Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

La tête sur les épaules
avec le bacopa monnieri

bacopa monnieri

Bacopa monnieri ou brahmi est l’une des quelque 3 000 espèces végétales qui composent la pharmacopée ayurvédique. Cette plante indienne améliore les fonctions cognitives, notamment la capacité d’apprentissage, de concentration et de mémorisation, elle calme l’agitation, l’insomnie, l’anxiété chronique et les troubles mentaux. D’où son importance et le vif intérêt qu’elle suscite parmi les chercheurs en phytothérapie.  

Je dois vous le confesser, cela fait des années que j’entends parler de la médecine ayurvédique. Ces derniers temps encore plus. Chaque fois, je levais le sourcil, sceptique, comme si cette médecine impliquait que je fasse mien tout un tas de principes spirituels auxquels je n’étais décidément pas prêt à adhérer.

En somme, j’étais emmitouflé dans mes préjugés. Il était temps que je m’en défasse, et c’est Bacopa monnieri (aussi appelée brahmi), une des plantes les plus réputées de cette médecine, qui m’y a aidé.

La démocratisation de l’ayurvéda

La médecine ayurvédique, c’est-à-dire indienne, avec son équivalent chinois et la naturopathie, ont été reconnues comme les trois médecines traditionnelles majeures par la très officielle Organisation mondiale de la santé (OMS). Il n’y a donc rien de magique dans cette discipline, rien qui s’attache à une croyance particulière : elle est le résultat de millénaires de pratique.

Or si la médecine ayurvédique est en pleine expansion depuis le début du siècle, ce n’est pas dû à sa seule tradition, aussi riche qu’ancienne. C’est qu’elle ne vise pas que le retour à la santé, mais concilie forme et bien-être sur le long terme. D’autre part, le gouvernement indien n’est pas étranger à la diffusion de son patrimoine médicinal à l’international.

L’Inde mène une politique engagée, tant pour la protection de ses ressources végétales que pour l’exportation de ses remèdes précieux, comme on vous l’explique dans le numéro 166 de Plantes & Santé. Parmi les quelque 3000 espèces végétales de la pharmacopée indienne, la bacopa monnieri en est l’une des plantes les plus importantes et suscite aujourd’hui un vif intérêt parmi les chercheurs en phytothérapie.

On la trouve aussi de plus en plus facilement dans nos magasins, d’autant qu’elle a également la faculté de pousser sous nos longitudes. Pourtant, la popularité qui est la sienne ne relève pas que d’un effet de mode. Car elle est excellente pour toutes les facultés intellectuelles et se révèle efficace contre les affections de la vessie et des poumons.

Les rasayana, plantes reines de l’ayurvéda

La bacopa fait partie de la catégorie la plus estimée des plantes de la pharmacopée indienne, les plantes du rasayana, au même titre que la réglisse, l’Aloe vera et l’ashwagandha, parmi les plus connues. Cette plante rampante, pourvue d’une tige longue de 10 à 20 cm, se retrouve un peu partout en Inde dans les zones marécageuses et humides.

Rasa est assimilé aux métaux, et plus particulièrement au mercure. Le terme renvoie au dernier stade de la matière avant qu’elle ne devienne de l’or, en alchimie. La symbolique alchimique que revêtent ces plantes dans la tradition indienne est liée à leur réputation de prolonger la vie, et donc de tendre vers l’immortalité, ce qui est le sens spirituel de l’or alchimique.

Il ne faut toutefois pas confondre les plantes rasayana avec le rasa shastra, médecine indienne des métaux. Une controverse est née dans les années 1990 aux États-Unis sur la présence de métaux lourds dans certains remèdes ayurvédiques, les produits d’exportation étant moins rigoureux que les préparations locales. Il vaut donc mieux s’en tenir aux remèdes végétaux et privilégier les filières soucieuses de traçabilité et d’authenticité.

Les plantes rasayana s’inscrivent dans la tradition ayurvédique de revitalisation et de rajeunissement appelé « rasayana chikitsa ». Cette discipline spécifique de l’ayurvéda a pour objet la préservation et la promotion de la santé par le soutien au métabolisme. Les plantes rasayana ont souvent en commun des propriétés adaptogènes, immunomodulatrices et antioxydantes, notamment par une concentration importante en polysaccharides.

Le chirurgien de l’Inde ancienne Sushruta, à l’origine de certains des textes fondateurs de l’ayurvéda, définit la thérapie rasayana comme un moyen d’arrêter le vieillissement (Vayasthapam), d’augmenter l’espérance de vie (ayushkaram), l’intelligence (medha) et la force (bala), permettant de prévenir les maladies. On utilise couramment les plantes rasayana de manière combinée, pour des pathologies aussi diverses que l’athérosclérose, les maladies auto-immunes, le cancer, le diabète, les inflammations, la maladie de Parkinson ou l’arthrite rhumatoïde.

