Dossier
Une sexualité plus épanouie (5/5)
Et si on essayait de renouveler l'alchimie de notre désir ? Prenons le temps de découvrir pourquoi il peut fluctuer et de remédier aux freins psychologiques et physiques qui nous bloquent parfois. Médecins, sexologues, phytothérapeutes nous transmettent ici des clés pour mettre notre sexualité au diapason de nos aspirations, tout en prenant soin de soi et de la relation à l'autre…
Cultiver son désir
Tant que le plaisir de vivre est là, on peut très bien être épanoui sans faire l’amour. Mais ce manque d’appétence sexuelle est parfois le symptôme d’une baisse générale de dynamisme. En Chine et en Inde, la libido n’est pas considérée comme une simple pulsion mais comme une puissante énergie vitale qui doit circuler pour que l’individu soit en bonne santé. Dans le yoga par exemple, elle correspond au deuxième chakra (svadhisthana ou chakra sacré) et se situe entre le pubis et le nombril : « C’est là que siègent la sexualité et la reproduction, mais aussi la vitalité et la création. Toutes les postures où on travaille le bassin et l’ouverture des hanches vont aider à débloquer cette énergie vitale, à la remonter pour son bien-être ou pour vivre une union sexuelle harmonieuse », enseigne Alexandra Joy, professeure de yoga. Stimuler la libido, avec ce que cela sous-entend de tonus, d’envie, d’ouverture, et ce même si l’on connaît des périodes sans relations sexuelles, implique de ne pas faire l’impasse sur son alimentation. La sexologue Annabelle Pongratz Muller-Vitu préconise de « miser beaucoup en prévention sur les antioxydants comme la vitamine C et l’eau de coco aux propriétés anti-âge, ou l’exotique grenade qui stimule la testostérone des deux sexes, ainsi que les pépins de courge pour une prostate en bonne santé ». Et elle rappelle que le premier organe sexuel à chouchouter… est le cerveau, qui entretient le désir via différentes hormones dont celle du plaisir, la sérotonine. Au moment des changements de saison, on boostera celle-ci avec un complément de L-5-hydroxytryptophane (5-HTP à base d’extraits de griffonia) ou en faisant du sport. Car l’activité sportive libère des hormones de sérotonine, endorphine et dopamine qui activent la production de testostérone des hommes et des femmes. D’ailleurs, selon une étude récente menée sur 2 000 personnes par l’association Sue Ryder Care, les sportifs réguliers ont une vie sexuelle plus fréquente, de meilleure qualité que les sédentaires… et une plus grande estime d’eux.
Pour entretenir le désir, il est donc essentiel d’agir tant sur notre énergie corporelle que sur la sphère psychoémotionnelle. À cet égard, les plantes aphrodisiaques s’avèrent de précieuses alliées, œuvrant en profondeur et sur la durée. « Elles ont l’avantage d’être multicibles et d’apporter des solutions personnalisées aux freins du désir physique tels que les déséquilibres hormonaux, circulatoires ou le vieillissement. Et en même temps, elles remontent la vitalité psychique », explique Jacques Labescat, médecin phytothérapeute et auteur (Les Plantes du plaisir). Ainsi l’infusion de racine de gentiane (à éviter en cas d’ulcère) en cure d’une semaine redonne du tonus sexuel, surtout si la dépression guette. Il conseille également la damiana en diffusion aromatique au moment propice (30 minutes maximum), mais aussi parce qu’elle sublime la féminité.
Deux aphrodisiaques plutôt féminins
La damiana jouit d’une réputation d’aphrodisiaque depuis longtemps. « Au Mexique, j’en ai toujours entendu parler comme de la plante qui va réchauffer l’intérieur et faire remonter l’appétit sexuel, plutôt chez la femme », explique Angelica Alcantara, créatrice de la gamme d’herboristerie pour les femmes Curanderas. Il est vrai que cette plante agit sur le système génital féminin (notamment les problèmes urinaires). « Parce qu’elle influe sur toute cette sphère, c’est une plante intéressante pour faire grandir le désir féminin », explique Angelica Alcantara. La plante indienne shatavari « va nourrir et lubrifier les muqueuses génitales de la femme. Elle crée donc les conditions du désir », poursuit la créatrice. Reste que les études sur les plantes dites aphrodisiaques considèrent surtout leurs effets sur la libido masculine, à savoir durée de l’érection, éjaculation… Effets qui ont d’ailleurs été démontrés pour la damiana lors d’une étude sur modèle animal.
