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Symbiose -Les arums : redoutables pièges à mouches

Arums
Arums

Chez les plantes, on ne plaisante pas avec la pollinisation : c'est une question de survie ! Production de ressources ou usage de faux, tous les moyens sont bons pour obtenir les grâces des insectes, y compris la séquestration comme on le découvre avec les arums.

Les plantes ne sont – hormis de rares exceptions – pas douées de mouvements, semblant de point faible qu’elles compensent remarquablement par une batterie d’armes physico-chimiques, en particulier lorsqu’il s’agit de se défendre ou de se reproduire. C’est le cas de l’arum ­d’Italie (Arum italicum) ou de son cousin l’arum tacheté (Arum maculatum), fiers représentants autochtones de la famille des aracées, principalement composée de plantes tropicales ­souvent connues pour leurs qualités ornementales. ­Tandis que la diversité fait loi au sein de cette grande famille végétale (formes, mode de vie, habitats), tous ses membres – ou presque – ont en commun une drôle d’habitude : piéger les pollinisateurs dans leur inflorescence.

Une chambre nuptiale subtilement dissimulée

Les arums sauvages croissant sous nos latitudes sont des plantes vivaces qui se développent principalement dans les sous-bois de feuillus, sur des sols frais et humides. Au début du printemps, leur souche tubéreuse ne laisse apparaître que de minuscules et frêles feuilles sagittées (terminées en pointe de flèche), qui s’épaississent et se parent parfois de macules noires. Vient ensuite une grande spathe de couleur blanc verdâtre ­enveloppant ­l’inflorescence ou spadice. De ce spadice n’est visible que ­l’extrémité en massue ­blanchâtre ou violacée, dont ­l’élément essentiel, la chambre florale, reste subtilement...

dissimulée à la base par le voilage de la spathe. Cette dernière est ­composée d’une superposition de nombreuses fleurs unisexuées, dépourvues de pièces florales remarquables (pétales, sépales). Au premier étage domine un anneau de fleurs stériles ciliées, suivi d’un étage de fleurs mâles qui surplombe les fleurs femelles. La libération des grains de pollen portés par les fleurs mâles, n’intervient qu’après la fécondation des stigmates des fleurs femelles, de telle sorte que l’inflorescence ne peut en aucun cas s’auto­féconder. L’intervention d’un facteur externe est donc nécessaire à la pollinisation. C’est alors que les insectes entrent en scène !

Alors que de nombreuses plantes entretiennent avec leurs pollinisateurs une relation mutualiste, définissable tel un échange de bons procédés (nourriture contre fécondation), nos arums dupent leurs cibles en signalant la présence de ressources factices. En début de soirée, la spathe s’entrouvre légèrement, tandis que le spadice se met à sécréter une odeur nauséabonde, rappelant celui de matières fécales ou même de cadavres en décomposition. Ce parfum représente le parfait site de ponte pour toute une cohorte de petits diptères, en particulier les mouches papillons (Psychoda sp) ou mouches des éviers. Les femelles ingénues, par l’effluve alléchées, se dirigent droit vers le spadice sur lequel elles glissent jusqu’à la chambre florale, entraînées par une cire huileuse.

Détention provisoire jusqu’à la fécondation des fleurs

Le premier étage de fleurs ciliées bloque définitivement les ­prisonnières dans leur cellule, où elles resteront captives durant vingt-quatre heures. Au cours de la nuit les fleurs femelles sont ­fécondées par les mouches qui portent déjà le pollen d’un autre arum. La structure particulière des parois internes et externes de la chambre florale, facilitant les échanges gazeux, assure une parfaite oxygénation aux insectes captifs, fait ­indispensable à la réussite du processus. Le lendemain soir, les fleurs femelles flétrissent et c’est alors que les fleurs mâles s’ouvrent et poudrent les mouches d’une abondante pluie de pollen. Les fleurs ciliées s’affaissent et les parois de la chambre florale se flétrissent, rendant la liberté aux détenues qui ne manqueront pas de se laisser séduire par la délicieuse fragrance des arums avoisinants…

Un véritable jeu de dupe, qui laisse à peine entrevoir la sidérante ingéniosité de la nature à travers les liens qui unissent les plantes et les insectes. Parfois au désavantage des ­protagonistes, car les mouches psychodides ne tirent aucun ­profit de cette garde à vue impromptue. Elles ne se nourrissent ni ne pondent dans la chambre florale.

Chaud devant !

La diffusion dans l’atmosphère des substances aromatiques destinées à attirer les mouches, est facilitée par la production de chaleur interne de l’inflorescence. Dès les premières heures de la soirée, celle-ci peut passer du simple au double et atteindre jusqu’à 40 °C ! Le procédé fait appel aux organites cellulaires responsables de la respiration : les mitochondries, qui accumulent de l’énergie pour augmenter la température des organes reproducteurs. Plus souvent associé aux animaux, ce phénomène appelé « thermogenèse », aurait pourtant été découvert grâce à l’étude de l’arum d’Italie à la fin du XVIIIe siècle.

 

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