Plantes et Santé Le magazine de la santé par les plantes

Christine Blin-Chandrika :
« On peut adapter l’ayurvéda aux plantes occidentales »

Plantes - Bien être

Christine Blin-Chandrika pratique la médecine ayurvédique en utilisant des plantes européennes. L’ayurvéda peut, en effet, être associée à notre phytothérapie : cette spécialiste nous y invite en publiant un ouvrage, fruit de dix années de travail.

Plantes & Santé : Qu’est-ce qui caractérise fondamentalement l’ayurvéda ?
Christine Blin-Chandrika : À la différence de la médecine occidentale, l’ayurvéda s’occupe de la personne puis de la maladie selon sa constitution ayurvédique. De plus, le corps et l’esprit forment un tout et doivent être abordés ensemble en vue de la guérison. Pour le thérapeute ayurvédique, la maladie est l’expression d’un déséquilibre entre les trois doshas : Vata, Pitta et

Kapha, les trois énergies fondamentales qui sont en nous. Lorsqu’une personne ressent un trouble physique ou psychologique, elle doit d’abord identifier sa constitution, c’est-à-dire son dosha prédominant : s’il est en excès, il va falloir le pacifier.

Comment cela se concrétise-t-il au niveau des soins ?
Prenons l’exemple des massages, très importants en ayurvéda, car le praticien transmet ainsi de l’énergie, de la compassion et de la force vitale. On ne masse pas de la même façon selon le dosha de la personne… Pour une personne Vata chez laquelle le froid et le sec dominent, il faut de la douceur et de la chaleur : on la massera avec des huiles chaudes (sésame, olive, amande), et plutôt le soir, car elle a tendance à l’anxiété et aux insomnies. La personne Pitta, qui a toujours chaud, doit être massée à l’aide d’huiles fraîches comme celle de coco ou du ghee (beurre clarifié), de préférence l’après-midi, car son tempérament de leader fait qu’elle aura déjà beaucoup travaillé le matin et aura besoin qu’on l’apaise. Enfin, la personne de type Kapha, qui a tendance à la léthargie et la rétention d’eau, aura besoin d’être réveillée et stimulée, massée avec un peu d’huile de moutarde ou de noyaux d’abricot, ou de préférence à sec avec des poudres comme de la farine de pois chiches.

Comment identifier son dosha principal ? Peut-on le trouver soi-même ?
C’est difficile, car on n’est pas objectif ! Il est préférable de faire réaliser un bilan ayurvédique par un praticien. Celui-ci pourra orienter vers un régime alimentaire et une hygiène de vie adaptés à votre constitution ayurvédique. Les saisons sont également marquées par ces trois énergies fondamentales : en effet, on ne mange pas de la même façon au fil de l’année ! C’est aussi le cas des heures de la journée : le matin est Vata de 2 h à 6 h, car le mouvement se met en route, l’élimination se fait facilement, ainsi que l’après-midi de 14 à 18 h, où l’on retrouve le mouvement, période favorable au travail, à l’activité.

Pour adapter l’ayurvéda à l’Occident, vous employez des plantes appartenant à notre flore européenne. Pourquoi ?
L’ayurvéda recommande d’utiliser les plantes qui poussent dans notre environnement. La phytothérapie ayurvédique choisit les plantes en fonction de votre dosha prédominant et on peut parfaitement adapter cela à nos plantes européennes. Les plantes seront choisies en fonction de votre constitution. Prenons l’exemple d’un rhume, contre lequel on prendra des plantes expectorantes et sudorifiques : pour Vata, on prendra des plantes chaudes et douces telles que l’angélique, la cannelle, le gingembre frais ; pour Pitta, on choisira des plantes fraîches et amères telles que la bourrache, la violette, le safran ; pour Kapha, on préférera des plantes chaudes et piquantes avec des plantes amères telles que l’aunée, le poivre, le piment de Cayenne, le gingembre en poudre.

Peut-on aussi utiliser des huiles essentielles en ayurvéda ?
Elles sont traditionnellement employées dans le cadre de la marmathérapie. Les marmas sont 107 points d’énergie répartis sur le corps : on les masse principalement avec le pouce à l’aide d’huiles végétales et d’huiles essentielles ainsi qu’à l’aide de pâtes de plantes.

De plus en plus de plantes indiennes sont disponibles en France, telles que le curcuma, l’ashwagandha, le tulsi, etc. Sont-elles intéressantes pour nous ?
Oui, à condition qu’elles soient bio ! Mais le but de mon travail et de mon livre est de faciliter l’usage des plantes occidentales selon l’ayurvéda.