La plante du cerveau

La plante connue de nos jours sous le nom de brahmi, comme beaucoup de remèdes végétaux, a l’honneur de porter plusieurs noms. Le terme « brahmi » renvoie à ses vertus médicinales, puisque brahman signifie « conscience pure » en hindi. Bacopa monnieri est son nom scientifique, donné en l’honneur de Louis Guillaume Le Monnier, célèbre botaniste, médecin de Louis XV et de Louis XVI. Le nom français de cette plante est toutefois « hysope d’eau ».

Le brahmi possède la vertu d’améliorer les fonctions cognitives, notamment la capacité d’apprentissage, de concentration et de mémorisation à court et long terme. Comment ? En fortifiant la neurotransmission synaptique par une intensification de la production de sérotonine, ce qui accroît l’activité des cellules cérébrales.

Il est donc régulièrement prescrit pour pallier les troubles déficitaires de l’attention, les problèmes d’apprentissage et de comportement. De même, il est utilisé pour soigner des affections plus graves, telles que l’hyperactivité, mais aussi la maladie d’Alzheimer, l’agitation, l’insomnie, l’anxiété chronique et les troubles mentaux.

En outre, il donne des résultats satisfaisants contre l’asthénie, la dépression et l’apathie, et sert de sédatif doux. Il augmente également la résistance au stress et réduit l’épuisement nerveux.

Dans la tradition indienne, on le mélange avec de la graisse animale afin d’en faire une pommade, que l’on utilise contre l’hystérie et l’épilepsie. Cette pommade serait également efficace contre les troubles mentaux, la démence, la neurasthénie, mais aussi, selon la réputation des rasayana, contre l’aphonie et l’enrouement.

Des études probantes

Les résultats de quatre essais publiés en Inde indiquent que le brahmi (Bacopa monnieri) peut améliorer les facultés cognitives et la mémoire chez des écoliers en bonne santé, des personnes atteintes de dysfonction intellectuelle et des enfants souffrant de trouble de déficit dû à l’hyperactivité. Au cours de l’un de ces essais, on a donné du sirop de brahmi à trente-cinq sujets souffrant d’anxiété (un dosage équivalent à 12 g par jour de brahmi séché) sur une durée de quatre semaines. Les auteurs ont rapporté une atténuation significative du degré de l’anxiété et de fatigue mentale ainsi qu’une augmentation de la mémoire.

En 2001, des chercheurs australiens ont montré qu’au bout de douze semaines de traitement, l’extrait de brahmi (300 mg par jour) avait augmenté la vitesse de traitement de l’information, de même que la capacité d’apprentissage et la mémoire des patients traités, tout en atténuant leur anxiété. Dans un autre essai australien, les effets du brahmi ont été comparés à ceux d’un placebo chez 76 adultes de 40 à 65 ans. On a noté une amélioration très significative de leur mémoire. D’autres études, toujours en cours, semblent aussi montrer une diminution de la fréquence des crises épileptiques chez certains patients.

Selon le prix Nobel de médecine/physiologie 1998, Robert F. Furchott, Bacopa monnieri agit en accroissant la production de monoxyde d’azote (NO), un messager chimique d’une importance essentielle, car présent un peu partout dans l’organisme, à tel point qu’en 1992, le magazine américain Science a élu le NO, molécule de l’année. Dans des conditions de stress associées à la privation de sommeil, l’administration de brahmi permet de réduire les concentrations de glutamate et d’accroître celle de Gaba (acide gamma aminobutyrique) dans différentes zones cérébrales. Les niveaux d’anxiété seraient ainsi réduits d’environ 20 %, la fatigue mentale diminuée et les niveaux de sérotonine (le neuromédiateur du sommeil) accrus.

Vertus digestives et respiratoires

Le brahmi n’est pas seulement employé comme stimulant cérébral. Il fait aussi un remède efficace pour les systèmes digestif et respiratoire.

Ainsi, il est astringent pour la diarrhée et le syndrome du côlon irritable. Mais est aussi utilisé pour traiter les cystites et la vessie irritable. C’est un tonique rénal qui stimule l’expulsion des toxines, soulageant les douleurs articulaires. Enfin, il chélate les métaux lourds hors du corps.

D’autre part, il est utilisé en emplâtre de plantes bouillies, pour faire passer la bronchite et la toux. Son usage est tout à fait appréciable, tant contre le rhume que contre l’asthme.

Pour un traitement en douceur, rien n’est plus simple, en théorie, que de se concocter une infusion de brahmi (encore faut-il en dénicher) : il suffit de plonger deux poignées de plantes entières ou 5 à 10 g de plantes séchées dans un demi-litre d’eau, et d’en boire deux à trois tasses par jour. Cela fera un calmant de premier ordre, mais aussi un diurétique. Si vous voulez commencer une cure un peu plus soutenue, vous pouvez le trouver en gélules.

À noter que les effets de Bacopa monnieri ne se manifestent réellement qu’à partir de trois semaines. Il conviendra de faire une cure correspondant à cette période.

En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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