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Intestin irritable, maladie de Crohn, rectocolite, dysbiose Quels sont les traitements les plus efficaces ? (5/5)

En charge de la digestion des nutriments, les intestins représentent également une réserve immunitaire et neuronale importante pour notre organisme. Les déséquilibres qui peuvent le toucher sont  à l'origine de troubles digestifs bénins, mais aussi de maladies inflammatoires chroniques de plus  en plus répandues, encore difficiles à diagnostiquer et à soigner en médecine allopathique.  Voyons comment l'hygiène de vie et les plantes peuvent contribuer à stabiliser leur évolution. 

Faire face aux maladies auto-immunes

Faire face aux maladies auto-immunes

Nous sommes encore loin de tout connaître des maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI), si complexes à soigner. Elles regroupent deux maladies auto-immunes, Crohn et la rectocolite hémorragique (RCH) ou colite ulcéreuse, qui affectent le quotidien de plus de 250 000 patients en France. Difficile encore d’en cerner les causes, mais des prédispositions génétiques, une alimentation trop industrielle, des polluants divers et un déséquilibre de la flore intestinale expliquent en partie le dysfonctionnement immunitaire de ces pathologies. La maladie de Crohn provoque des lésions inflammatoires, des fissures voire des perforations qui peuvent toucher tout le tube digestif de la bouche à l’anus en se focalisant en particulier sur l’iléon terminal, la dernière partie de l’intestin grêle avant le côlon. Moins étendue, la rectocolite hémorragique atteint d’abord le bas du rectum et peut s’étendre à l’ensemble du côlon. Toutes deux évoluent par poussées, causant de forts maux de ventre et de nombreuses selles par jour, sous forme de diarrhée pour Crohn, sang et glaires dans le cas de la RCH. Les patients peuvent aussi présenter une candidose et des symptômes extra-digestifs tels des uvéites, eczémas ou douleurs articulaires. Côté diagnostic, on dose la calprotectine dans les selles pour connaître le degré d’inflammation intestinale et on pratique « une endoscopie digestive haute et basse et une entéro-IRM pour vérifier la présence d’éventuelles lésions sur l’ensemble de l’intestin », précise le gastro-entérologue Stéphane Ecuer.

Bien que les MICI soient de plus en plus médiatisées, il reste très difficile pour les patients d’en parler, même à leurs proches. « C’est une pathologie encore taboue qui touche à l’intime. Les malades se renferment souvent chez eux, ils ont peur de sortir et de ne pas trouver de toilettes assez vite lorsque les crises arrivent », explique-t-on à l’AFA Crohn-RCH. Pour ces malades qui vivent dans la hantise de poussées irrépressibles, l’objectif thérapeutique est d’espacer les moments de crise inflammatoire et d’aller vers la rémission. Lors des phases aiguës, outre les traitements conventionnels à base de corticoïdes, immunosuppresseurs et anti-TNF alpha, Laëtitia Proust-Millon conseille un régime sans résidus pendant une semaine maximum, car « ces malades de Crohn et RCH sont déjà très dénutris et carencés en vitamines...

». Adopter une alimentation pauvre en gluten est aussi bénéfique, selon Stéphane Ecuer. Une fois la poussée passée et après avis médical, il est intéressant alors de recourir à la phytothérapie. « Cette médecine de terrain est adaptée aux formes moins sévères pour alléger voire relayer des médicaments aux effets secondaires non négligeables », avance Éric Lorrain, médecin phytothérapeute.

Le régime sans résidus

Lors des crises dans les MICI, il faut mettre le tube digestif au repos pendant une semaine.

  • On élimine tous les fruits et légumes (sources de fibres) ainsi que les laitages. On boit des bouillons (apport en vitamines et minéraux).
  • On mange des protéines maigres (viande blanche, poisson blanc, jambon) avec des féculents blancs (pâtes, riz, pommes de terre).
  • Après cette diète, on réintroduit des légumes et fruits cuits (carottes, endives, laitue, courgette et courge sans peau, pomme, poire). On observe si les intestins les supportent.
  • Ensuite, on réintroduit progressivement à chaque repas un nouveau légume plus riche en fibres, type haricots verts ou blanc de poireau, puis des viandes et poissons plus gras.
  • Lorsque la crise est passée, on adopte une alimentation diversifiée en surveillant les réactions au lactose et au gluten.

Synergie antidiarrhée

Pour calmer et espacer les crises de diarrhées des malades de Crohn et de RCH, Éric Lorrain conseille un traitement de fond à base de trois plantes : du curcuma pour ses propriétés anti-inflammatoires, du noyer comme antiseptique et puissant antidiarrhéique, tout comme la réglisse, qui va elle aussi restaurer la muqueuse intestinale.

