanes spéciales pour l'endométriose. Alors que la recrudescence des cas depuis quelques années est liée à un meilleur diagnostic de la maladie (par échographie, parfois par IRM ou cœlioscopie), ses causes restent néanmoins encore floues et plurielles. « Cela peut aussi bien venir d’une prédisposition génétique, d’un stress qui crée de l’inflammation, d’un déséquilibre œstrogènes/progestérone, d’une augmentation de l’exposition précoce aux perturbateurs endocriniens, d’un syndrome de l’intestin irritable ou encore d’un ­système immunitaire défaillant », recense Lou Christian. Quant aux traitements conventionnels, ils se résument hélas à la prise d’antalgiques, d’anti-inflammatoires, de contraceptifs oraux progestatifs en continu ou à la pose de stérilet à la progestérone et, dans les cas sévères, à la chirurgie. Une médication parfois lourde, contraignante, non dénuée d’effets secondaires et, dans le cas d’une chirurgie, d’éventuelles récidives. Allier la médecine allopathique avec une approche complémentaire naturelle telle que l’aromathérapie peut, dans certains cas, être opportun afin d’apporter du soulagement, restreindre la prise de médicaments antalgiques et anti-inflammatoires, voire retarder une opération. L’aromatologue Pierre Franchomme a ainsi pu constater depuis plusieurs années l’effet bénéfique de trois huiles essentielles sur le quotidien des femmes atteintes d’endométriose.

Cibler les récepteurs à la douleur

Au départ, le spécialiste, toujours à l’affût de nouvelles découvertes et dont le dernier ouvrage, Le Répertoire complet des huiles essentielles médicinales (éd. Guy Trédaniel), est sorti l’année dernière, s’est intéressé à l’huile essentielle d’estragon pour ses propriétés...

antalgiques en cas de douleurs menstruelles. « C’est intéressant de la masser sur le ventre en cas de douleurs pelviennes, car elle contient des phénols méthyl-éthers (chavicol méthyl-éther et eugénol méthyl-éther) qui agissent à la fois sur les récepteurs de la douleur situés à l’extrémité des nerfs sensitifs de l’abdomen et sur ceux situés le long des fibres de la moelle épinière », explique-t-il. Au fur et à mesure de ses propres avancées aromatiques, mais aussi de l’évolution des connaissances sur l’endométriose, cause de douleurs pelviennes parfois très intenses, Pierre Franchomme juge judicieux de renforcer l’action antalgique de l’estragon par l’utilisation d’une seconde huile essentielle : celle d’encens d’Amazonie. « On s’est rendu compte qu’elle contenait une grande quantité (plus de 40 %) de paracymène, molécule qui agit fortement sur les récepteurs inhibiteurs de la douleur, en plus de son action anti-inflammatoire globale sur le corps ». Après avoir recommandé pendant plusieurs années ces huiles essentielles en massage aux femmes atteintes de la maladie, Pierre Franchomme constate chez la majorité d’entre elles une diminution, voire une disparition progressive des douleurs « sans que l’on puisse en comprendre encore tous les mécanismes », confie-t-il.

En constante recherche de nouvelles propriétés médicinales, Pierre Franchomme s’est intéressé aussi au muscadier d’Afrique (Monodora myristica) lors de récentes explorations aromatiques. De ce grand arbre tropical, on utilise les graines comme épices en cuisine et les racines et l’écorce comme remèdes antidouleur en médecine traditionnelle africaine. « J’ai décidé de distiller les graines de l’arbre à la vapeur d’eau, entrepris des recherches en chromatologie et c’est ainsi que j’ai découvert son composé majeur, ­l’(+)-alpha-phellandrène, présent à raison de 50 à 60 % dans l’huile essentielle », relate l’aromatologue. Et cette molécule, dotée de remarquables propriétés antalgiques, est également immunostimulante. « Elle booste l’activité des macrophages, cellules immunitaires qui phagocytent les molécules étrangères. Dans le cas de l’endométriose, cette HE peut aider à renforcer le système immunitaire en facilitant l’élimination des cellules voyageuses de l’endomètre à l’origine des lésions douloureuses », résume Pierre Franchomme.

