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La sève de bouleau : une eau nourricière

sève de bouleau
Sève de bouleau

Produit de saison par excellence, la sève de bouleau se récolte et se boit généralement au début du printemps. Mais pharmacies et magasins bio en font aujourd’hui commerce toute l’année. Il faut dire qu’avec toutes ses vertus, elle fait penser à une véritable eau-de-vie !

Jojo, 82 ans, la toison grisonnante et vieil ami de notre famille, est un ami des bouleaux. Il en a connu dans le sud du Berry où il vit depuis toujours. Il sait en récolter la sève : au printemps, armé d’un sac à dos et d’une perceuse, il choisit son arbre et en perce l’écorce jusqu’à l’aubier. Il fixe ensuite un tuyau dans le trou après avoir mis de l’argile autour pour l’étanchéifier, et remplit ses bouteilles de verre de la sève qui en sort. Il la conserve quelques semaines au frigidaire pour sa consommation quotidienne et met le reste à la cave. « La sève de bouleau fermente vite mais elle est bonne de toutes les façons. Cette “eau-de-vie” est très tonifiante. Elle renforce l’immunité parce qu’elle est riche en ­minéraux, en antioxydants et en vitamines C. Feu mon père disait aussi qu’elle renforçait les os, les dents, les cheveux, et permettait de lutter contre l’ostéoporose et les rhumatismes… Je la consomme toute l’année – même quand elle commence à avoir un goût de vin ! – et je suis rarement malade. Il paraît même qu’on m’en a mis dans le biberon ! »

Traditionnellement, la sève de bouleau, (Betula alba), était aussi utilisée pour ses vertus dermatologiques, en bains thérapeutiques ou en compresses sur les plaies pour stimuler la régénérescence cellulaire, et pour soigner des zones eczémateuses ou le psoriasis. Patricia Mingotaud, de La Ferme de Fardissou en Limousin, a même développé une gamme de cosmétiques à base de sève de bouleau : « La parcelle sur laquelle nous exploitons les bouleaux se trouve à 700 mètres d’altitude sur le plateau des Millevaches. Nous y récoltons la sève pendant les mois de mars et avril en période de montée de sève, de façon manuelle et respectueuse, sur des arbres de 10 ans minimum que nous laissons au repos un an sur deux. C’est l’arbre qui décide s’il garde sa sève pour ses propres besoins ou s’il nous la donne. Nous ne faisons qu’un seul trou par arbre que nous rebouchons avec un morceau de bois après chaque récolte, le matin et le soir. Nous contrôlons toujours la sève de manière visuelle et olfactive : elle doit être claire, limpide, et ne doit pas être fermentée. »

Le dosage de ses composants peut...

varier

La sève de bouleau est un produit naturel, donc sa composition est variable : selon les régions le dosage de ses éléments peut différer. Patricia Mingotaud a pu le remarquer après avoir fait analyser sa sève de bouleau, dont la quantité de glucides est bien inférieure à celle trouvée dans les analyses de sève de bouleau des Pyrénées publiées par l’herboriste Bernard Bertrand : 1,9 gramme par litre contre 3,18 grammes par litre. « La sève de ­bouleau limousine est donc adaptée aux personnes ­diabétiques, mais elle accompagne aussi la perte de poids, en facilitant la digestion et en désinfiltrant les tissus… Selon une étude britannique en toxicologie relayée par France Guillain, c’est aussi le meilleur antidote à l’aluminium du fait de sa richesse en silicium naturel. » À ce propos, le médecin ­généraliste spécialisé en plantes médicinales Jean-Christophe Charrié2 conseille de faire une cure de sève de bouleau au moment des vaccinations, et à chaque printemps, afin de drainer le foie et les reins et de détoxifier l’organisme : « Même si aucune biopsie ne montre que la sève de bouleau permet d’éliminer l’aluminium stocké dans les muscles, le bénéfice clinique rapporté par les patients prime sur la toxicologie. Les effets ­positifs de la sève de bouleau s’étendent dans bien des domaines, comme sur l’humeur, du fait de sa richesse en magnésium et en lithium. »

La sève de bouleau est une eau légèrement acide, au goût minéral et végétal, qui fermente avec le temps. Elle peut garder un goût relativement neutre et peut être bue toute l’année quand elle est pasteurisée. Encore un peu de patience et nous allons bientôt découvrir le cru 2020, je m’en réjouis à l’avance !

Recette de mère Nature

De la cure santé à la cure gourmande

La cure santé

Au printemps, prendre 15 cl de sève de bouleau fraîche tous les matins pendant trois semaines. La cure de sève de bouleau se fait dans l’idéal au printemps. Elle peut être renouvelée quatre fois par an, aux intersaisons si possible. On aura ensuite recours à de la sève pasteurisée.

Le pétillant à la sève de bouleau de Patricia

Dans trois litres de sève de bouleau, faire macérer un citron bio coupé, 330 grammes de sucre de canne et l’équivalent d’un tiers de verre à moutarde de vinaigre de cidre bio. Après dix jours, filtrer, et mettre en bouteille. Attendre minimum un mois avant de déguster bien frais.

Le kéfir à la sève de bouleau

À un litre de sève de bouleau fraîche, ajouter deux cuillères à café de sucre blond bio, trois figues bio coupées en morceaux, une poignée de myrtilles, un citron bio pressé et deux cuillères à café de grains de kéfir. Après quarante-huit heures de fermentation, bouteille ouverte, filtrer (sans contact avec du métal), et conserver quatre jours au frais avant de consommer.

Conservation : Tout contenant ouvert se conserve un mois au frais. La sève de bouleau pasteurisée se conserve à température ambiante une année.

Contre-indications : Demandez conseil à votre médecin en cas de problème de thyroïde ou de maladies auto-immunes. Sachez également que la sève de bouleau peut être utilisée pour aider l’élimination de calculs rénaux ou biliaires, mais avec le risque, selon la taille des calculs, de provoquer des crises de coliques néphrétiques. Elle est déconseillée aux femmes enceintes et aux personnes allergiques au bouleau et à l’acide salicylique.

Sève de bouleau

Sève et jus de bouleau, même combat ?

Paul Stéphane Bell, docteur en pharmacie et responsable formation chez Weleda, nous éclaire sur la fabrication du jus de bouleau : « Il est obtenu par décoction de jeunes feuilles d’arbres issues de la région de la Bohême en Europe du Nord et il est dépourvu de cellulose, car filtré. Il contient des polyphénols qui n’existent pas dans la sève. » Le docteur Jean-Christophe Charrié prescrit davantage de jus de bouleau que de sève, car on en trouve en magasin toute l’année. Il le recommande en cas d’infections urinaires : une cuillère à soupe par jour diluée dans un verre d’eau (ou dans du jus de pomme) en période à risque, et trois à quatre cuillères à soupe diluées de la même façon, réparties dans la journée en période de crises. « Mais cela marche aussi avec la sève de bouleau ! Les principes actifs de cette dernière ont été étudiés in vitro. Ils limitent le développement des bactéries E. coli et du staphylocoque doré. Par ailleurs, préférez la sève au jus de bouleau pour calmer les douleurs rhumatismales. C’est une aspirine naturelle aux propriétés antalgiques puissantes qui fluidifie le sang grâce aux salicylates. »

1.  www.lafermedefardissou.bio

2. Auteur de l’ouvrage Les clés de l’alimentation anti-cancer, éd. Terre vivante et coauteur de Plantes médicinales, éd. Lavoisier.

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