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Covid long, fibromyalgie, endométriose  : Au chevet des syndromes complexes (3/4)

Leurs symptômes sont pluriels, polymorphes, difficiles à classer au niveau clinique et pourtant, des millions de personnes en souffrent. Les syndromes du Covid long, de la fibromyalgie et de l'endométriose déstabilisent la médecine conventionnelle. Et si les soulager passait par une approche plus globale du malade en cherchant à mettre à profit les possibilités multicibles du végétal ?

Déroutante fibromyalgie

Déroutante fibromyalgie

Trois symptômes sont constamment au premier plan de la fibromyalgie : les douleurs chroniques polymorphes et ubiquitaires, les troubles du sommeil et la fatigue chronique. Mais les troubles qui l’accompagnent pourraient émaner d’un Prévert médecin : elle est souvent associée au syndrome de l’intestin irritable, à un reflux gastro-œsophagien, à la dyspepsie, aux migraines, aux jambes sans repos, à l’instabilité vésicale, à des troubles cognitifs, aux acouphènes, aux palpitations, à l’endométriose, etc. Stress et dépression sont souvent présents. Quant aux causes, la fibromyalgie est une pathologie de l’épuisement, plus fréquente chez les femmes pour des raisons biologiques et sociologiques, mais aussi souvent de l’hypervigilance liée à des événements survenus dans l’enfance. Elle est encore considérée comme psychosomatique (« c’est dans la tête ») par de nombreux médecins qui n’ont pas lu l’abondante littérature scientifique à son sujet.

On sait pourtant que la fibromyalgie est associée à des anomalies subtiles de l’inflammation et de l’immunité, des neuromédiateurs, voire des terminaisons nerveuses (neuropathie des petites fibres). Mais sur les examens complémentaires, rien n’est visible. Elle appartient au vaste ensemble des pathologies d’hypersensibilisation centrale avec nombre de syndromes qui s’y associent.

Lutter contre l’inflammation à bas bruit

La fibromyalgie s’accompagne souvent d’une inflammation latente, dite « de bas grade ». La modification de l’alimentation et du mode d’hydra­tation consistera notamment à :

  • Végétaliser son assiette

En ajoutant des épices et aromates comme ceux de la famille des lamiacées (thym, romarin, menthe, sarriette), mais aussi du gingembre, curcuma, cardamome, muscade, graines anisées et ail. Privilégiez des aliments de couleur, car nombre d’antioxydants sont des pigments végétaux.

  • Boire plusieurs tasses de tisane chaque jour

Par exemple un mélange de feuilles de cassis, reine- des-prés et mélisse, à alterner avec du thé vert. Compléter par un peu de vin rouge, de café accompagné d’un carré de chocolat noir !

À savoir : L’inflammation de bas grade est associée à des anomalies des cytokines, protéines de l’inflammation, et peut être mise en évidence par le dosage sanguin de la CRP ultrasensible.

Rappelons qu’avant d’avaler des remèdes, y compris naturels, il est capital de mettre en place une...

réadaptation physique à l’effort, un régime alimentaire anti-inflammatoire (certaines exclusions de type gluten ou produits laitiers améliorant l’état de nombreux patients), des thérapies psychocorporelles centrées sur le lâcher-prise, voire une psychothérapie lorsque d’éventuels traumatismes anciens n’ont pas été gérés. Ostéopathie, fasciathérapie, massages et étirements complètent l’arsenal non médicamenteux.

La multiplicité des symptômes peut conduire à utiliser la quasi-totalité de la pharmacopée végétale, et tout l’enjeu est de choisir au mieux les plantes selon leur action multicibles pour tendre vers une approche la plus individualisée possible. Le cas échéant, on se tournera vers des complexes standardisés pour l’automédication, mais il est dommage de ne pas composer une recette adaptée. On retrouvera cependant une base de phytothérapie de fond constamment utile pour le traitement de l’inflammation à bas bruit (en plus de l’alimentation ­anti‑inflammatoire) et de la fatigue. Pour la première, pensons à la scrofulaire noueuse, poussant sous nos latitudes, qui remplace utilement l’harpagophytum, plante en danger d’extinction et objet de nombreuses malfaçons. Les anti-inflammatoires très classiques tels le gingembre, le curcuma pourront être utilisés au quotidien. On pourra aussi se tourner vers la poudre de gomme-résine de myrrhe et d’encens. Cette dernière est traditionnellement utilisée par l’ayurvéda et présente l’avantage d’utiliser moins de ressource que les huiles essentielles (HE), sans compter qu’elle bénéficie de plus de recul d’utilisation. Les plantes à salicylés soulageront les inflammations aiguës qui ponctuent volontiers les crises, telle la reine-des-prés (sommités fleuries en tisane ou extraits alcoolique ou sec) et l’écorce de saule en décoction. Pour les HE, on se tournera vers la gaulthérie (G. procumbens, car la G. fragrantissima est menacée) ou le bouleau jaune en application locale diluée.

