La violette, fleur adoucissante
Symbole d'amour, de bonheur et de fidélité, la violette (Viola odorata) a été cultivée à Grasse dès 1755, avant de conquérir Toulouse au milieu du XIXe siècle, jusqu'à devenir l'emblème de la ville. Discrète et émouvante, cette fleur est une des premières annonciatrices du printemps. Parions que vous aurez plaisir à l'accueillir dans votre jardin, tant pour bénéficier de son parfum suave que pour profiter de ses bienfaits gourmands et médicinaux !
Au jardin
La violette est une fleur de sous-bois qui s'épanouit en exposition mi-ombragée et dans un sol humifère, frais et drainé. Elle forme alors de beaux tapis fleuris et odorants grâce à un semis spontané prolifique et aux stolons radicants qu'elle émet à partir de son rhizome.
Semis et plantation
Semez en été dans l'optique de mettre les plants en pleine terre à l'automne ou au printemps suivant. Semez sur terreau en recouvrant légèrement les graines et en maintenant l'humidité. Éclaircissez si besoin, puis repiquez au bout de quatre semaines en godet avant la mise en place définitive en pleine terre, en espaçant les sujets d'environ 20 cm. Terminez par l'arrosage.
Multiplication
Elle s'effectue par simple division d'une touffe ou prélèvement de stolons. Humidifiez à l'avance (1 à 2 heures) les godets dans lesquels vous mettrez les parties végétales prélevées du pied mère, car celles-ci sont très sensibles au dessèchement. Du pied mère, écartez la terre et dégagez délicatement plusieurs petites touffes ou stolons de violette munis de racines. Repiquez chacune puis coupez quelques feuilles. Tassez bien la terre et arrosez. Au besoin, couvrez avec de la mousse. Surveillez l'arrosage pour optimiser la reprise. Plantez en pleine terre trois à quatre semaines plus tard.
Entretien
Très rustique, la violette résiste jusqu'à – 15 °C et son entretien se réduit au strict minimum. En revanche, elle craint la déshydratation. Arrosez si le sol se dessèche. Si vous souhaitez prolonger la floraison, supprimez les fleurs fanées au fur et à mesure.
Récolte
Feuilles et fleurs sont récoltées séparément, en pleine maturité, de mars à mai. Une deuxième floraison est possible en août-septembre. Faites sécher le plus vite possible en couche mince, à l'ombre et dans un endroit sec et aéré. Les feuilles de violette peuvent également être congelées.
Ne confondez pas la violette avec la pensée sauvage ! La disposition de leurs cinq pétales est différente :
- deux pétales vers le haut et trois vers le bas chez la violette,
- quatre dressés en l'air et un tourné vers le bas pour la pensée sauvage.
Ce que dit la science : Le travail digestif facilité
La délicate violette s'illustre dans de nombreuses situations. La célèbre école de Salerne (XIe au XVIe siècle) vanta ainsi ses propriétés : « Pour dissiper l'ivresse et chasser la migraine, la violette est souveraine...
: d'une tête pesante, elle ôte le fardeau et d'un rhume fâcheux délivre le cerveau. » De nos jours, l'atout médicinal des fleurs comme des feuilles est corrélé à sa richesse en mucilages. Au contact de l'eau, ces principes actifs gonflent en formant des gels ou des solutions colloïdales dotés de propriétés émollientes, anti-inflammatoires et cicatrisantes utiles en particulier sur les muqueuses respiratoires et digestives. La violette soulage notamment la toux, la coqueluche, le rhume et la bronchite. Du côté digestif, elle calme les inflammations et favorise le transit. L'usage externe des feuilles de violette en cataplasme ou en compresses appliquées sur la peau aide à lutter contre les démangeaisons, gerçures, crevasses et conjonctivites. Mais cette plante discrète n'a pas fini de nous étonner. Elle contient aussi des cyclotides (petites protéines très résistantes), dont plusieurs études ont établi le potentiel insecticide et anti-infectieux vis-à-vis de germes multirésistants. Plus insolite, la violette héberge dans ses tissus des germes endophytes qui ont été reconnus comme susceptibles de combattre l'obésité !
