Dossier
Covid long, fibromyalgie, endométriose : Au chevet des syndromes complexes (2/4)
Leurs symptômes sont pluriels, polymorphes, difficiles à classer au niveau clinique et pourtant, des millions de personnes en souffrent. Les syndromes du Covid long, de la fibromyalgie et de l'endométriose déstabilisent la médecine conventionnelle. Et si les soulager passait par une approche plus globale du malade en cherchant à mettre à profit les possibilités multicibles du végétal ?
Covid long : le syndrome caméléon
Le syndrome du Covid long se caractérise, entre autres, par des signes de fatigue, des céphalées, l’anosmie/agueusie, des douleurs musculaires, thoraciques… qui durent au-delà de quatre semaines après avoir contracté le virus du Covid-19. D’après une récente étude américaine, cela serait le signe d’un dérèglement des défenses de l’organisme. La chute du cortisol, cette hormone qui gère l’adaptation du corps à divers types de stress, y compris les infections, épuiserait le corps qui chercherait encore à combattre l’infection. Autre explication : le coronavirus réveillerait des infections dormantes comme le virus d’Epstein-Barr (herpès).
Le Covid long prenant des formes variables, il faudra commencer par consulter votre médecin traitant qui vous prescrira d’autres examens ou vous orientera vers un spécialiste, pour s’assurer qu’il n’y a pas de problèmes cardiaques, pulmonaires ou circulatoires majeurs. « Ces suivis sont indispensables avant d’envisager de recourir à des traitements naturels », souligne Franck Gigon, médecin micronutritionniste et phytothérapeute, et ce « même si beaucoup de symptômes post-Covid restent difficiles à objectiver par des examens biologiques ». En effet, ce praticien voit par exemple certains patients en difficulté respiratoire (dyspnée) en dépit de scanners normaux. Idem pour les myalgies et douleurs diffuses qui, selon Franck Gigon, peuvent être le signe d’une inflammation chronique à bas bruit, « une notion encore méconnue en médecine conventionnelle alors qu’en surveillant les taux de protéine C-réactive (CRP) dans les bilans sanguins, on peut vérifier s’il y a une inflammation sous-jacente ». L’approche holistique ou intégrative prend en compte l’individu dans sa globalité. Il faut donc comprendre que la prise en charge intervienne à plusieurs niveaux, avec parfois la nécessité d’ajuster les traitements.
Franck Gigon préconise de commencer par une cure de magnésium, car ce facteur coenzymatique agit autant sur la fatigue et le stress que comme décontractant musculaire. Après avoir fait un dosage sanguin, il est utile aussi de prendre de la vitamine D (protecteur des défenses immunitaires) en dose journalière, entre 1 000 et 2 000 UI par jour. La vitamine B aura un effet sur les neurotransmetteurs du cerveau, donc sur l’équilibre psychique, tout comme les indispensables oméga-3 apportés par des huiles végétales (lin, colza, chanvre). Dans sa revue Guérir & bien vieillir, le médecin généraliste phytothérapeute Éric Menat recommande une cure de probiotiques associés à de la chlorophylle magnésienne. « Agir sur la flore peut aider à prendre en charge des maladies auto-immunes ou des infections chroniques », explique-t-il. Voilà déjà de quoi renforcer la base du système immunitaire. En fonction des symptômes les plus présents, d’autres outils thérapeutiques vont s’ajouter.
Essai clinique pour l’ashwagandha
L’ashwagandha (Withania...
somnifera) a déjà démontré son efficacité pour réduire la fatigue, l’anxiété et le stress et améliorer la force musculaire, le sommeil et la cognition lors de maladies chroniques. C’est sur cette base que des chercheurs de l’université publique London School of Hygiene & Tropical Medicine ont souhaité la tester dans le cadre du Covid long en lançant une grande étude clinique. Ils recrutent actuellement pas moins de 2 500 volontaires souffrant de symptômes post-infectieux du coronavirus. La moitié des patients recevra 500 mg d’ashwagandha deux fois par jour pendant trois mois tandis que l’autre moitié prendra un placebo. Un protocole dont on attend les résultats avec impatience.
En cas de douleurs diffuses et d’inflammation chronique, Franck Gigon conseille une optimisation alimentaire avec des prébiotiques (poireau, asperge, ail, oignon, endive, chicorée…), des ferments lactiques, du curcuma dans les plats, des extraits de boswellia. Si on ressent une grosse fatigue accompagnée de stress, d’anxiété et de troubles de l’humeur, ce médecin va proposer des plantes adaptogènes comme l’ashwagandha, la rhodiole (à prendre le matin) ou le ginseng (contre-indiqué pour les femmes allaitantes, enceintes et en cas d’hypertension). Elles soutiennent les défenses immunitaires et s’adaptent à tout type de stress, favorisant la récupération physique et psychique. Pour la fatigue chronique, le Dr éric Menat propose en homéopathie du Phosphoricum Acidum 15 CH à raison de cinq granules au coucher.
