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Le compost, tout un monde

Symbiose

Pratique, écologique, économique, le compost ne semble proposer que des avantages à ceux qui choisissent de l'adopter. Il n'est rien d'étonnant alors à ce que la méthode séduise de nombreux jardiniers, exploitants agricoles ou amateurs, et parfois même des citadins adeptes du zéro déchet. En effet, d'après l'Ademe, 50 % des Français compostaient leurs déchets de cuisine et de table et/ou leurs déchets verts en 2016. Aujourd'hui, avec le développement de la conscience écologique et la généralisation des composteurs partagés, adoptés par de nombreuses collectivités, on ne peut qu'espérer que ces chiffres aient encore augmenté. D'autant que le tri des déchets organiques va devenir obligatoire en 2023. Même un modeste composteur d'une capacité de 1 à 1,5 m3 permet de traiter une à deux tonnes de biodéchets par an ! Et tout ce recyclage engendre globalement des économies non négligeables de traitement par incinération, coûteux en énergie et source de pollution – d'autant plus inutile dans le cas des biodéchets. C'est là un des premiers bénéfices que l'on reconnaît au compost en matière d'écologie. Pourtant, d'un point de vue strictement environnemental, ce petit – ou grand – amas de déchets organiques représente parfois bien plus pour la faune environnante.

Citadins, misez sur le vermicompost !

Comment faire du compost lorsqu'on vit en appartement ? Les vers de terre ont la réponse ! Pratique et sans odeur, le vermicomposteur est constitué de différents plateaux qui permettent de récupérer le compost créé par les vers, ainsi qu'un engrais liquide (dernier plateau), parfait pour nourrir vos plantes vertes ! L'avantage est que les vers travaillent vite et que l'ensemble ne produit pas d'odeurs. Attention cependant, seules certaines espèces de petits vers de surface sont utilisées, n'essayez pas de récupérer de gros lombrics chez des amis jardiniers, vous seriez déçus !

Le bal des agents décomposeurs

Tout comme l'humus, le compost est la résultante d'un procédé naturel de transformation de la matière organique par des agents décomposeurs (micro-organismes, insectes, vers, etc.)...

. Et contre toute attente, le processus se déroule dans des conditions aérobies (en présence d'oxygène), malgré une certaine phase de fermentation. Raison pour laquelle il n'est pas toujours simple de manier l'art du compostage ! Car, pour que la décomposition des éléments progresse convenablement, le compost ne doit être ni trop sec ni trop humide. Dans un cas comme dans l'autre, il ne réunirait pas les conditions d'accueil idéales pour tous ses habitants. Il faut donc régulièrement veiller :

  • A équilibrer les apports en matière azotée (épluchures, tontes d'herbes, etc.) et carbonée (feuilles mortes, copeaux, etc.),
  • Passer au broyeur les déchets les plus durs – sans toutefois les transformer en sable pour favoriser l'aération – ,
  • Arroser lorsque le mélange est trop sec, etc.

Autant de soins qui peuvent paraître fastidieux, tandis que dans les bois, la litière de feuilles au pied des arbres semble s'être évaporée comme par magie au printemps… Mais gardons à l'esprit que le fait d'amasser un gros tas de déchets en un temps record dans notre jardin ne constitue pas en soi un phénomène si naturel. Bien que les éléments qui le composent le soient eux-mêmes, aucune autre espèce ne produit ainsi autant de déchets ! Et les bactéries et autres petites bêtes qui l'habitent ne peuvent traiter toute cette matière plus vite que la lumière. Avant d'être suffisamment stable et riche en éléments essentiels pour amender comme il se doit votre potager, votre compost doit répondre à un cycle organisé, conditionné par ses nombreux « locataires ».

Un paradis pour les rongeurs

Souvent proches du compost, les souris des champs et campagnols apprécient sa chaleur, ainsi que les restes à grignoter ! Ils participent – dans une moindre mesure – à l'oxygénation de la matière qu'ils brassent par leur passage.

Drôles de collemboles

Invisibles à l'œil nu, ces minuscules arthropodes au corps globuleux se déplacent en sautant. Par leur biomasse importante et leur activité de décomposeurs, ils jouent un rôle essentiel dans la formation du compost.

Par ici les cétoines !

Souvent éliminées par confusion avec les larves de hannetons, dévoreuses de racines, les larves de cétoines doivent au contraire être protégées, car ce sont des décomposeurs assidus. De plus, les cétoines adultes sont de magnifiques coléoptères pollinisateurs, qu'il est bon d'accueillir au jardin !

Aux petits soins pour le jardin et la biodiversité

En effet, avant d'atteindre son équilibre, le compost passe par quatre phases, caractérisées par un dégagement de chaleur dû au travail de différents décomposeurs. Bien que ces derniers aient une activité concomitante, il est possible d'associer – dans les grandes lignes – telle ou telle phase à un groupe de décomposeurs en particulier. Dès la première phase – et tout au long du processus – interviennent principalement des bactéries, qui exercent une activité enzymatique indispensable à la transformation chimique des éléments. Tellement nombreuses et diversifiées, elles sont capables de s'attaquer à n'importe quelle matière. Elles supportent également des températures extrêmes et sont notamment responsables du dégagement de chaleur parfois record (jusqu'à 70 °C !) atteint au cours des deux premières phases. Interviennent ensuite majoritairement des champignons, qui participent au travail de stabilisation des matières organiques. Les deux dernières phases – refroidissement et maturation – accueillent des organismes plus gros, tels les vers de terre, nécessaires à l'oxygénation du compost grâce aux galeries qu'ils creusent.

Sans compter les mille-pattes et cloportes détritivores, les nombreux insectes décomposeurs (larves de mouches, de cétoines, staphylins, etc.), ou même les perce-oreilles qui viennent pondre leurs œufs et les fourmis alléchées par le buffet ! Ce n'est qu'à la fin du processus qu'interviennent les actinomycètes, micro-organismes dégradant la cellulose et la coriace lignine du bois. Tout ce petit monde travaillant à l'unisson contribue à faire de votre compost un élément très riche en minéraux et nutriments essentiels. Voilà donc l'amendement le plus naturel qui soit, parfaitement adapté à votre potager ! De plus, toute la faune qu'il contribue à nourrir et abriter place le compost en bonne position comme refuge pour une biodiversité souvent aussi méconnue qu'indispensable. Que de bonnes raisons pour sauter le pas, si ce n'est déjà fait !

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