À l'atelier : Violettes cristallisées
L'emploi gourmand de la violette est très ancien. Disposées fraîches sur les salades, servies en gelée, liqueur et sirop, les fleurs sont également prisées cristallisées au sucre, comme la fameuse spécialité de Toulouse créée en 1818. Voici une recette de cette douceur, inspirée de Linda Louis, auteur de L'Appel gourmand de la forêt (éd. La Plage). Elle demande de la patience et de la méticulosité. Mais le résultat en vaut la peine.
Ingrédients et matériel :
- Environ 30 fleurs de violette fraîchement cueillies,
- 1 blanc d'œuf, 30 g de sucre cristallisé ou de sucre de violette,
- un fouet électrique
- un bol
- 2 assiettes
- un pinceau alimentaire.
Préparation :
- Étalez le sucre dans la première assiette.
- Fouettez le blanc d'œuf dans le bol jusqu'à ce qu'il soit bien mousseux.
- Saisissez chaque violette par l'éperon et badigeonnez-la au pinceau d'une fine couche de blanc d'œuf sur les deux faces.
- Positionnez la corolle à plat sur le sucre et recouvrez-la de sucre délicatement en appuyant légèrement pour qu'il adhère correctement.
- Disposez les violettes cristallisées sur une assiette, laissez-les sécher 24 heures à l'air libre… puis dégustez !
Conservation : Trois mois dans un bocal en verre bien fermé.
Variantes originales
- Remplacez le banal sucre par un sucre de violette : pour cela, mixez environ 40 g de violettes fraîches débarrassées de leur calice avec 200 g de sucre jusqu'à l'obtention d'une pâte colorée. Étalez-la sur une plaque recouverte de papier sulfurisé et laissez sécher à l'air libre dans une pièce chaude (1 à 2 jours). Ce sucre floral se conserve 4 mois dans un bocal hermétiquement fermé. Il agrémentera bon nombre de vos recettes gourmandes…
- Obtenez plus de croquant en déposant les fleurs enduites sur la grille du déshydrateur et en laissant sécher à 40 °C durant 6 heures.
- Testez un autre glaçage en battant 1 blanc d'œuf directement avec 75 g de sucre glace. Badigeonnez ensuite les violettes sur une face. Faites sécher avant d'enduire la deuxième face.
Tisanes et décoctions : Bronchite, rhume, toux
- La violette est un excellent remède de l'arbre respiratoire. Faites infuser 10 minutes 1 cuillerée à café de fleurs de violette dans 1 tasse d'eau bouillante. Filtrez et buvez 3 à 4 tasses par jour. Cette tisane est également utile en cas de fièvre grâce à son effet sudorifique. Dans ce cas, doublez la quantité de fleurs conseillée.
- En association à parts égales avec les fleurs de mauve et d'hysope, la synergie est intéressante contre la toux grasse et les bronchites productives. 1 cuillerée à soupe du mélange en infusion de 10 minutes dans ½ litre d'eau. Boire 4 à 5 tasses par jour. à tester aussi avec le bouillon-blanc, coquelicot, bourrache, mauve, guimauve.
Démangeaisons
En cas de piqûre d'insecte, crevasses (mamelon compris) et gerçures, faites une décoction de 5 minutes avec 1 c. à soupe bombée de feuilles de violette coupées menues dans 200 ml d'eau. Appliquez 15 minutes en compresses, plusieurs fois par jour.
Intestin paresseux
1 c. à soupe de violette dans 1 tasse d'eau bouillante. Faites infuser 10 minutes. Filtrez et buvez 2 tasses par jour, hors repas.
À savoir
- Les fleurs de violette sont vendues à un prix assez élevé en herboristerie. Vous avez intérêt à faire votre propre cueillette ! Une fois séchées, conservez-les dans un bocal hermétique en veillant à bien les tasser.
- La racine de violette est également employée contre les encombrements bronchiques importants. Mais son effet vomitif restreint son usage familial.