D’autres troubles fréquents sont également cités : le brouillard cérébral et les problèmes d’attention, « signes éventuels d’un mécanisme circulatoire déficient », explique Franck Gigon, qui propose des infusions ou teintures-mères de romarin, du ginkgo biloba (sauf en cas de traitement anticoagulant) et toujours des oméga‑3. Pour les problèmes respiratoires, on peut traiter la toux grasse persistante avec des inhalations, en ayant recours à l’huile essentielle d’eucalyptus radié : l’eucalyptol est mucolytique, anti-infectieux et bronchodilatateur. Vous pouvez aussi tester l’inhalation-infusion.
Une infusion qui se respire
Pour décongestionner à la fois ses voies aériennes et ses poumons, voici un protocole deux-en-un tout simple.
- Préparer une infusion de fleurs de mauve et de bouillon-blanc (1 bonne cuillerée à café du mélange).
- La verser dans un bol assez grand et respirer profondément les vapeurs de tisane, la tête sous une serviette pendant 10 minutes.
- Boire la tisane.
Une façon maline de profiter des propriétés adoucissantes, antitussives, expectorantes et anti-inflammatoires de cette tisane, car sa vapeur d’eau chargée de principes actifs va pénétrer profondément par micronisation dans tout l’arbre respiratoire.
Retrouver sa clarté mentale avec le romarin
Grâce à ses acides carnosiques et rosmariniques, le romarin (Salvia rosmarinus) possède des propriétés antioxydantes puissantes, anti-inflammatoires et détoxifiantes. Selon le médecin micronutritionniste Franck Gigon, « le romarin agit aussi sur la neuro-inflammation du cerveau, ce qui lui permet de lutter efficacement contre le brouillard mental », un des symptômes du Covid long. C’est également une plante tonique des fonctions cognitives.
À faire : Boire deux fois par jour une infusion de romarin bio (feuilles et sommités fleuries séchées), à raison d’une cuillerée à café bombée par tasse. La teinture-mère est aussi intéressante. Contre-indiqué en cas de calculs biliaires.
Pour aider les poumons à se remettre, Éric Menat recommande l’huile de Haarlem à base de térébenthine de pin et de soufre, aux propriétés cicatrisantes et oxygénantes (deux capsules le soir au repas, un jour sur deux pour améliorer la tolérance digestive). En l’absence de trouble cardiaque grave, des exercices de respiration en cohérence cardiaque peuvent réduire la tension artérielle et le stress, en plus du magnésium. De même, on bénéficiera de l’action hypotensive et anti-arythmique de l’aubépine en teinture-mère ou en macérat de bourgeon. Enfin, on y pense peu pour le Covid long, mais le CBD (cannabidiol) en huile sublinguale présente, selon Franck Gigon, un vrai intérêt thérapeutique pour calmer les états inflammatoires chroniques, les insomnies et les troubles bénins de l’humeur.
Les approches naturelles ont aussi prouvé leur utilité pour remédier à l’altération de l’odorat et du goût, souvent présente en cas de Covid long. Le bulbe olfactif est rééduqué par la respiration d’huiles essentielles aux senteurs variées (lavande, citron, menthe poivrée, géranium rosat…). Les thermes de Molitg-les-Bains, dans les Pyrénées catalanes proposent depuis peu des ateliers qui, en travaillant les cinq sens en conscience, aident à retrouver le chemin du sens que l’on a perdu. Enfin, la reprise en douceur d’une activité physique adaptée, que ce soit du yoga, de la marche nordique, du qi gong ou de la méditation, accompagne positivement la convalescence.
Des thermes spécialisés
L’eau sulfurée, sodique et siliceuse de la station thermale de Molitg-les-Bains (66) est adaptée à la prise en charge des problèmes rhumatologiques et respiratoires. En fonction des séquelles laissées par le Covid, le patient peut opter pour une ou deux orientations de soin, complété par un programme post-Covid. Aux soins thermaux s’ajoutent de l’activité physique et des ateliers ciblés élaborés avec des thérapeutes spécialisés. « Pour les problèmes articulaires, les eaux réveillent l’inflammation et la douleur. Les effets bénéfiques se font attendre parfois deux mois. Pour les voies respiratoires, on constate une amélioration dès la fin de la cure », précise le médecin des thermes, Julien Eschermann. L’enjeu est de viser une récupération plus rapide, mais aussi plus holistique des patients, qui trouvent aussi l’occasion de mettre des mots sur leurs maux.
Marche à suivre
La cure thermale doit être prescrite par votre médecin traitant. La cure de base rhumatologie et voies respiratoires sur 18 jours est prise en charge par la Sécurité sociale. Reste à payer le programme post-Covid (295 euros) ainsi que l’hébergement.