À faire préparer en pharmacie : Pour un flacon de 150 ml : mélanger à parts égales des extraits de plantes standardisés de curcuma, réglisse et noyer. En cas d’hypertension, remplacer la réglisse par du sureau.

Utilisation : Prendre 5 ml du mélange dilué dans un verre d’eau, 2 fois par jour durant 1 mois en traitement d’entretien. En période de poussée, Éric Lorrain préconise de doubler la dose après avis médical.

En traitement de fond des MICI, on privilégie le curcuma, puissant anti-inflammatoire de la muqueuse intestinale. Des capsules de 4 mg d’extrait de curcuma ont d’ailleurs été administrées à des enfants souffrant de MICI lors d’un essai clinique américain. Leurs symptômes et douleurs s’étaient alors améliorés. Stéphane Ecuer recommande une cuillerée à soupe par jour de jus pur de curcuma dilué dans un verre d’eau. Les extraits de cette épice offrent aussi une synergie antidiarrhéique intéressante avec la réglisse anti-infectieuse qui, selon Éric Lorrain, « répare les villosités intestinales et régule le système immunitaire déficient dans les MICI ». De même, la myrtille peut s’avérer une bonne alliée pour apaiser la réaction immunitaire inflammatoire des intestins selon certaines recherches. En revanche, lorsque la flore intestinale est trop envahie par des bactéries hostiles, Éric Lorrain préconise de l’huile essentielle de cannelle de Ceylan en capsules gastro­résistantes pour désinfecter. En parallèle, on aura intérêt à nourrir le microbiote avec des probiotiques spéciaux composés de huit souches et dosés à 450 milliards d’UFC.

Massage relaxant du ventre

Les huiles essentielles de menthe poivrée et de lavande vraie sont de bonnes alliées en massage local d’un ventre douloureux, dans les cas de MICI ou du syndrome de l’intestin irritable. Les vertus analgésiques et toniques digestives du menthol sont connues, ainsi que l’action spasmolytique et sédative de la lavande.

Préparation : Pour un flacon de 60 ml : verser 6 ml d’HE de menthe poivrée et 6 ml de lavande vraie. Compléter d’HV de macadamia.

Utilisation : Appliquer en massage du ventre, dans le sens contraire des aiguilles d’une montre, chaque fois que nécessaire.

Soigner les malades de Crohn et de RCH, c’est aussi prendre en compte le stress qui accompagne souvent la pathologie. Pour le pharmacien herboriste Jean-Claude Sonntag, « il ne faut pas négliger l’aspect émotionnel lorsqu’on traite les MICI, car l’anxiété joue un rôle non négligeable ». C’est là où un mélange de plantes sédatives et digestives en traitement au long cours peut vraiment aider les patients. Il recommande par voie interne une synergie d’extraits de plantes standardisés à base de griffonia, riche en 5-HTP pour réguler l’humeur. On ajoutera de la mélisse, anxiolytique et protectrice intestinale, de l’angélique et du lotier corniculé, antispasmodiques et calmants, ainsi que de la pimprenelle pour ses propriétés antidiarrhéiques et cicatrisantes. En complément, on soulage le ventre ballonné et douloureux grâce à un automassage local à l’aide d’huiles essentielles de menthe poivrée et de lavande (lire encadré ci-contre). Enfin, Bruno Bonaz, gastro-­entérologue au CHU de Grenoble, a démontré que l’hypnose peut réduire la douleur et le stress des patients souffrant de MICI.

Le potentiel de la myrtille sur les intestins

On connaît l’effet antioxydant préventif et curatif de la myrtille sur le diabète, l’obésité et l’hypertension. Des chercheurs japonais ont aussi découvert lors d’un essai in vitro qu’un composé phénolique dérivé de la myrtille, le ptérostilbène, avait un fort pouvoir immunosuppresseur. Il apparaît en effet capable de réduire la réponse immunitaire excessive et génératrice d’inflammation des patients atteints de maladie chronique des intestins. Les scientifiques concluent que le ptérostilbène peut constituer un traitement naturel prometteur des MICI. En attendant d’autres expertises, un verre de jus de myrtille dilué dans un peu d’eau peut être déjà bénéfique sur ces pathologies.

Dans The Faseb Journal, novembre 2020.

Pterostilbene reduces colonic inflammation by suppressing dendritic cell activation and promoting regulatory T cell development

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