Un stick à porter sur soi

En cas de troubles cognitifs et de stress, vous pouvez préparer ce stick à la fois apaisant et stimulant pour les fonctions cognitives.

À faire : Imprégner un stick inhalateur avec une dizaine de gouttes d’huile essentielle (HE) au choix : lavande officinale (le linalol stimule la mémoire et apaise le stress) ou petit grain bigarade (ou d’autres citrus comme la mandarine). L’HE d’ylang-ylang est également apaisante, ainsi que la camomille romaine. La sauge à feuilles de lavande a des effets stimulants sur la mémoire sans être excitante et s’achète sans prescription, contrairement à la sauge officinale. Le mieux est de les tester pour choisir celle qui vous convient le mieux.

Les plantes adaptogènes sont particulièrement intéressantes car elles atténuent la fatigue et modulent les effets du stress, et pour certaines améliorent le sommeil. Le cassis en est le chef de file, sous forme de macérat glycériné de bourgeon, particulièrement indiqué dans un contexte de perte de vitalité. Il est suivi des ginsengs cultivés, qu’il soit asiatique ou américain. L’ashwagandha, dit aussi ginseng indien, est particulièrement intéressant car également sédatif comme son nom latin (Withania somnifera) l’indique. Il est facile à faire pousser en pot. Citons enfin la gentiane, tonique amer qui améliore l’ensemble du tableau digestif et les symptômes dépressifs.

Les plantes sédatives et antidépressives sont particulièrement utiles, le sommeil étant le nerf de la guerre et les formes sévères ayant un impact marqué sur l’humeur et le stress. Le millepertuis, sous réserve d’absence d’interaction médicamenteuse, est une plante clé dont on découvre de nouvelles propriétés digestives et anti-inflammatoires. La valériane est particulièrement utile chez des patients sujets à l’anticipation anxieuse et aux ruminations. Mais on peut aussi choisir l’aubépine (utile s’il y a des palpitations associées), la passiflore, l’escholtzia, la ballote ou la fleur d’oranger pour améliorer le sommeil.

Quels compléments alimentaires ?

Le magnésium et la vitamine D sont toujours utiles sous forme de cures pour diminuer les diverses manifestations d’hyperréactivité des patients atteints de fibromyalgie. La L-carnitine au long cours améliore souvent la fatigue et les douleurs. Puis, au cas par cas, on propose la glutamine lorsque les troubles digestifs sont importants, le zinc et le lithium en oligothérapie pour régulariser l’humeur.

On choisira pour les troubles digestifs des plantes ayant des effets synergiques adaptés à chaque tableau, comme la réglisse, à la fois anti-inflammatoire et digestive (mais ne pouvant être utilisée longtemps du fait de ses effets hypertenseurs), la mélisse, la passiflore ou l’agripaume (injustement détrônée par l’aubépine pour les palpitations), sédative et antispasmodique. On peut penser aussi à la cannelle, antiseptique intestinal et tonique.

Si certaines plantes restent des incontournables, on aura tout intérêt à envisager une phytothérapie variée et personnalisée dans cette pathologie chronique, d’autant qu’elle réagit particulièrement bien à cette approche.

Le retour du bugle rampant

Le bugle (Ajuga reptans), banal dans nos prairies, contient des iridoïdes aux vertus anti-inflammatoires. C’est pourquoi cette plante est proposée par certains phytothérapeutes. Ses différentes espèces sont largement utilisées par les médecines asiatiques mais, curieusement, peu en Europe. Au XVIIIe siècle, il est toutefois indiqué qu’il « fortifie les nerfs et les jointures » et est recommandé pour les arthritiques avant d’être décrié au XIXe siècle. La mode en étant passée, il n’est pas toujours facile de s’en procurer bien que la plante figure à la pharmacopée française et paraisse d’un intérêt certain.

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