L’intérêt de l’immunostimulation

Le spécialiste imagine alors un protocole de fond associant les vertus antalgiques des huiles essentielles citées plus haut lors de crises douloureuses, avec la prise par voie orale de l’HE de muscade d’Afrique en cure de trois mois. « Ces deux formules se complètent ; elles favorisent le nettoyage des lésions tout en soulageant les douleurs et en diminuant l’inflammation ». Bien que la maladie reste complexe et que ces formules n’agissent pas sur toutes les causes possibles de l’endométriose, Pierre Franchomme se réjouit des premiers résultats positifs observés chez une cinquantaine de femmes ces quatre dernières années. Petit bémol néanmoins, deux des huiles essentielles du protocole viennent de loin et ne sont pas distribuées en pharmacies ou magasins bio. Vous pouvez les retrouver sur le site internet du laboratoire de Pierre Franchomme. Dans son dernier ouvrage, le spécialiste cite également d’autres HE qui contiennent, en quantités moindres, ces molécules antidouleur et immunostimulantes. Le paracymène de l’encens d’Amazonie est ainsi présent dans l’HE de cumin (Cuminum cyminum) et ­l’(+)-alpha-phellandrène de la muscade d’Afrique, dans celle d’aneth (Anethum graveolens). Quant à la conservation de ces espèces végétales, Pierre Franchomme se veut rassurant : « L’obtention des HE d’encens d’Amazonie et de muscade d’Afrique ne menace pas ces arbres, puisque ce sont l’oléorésine et les fruits qui sont récoltés ». En attendant une meilleure compréhension de cette maladie, gageons que ces huiles aromatiques participeront à rendre le quotidien de nombreuses femmes plus supportable. 

Formule pour soulager une crise douloureuse d'endométriose

Pierre Franchomme, aromatologue, conférencier, auteur

Propriétés : Antalgique, anti-inflammatoire

Indications : Crises de douleurs pelviennes liées à une endométriose

Voie locale

  • HE d’estragon Artemisia dracunculus 8 gouttes
  • HE d’encens d’Amazonie Protium heptaphyllum subsp. heptaphyllum 4 gouttes
  • HV de calophylle 8 gouttes

Fabrication : Mélanger 8 gouttes d’HE d’estragon dans 8 gouttes d’huile végétale de calophylle. En cas de douleurs très intenses, ajouter au mélange les gouttes d’HE d’encens d’Amazonie.

Posologie : Appliquer le mélange sur le ventre 2 à 3 fois par jour au tout début et pendant la crise douloureuse. Possibilité d’appliquer ce mélange durant un mois avec un arrêt d’une semaine.

Précautions d’emploi : Contre-indiquée chez les femmes enceintes, allaitantes, non menstruées.

HE = huile essentielle 1 ml = 25 gouttes HV = huile végétale

Par Pierre Franchomme, aromatologue, conférencier, auteur

Formule pour nettoyer les lésions endométriosiques et limiter les douleurs

Propriétés : Antalgique, immunostimulante

Indications : Endométriose avec douleurs pelviennes chroniques

Voie orale

  • HE de muscade d’Afrique Monodora myristica 2 gouttes

Fabrication : Déposer les gouttes d’huile essentielle sur un comprimé neutre.

Posologie : Laisser fondre dans la bouche 2 à 3 fois par jour avant les repas, en cure de 5 jours par semaine durant 3 mois.

Précautions d’emploi : Contre-indiquée chez les femmes enceintes, allaitantes, non menstruées.

Formule de Pierre Franchomme, aromatologue, conférencier, auteur

En plus des huiles essentielles

L’aromathérapie représente une option parmi d’autres dans la gestion des symptômes de l’endométriose. La naturopathe Lou Christian nous éclaire sur d’autres thérapies complémentaires.

Limiter l’inflammation :

• Privilégier une alimentation anti-inflammatoire : oméga-3 (noix, huiles bio de lin, cameline, chanvre), poissons gras type sardines, maquereaux, œufs au plat, à la coque ou mollets.Relancer la circulation lymphatique et veineuse :

• Faire des séances de sauna infrarouge (à rayonnement thermique, ils permettent une sudation 3 à 6 fois plus importante qu’un sauna traditionnel) afin d’éliminer les toxines et limiter la congestion pelvienne. L’ostéopathie pelvienne permet également de redonner une mobilité aux tissus et aux organes internes afin de limiter la congestion et favoriser une diminution des douleurs.

Favoriser l’équilibre hormonal :

• Boire régulièrement des tisanes d’alchémille (feuilles), d’achillée millefeuille (sommités fleuries), de gattilier (fruits, sauf en cas de kystes), d’ortie (feuilles).

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