L’extrait sec de ginseng en cure d’un mois minimum (contre-indiqué en cas de prise d’anticoagulants et d’hypertension) est un stimulant général, plutôt pour les hommes. Pas directement aphrodisiaque mais régulatrice des hormones féminines, on pense aussi à l’alchémille en extrait hydroalcoolique. Enfin, en gemmothérapie, le bourgeon de séquoia dynamise la libido des deux sexes lorsqu’on avance en âge (cure de vingt jours à répéter sur deux mois). Une fois que l’énergie interne repart, l’essentiel est plus de réapprivoiser sa sensualité que de se donner des objectifs. On se ménage des moments rien qu’à soi au cours desquels on renoue avec ses sensations : automassage des reins avec deux gouttes d’huiles essentielles euphorisantes d’ylang-ylang et de gingembre diluées dans une huile végétale d’abricot… ou exploration des vertus émoustillantes et bénéfiques de l’œuf de yoni.
Explorer sa féminité
En jade, quartz rose, opale, améthyste… les œufs de yoni sont destinés à stimuler le vagin de manière érotique ou à tonifier le périnée après un accouchement par exemple. En sanskrit, yoni signifie « le sexe sacré de la femme ».
À faire : Disponibles en trois formats (de 20 à 70 g), on les insère doucement dans son intimité à l’aide d’un lubrifiant. à chacune ensuite d’explorer ses sensations ou de faire des exercices de contraction et relâchement du périnée. Au début, mieux vaut choisir un œuf de taille moyenne, percé d’un fil, afin de pouvoir le ressortir facilement. Si on est fan de lithothérapie, on se renseignera sur les propriétés de chaque pierre pour en bénéficier. Contre-indiqué aux femmes porteuses de stérilet.
Une fois régénéré, on retisse le désir avec l’autre en douceur : « Les préliminaires commencent dès le matin, dans la manière de se regarder, de se dire bonjour », sourit Annabelle Pongratz Muller-Vitu. Ralentir, c’est aussi l’un des préceptes de Slow Sex, s’aimer en pleine conscience, d’Anne et Jean-François Descombes, qui invitent à « se laisser guider par ce que ressent notre corps plutôt que par ce que veut notre tête ».
Réapprendre à se caresser, à se regarder… On s’autorise à se détendre et à lâcher les objectifs ultimes de pénétration et d’orgasme pour prendre le temps de redécouvrir la géographie érotique de l’autre. Dans notre société allergique à la frustration, on oublie que le manque peut aussi être facteur de désir, surtout lorsque la routine s’installe. Alors osons des petites jachères sexuelles pour que la sève remonte ! Et lorsque l’ardeur est là, « on mange léger et digeste pour garder l’énergie de sa libido », souligne Marie-Antoinette Séjean, médecin nutritionniste et auteure des Délices coquins. Misez sur le cacao, le céleri (stimulant chez les hommes), l’avoine (dynamise les surrénales), ou les épices vasodilatatrices dans un thé coquin. Pour conclure, cuisinez le désir à votre rythme, à feu vif ou basse température, sans oublier au quotidien le pouvoir orgasmique de la douceur, de la tendresse et de l’humour…
Thé aux épices ou t’es coquin ?
Attisons la flamme avec une recette de thé érotique empruntée aux Délices coquins de Marie-Antoinette Séjean. échauffement des sens garanti avec le trio cannelle, girofle et gingembre… et la saveur surprise du poivre, dont la pipérine agit sur les centres encéphaliques et le plaisir sexuel.
Ingrédients : 2 c. à soupe de thé Darjeeling • 2 clous de girofle • 1 bâton de cannelle • 1 lamelle de gingembre frais • 5 grains de poivre noir • 1 c. à soupe de sucre roux.
Méthode :
- Verser dans une casserole ½ litre d’eau.
- Saupoudrer d’épices et de cassonade.
- Porter à ébullition 2 min.
- Laisser frémir à couvert 15 min. Puis infuser le thé selon la force désirée.
- À boire surtout sans modération !
Botanique érotique : un phallus titanesque !
L’arum titan (Amorphophallus titanum), également appelé « phallus de titan », possède l’une des inflorescences les plus grandes au monde, pouvant mesurer plus de 3 mètres de hauteur. Découverte sur l’île indonésienne de Sumatra en 1978, la plante est formée d’un grand épi (faisant écho au phallus) entouré d’une feuille géante. Peu fréquent dans la nature, ce végétal peut désormais être contemplé dans les jardins botaniques de Kew, en Angleterre, dans les serres du Jardin botanique national de Belgique ou encore au conservatoire botanique de Brest.