Certaines pratiques sont-elles difficiles à adapter à l’Occident ?
Même la pratique du panchakarma, la détoxication du corps et de l’esprit qui doit être pratiquée et suivie par un médecin ayurvédique, peut être adaptée : la saignée qui est l’une des cinq actions pourra être remplacée par des plantes purifiantes du sang telles que le pissenlit, la bardane, ou encore le curcuma en poudre pris de manière régulière.

Vous avez d’abord appris la phytothérapie et les massages ayurvédiques, avant de vous passionner pour cette médecine. Comment expliquez-vous ce déclic ?
Pour moi l’ayurvéda, qui signifie « connaissance » (veda) de la « vie » (ayur), n’est pas seulement une médecine holistique,

mais aussi un art qui s’accommode au quotidien avec les produits de la nature. Il fait de chaque personne un être unique. Le traitement ayurvédique demande des efforts : la personne doit changer ses mauvaises habitudes et vivre en accord avec sa constitution ayurvédique. Mais cela en vaut la peine, car le but de l’ayurvéda est de rétablir l’équilibre du corps pour supprimer la cause de la maladie.

Parcours

2005 Certifiée en psychologie de l’enfant par le Centre national privé de formation à distance (CNFDI).
2005 Thérapeute certifiée en reiki par François Villée.
2007 Certifiée niveaux 1 et 2 du Programme international de fleurs de Bach, le Jardin d’Iris.
2007 Certifiée en phytoaromathérapie par la Faculté libre de médecines naturelles et d’ethnomédecine de Jean-Pierre Willem.
2008 Certifiée en ayurvéda massages par Tapovan.
2009 Certifiée en marmas et techniques de panchakarma par Védicare.
2009 Certifiée en relaxation pré- et post-opératoire ayurvédique à la clinique Phénicia de Marseille.
2016 Publie Le Grand Livre de l’ayurvéda adapté à l’Occident, éd. Ecce, 2016.

Une journée au rythme de l’ayurvéda

L’ayurvéda repose sur des rendez-vous réguliers dans la journée. Il est conseillé de se lever tôt, entre 5 et 6 h, en commençant par s’étirer et se regarder dans la glace pour se dire « bonjour ». Puis s’ensuivent de nombreuses pratiques d’hygiène corporelle : gandouch (bain de bouche à l’huile de sésame), nettoyage des yeux et du nez, massage du corps rapide ou complet, etc. Après votre douche, une méditation et des respirations sont recommandées. Puis le petit déjeuner est différent en fonction du dosha – il est déconseillé si l’on est kapha. Le déjeuner a lieu autour de 12 h 30, heure pitta à laquelle le feu digestif est puissant. Le dîner est conseillé vers 19 h et peut être suivi d’une promenade, la pratique d’un art, un bain, un feu de cheminée ou du jardinage. Un coucher vers 21 h 30 - 22 h est recommandé.

Déterminer son dosha dominant

L’ayurvéda distingue trois grandes énergies vitales, les doshas. Ils sont liés aux éléments : vata est composé d’air et d’éther (il correspond au mouvement), pitta de feu et d’eau (métabolisme) et kapha de terre et d’eau (énergie de cohésion). Chez chacun de nous, une ou deux voire plus rarement trois de ces énergies dominent. Si un déséquilibre trop important s’installe, l’ayurvéda va le considérer comme la cause des maladies :

  • Vata est froid, léger, sec, mobile, irrégulier, dispersé, subtil. Ses mots clés sont : douceur, chaleur, humidité, lourd,régularité, stabilité. Il lui est conseillé une thérapie chaude, nourrissante, fortifiante.
  • Pitta est chaud, léger, humide, liquide, mobile, tranchant, pénétrant. Mots clés : fraîcheur, lourd, régularité, nourrissant, nettoyant, fortifiant. Thérapie conseillée : fraîche, nourrissante, apaisante.
  • Kapha est froid, lourd, humide, doux, lent, mou, statique. Mots clés : réchauffer, assécher, stimuler, réduire, alléger. Thérapie conseillée : chaude, légère, stimulante, asséchante, réductrice.
En aucun cas les informations et conseils proposés sur le site Plantes & Santé ne sont susceptibles de se substituer à une consultation ou un diagnostic formulé par un médecin ou un professionnel de santé, seuls en mesure d’évaluer adéquatement votre état de santé.
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